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Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Titel: Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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Duquesne et du comte d’Estrées. Les seules batailles qui comptent sont celles auxquelles participe le roi.
    Et il veut que partout dans le royaume les cloches des Te Deum célèbrent les victoires du roi. Il faut que les tableaux, les tapisseries, les gravures, les libelles rendent hommage au roi, qu’on le montre, entouré des chefs de ses armées, commandant le passage par l’armée de ce bras du Rhin, au gué de Tolhuys.
    Il faut qu’on chante :
    Nous avons traversé le Rhin
    Avec M. de Turenne.
    Il faut que l’Académie de sculpture et de peinture fasse de cet épisode glorieux le sujet de ses concours.
    Louis a l’impression d’être le créateur d’une immense mise en scène, qui lui rappelle les moments où, avec Lully, les comédiens de Molière, les danseurs, les peintres, il préparait une grande fête à Versailles ou à Saint-Germain.
    Mais la vraie représentation royale, ce sont la guerre et la victoire.
    Il est satisfait de lire un poème de Boileau qui célèbre le passage du Rhin :
    Ils marchent droit au fleuve où Louis en personne
    Déjà prêt à passer, instruit, dispose, ordonne
    Par son ordre Gramont, le premier dans les flots
    S’avance soutenu des regards du héros
    Son coursier écumant sous son maître intrépide
    Nage tout orgueilleux de la main qui le guide…
    Il renvoie avec mépris ces échevins qui viennent piteusement lui remettre les clés d’Arnheim, de Nimègue et d’Utrecht.
    Il entre dans cette ville, et il veut qu’on y célèbre un Te Deum après y avoir purifié l’église des relents d’hérésie. On brûle la chaire et les bancs. Un évêque nommé par le pape arrive et les prêtres et les moines qui l’accompagnent peuvent enfin dire la messe.
    C’est le Roi Très Chrétien qui triomphe d’un pays hérétique, mécréant jusque dans son principe politique.
    Le roi de France venge tous les rois.
     
    Il va quitter Utrecht, en ce mois de juillet 1672.
    Il a le sentiment que la guerre est gagnée, qu’elle va se terminer dans quelques semaines.
    Impatient déjà de rejoindre la Cour et Mme de Montespan, il écoute distraitement Turenne, Luxembourg, Condé, les espions qui lui rapportent que, à Muyden, les Hollandais ont ouvert les écluses du Zuyderzee, qu’Amsterdam, la grande ville de deux cent cinquante mille habitants, la plus riche, est devenue une sorte d’île autour de laquelle croisent les navires hollandais.
    Et le grand pensionnaire Jean de Witt et son frère Cornelis, accusés de trahison, ont été massacrés par la foule, leurs membres dispersés dans une furie populaire. Guillaume d’Orange a été désigné stathouder, capitaine général et amiral général à vie de la République. En outre, Frédéric-Guillaume de Hohenzollern, électeur de Brandebourg, s’est allié aux Provinces-Unies, et plusieurs milliers de soldats allemands sont entrés dans le pays.
    Louis dévisage les chefs de ses armées : cela peut-il changer le sort de la guerre ?
    Tous se récrient. Le maréchal de Luxembourg s’avance, dit qu’il se fait fort de remporter la victoire avant l’hiver.
    Louis l’exige. Puis, en hâte, il rejoint Versailles et se rend au château de Genitoy où, depuis quelques semaines, vivent, surveillés par Françoise d’Aubigné, veuve Scarron, les enfants de ses amours avec Athénaïs de Montespan.
    Et c’est elle qu’il va retrouver avec l’avidité d’un vainqueur. C’est à son bras qu’il traverse les salons du château de Saint-Germain. Les courtisans le louent pour sa victoire. On récite des vers de Pierre Corneille, « À la gloire de Louis le Grand Conquérant de la Hollande ».
    Il est heureux.
    Mais avec l’automne et l’hiver, l’inquiétude le gagne.
    Au Conseil-d’en-Haut il devine l’hostilité qui oppose les Le Tellier – le père et son fils Louvois – au contrôleur général des Finances Colbert, qui soutient son frère Charles Colbert, marquis de Croissy, qui pourrait entrer au Conseil pour remplacer le secrétaire d’État aux Affaires étrangères.
    Louis écoute les uns et les autres. Il se nourrit de la controverse, mais il veut simplement que ces rivalités n’entravent pas l’exercice du pouvoir. Ou bien qu’elles ne donnent pas naissance à des rumeurs.
    N’a-t-on pas prétendu que l’ancien secrétaire d’État Hugues de Lionne avait été empoisonné ?
    Il interroge Louvois puis Colbert sur la situation en Hollande.
    Il apprend que les soldats du maréchal de Luxembourg

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