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Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Titel: Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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disparu, puis on apprend que dans sa chambre, par trois fois, Vatel s’est jeté contre son épée afin de mourir, parce que la marée n’était pas arrivée à temps pour le souper du roi.

     
    Louis s’éloigne. À tout instant, même au cœur de la fête, tapie dans la tête et le corps, la mort guette et frappe.
    C’est pour cela qu’il faut se hâter d’agir.
    Il exige que le mariage entre Monsieur et Liselotte la Palatine soit conclu au plus tôt, car c’est un élément de plus dans l’encerclement de cette Hollande qu’il faudra étrangler bientôt.
    Dès que le mariage est célébré, il se rend au château de Villers-Cotterêts, où les époux sont réunis.
    Il découvre cette Liselotte, pleine de vie, peut-être comme elle le dit elle-même « aussi carrée qu’un cube », ajoutant « j’ai toujours été laide, j’ai la bouche grande, les dents gâtées », mais elle est pleine d’esprit, l’œil vif, maîtrisant la langue française, alors que la reine ne la parle qu’en l’abâtardissant avec de l’espagnol. Et puis Liselotte danse bien.
    Il veut l’aider à « prendre l’air de France ». Il l’accueille au château de Saint-Germain, lui murmure en la conduisant vers la reine :
    — N’en ayez pas peur, Madame, elle aura plus de peur de vous que vous d’elle.
    Plus tard, durant les présentations des courtisans, il s’assied près de Liselotte et, d’un léger coup de coude, il lui indique qu’elle doit se lever lorsqu’un prince ou un duc entre dans la pièce.
    Il la voit chaque jour, durant une semaine de festivités qui fait se succéder chaque soir un nouveau ballet.
    Il l’observe. Cette jeune femme au lourd profil, aux joues et au nez grêlés lui plaît. Elle ne cherche pas, sans doute parce qu’elle ne le peut pas, à séduire par les armes de la beauté. Elle n’a que son intelligence, sa spontanéité, sa franchise. Il lui offre trois cassettes contenant trente mille pistoles, soit trois cent trente mille livres qui équivalent à la moitié des revenus annuels de l’impôt au Palatinat. Puis il lui accorde une rente annuelle de deux cent cinquante-deux mille livres.
    Elle s’incline devant lui dans une révérence un peu maladroite. Il veut parler avec elle. Elle doit déjà connaître la rumeur de l’empoisonnement d’Henriette, la première épouse de Monsieur.
    Il l’assure que Monsieur n’est en rien mêlé à cette affaire. Et que lui-même est trop honnête pour lui faire épouser son frère si ce dernier avait été capable d’un tel crime. Puis il conclut qu’il ne faut plus parler de tout cela, ni même y penser.
    Quant aux coupables, les mignons de Monsieur, le plus beau et le plus pervers, mais aussi le plus habile, le chevalier de Lorraine, vient de faire savoir que, s’il est rappelé d’exil, il se mettra au service du roi, ce qui veut dire qu’il surveillera Monsieur, dont parfois Louis craint quelque désir d’indépendance. Or cela ne se peut. Ce frère doit être soumis. Et le chevalier de Lorraine peut être un allié.
     
    Louis reçoit son frère. Le mariage ne l’a point changé. Il est toujours vêtu avec la fantaisie d’une femme, et il oscille sur ses chaussures hautes comme des échasses. Il est poudré, les lèvres peintes, du rouge sur ses joues et des pierreries constellant son habit de soie.
    Il pleurniche. Il évoque le sort de ce malheureux, le chevalier de Lorraine, toujours en exil.
    — Mais y songez-vous encore à ce chevalier de Lorraine ? demande Louis. Vous en souciez-vous ? Aimeriez-vous bien quelqu’un qui vous le rendrait ?
    Monsieur balbutie.
    — Ce serait le plus sensible plaisir que je puisse recevoir en ma vie, dit-il.
    Le roi se penche.
    — Eh bien, je veux vous faire ce présent ! Il y a deux jours que le courrier est parti. Il reviendra, je vous le redonne et veux que vous m’ayez toute votre vie cette obligation, et que vous l’aimiez pour l’amour de moi. Je fais plus, car je le fais maréchal de camp de mon armée.
    Philippe se jette aux pieds du roi, lui embrasse les genoux, lui baise la main, remercie la voix entrecoupée de sanglots.
    Louis lui touche l’épaule.
    — Mon frère, dit-il, ce n’est pas ainsi que des frères se doivent embrasser.
    Philippe se redresse. Louis lui donne l’accolade.
    Il est le maître.

43.
     
    Louis est assis sur un trône doré placé au centre d’une estrade dressée dans le plus grand des salons du Louvre.
    Philippe d’Orléans et

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