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Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Titel: Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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de choisir, conclut Louis.
    Il ne quitte pas Philippe d’Orléans des yeux. Le jeune homme paraît perdu, il se tourne vers son père. Mais Monsieur ne dit mot.
    — Votre Majesté est le maître de mon destin, dit-il enfin, et je m’en remettrai au consentement de mes parents.
    — Cela est bien à vous, mais dès que vous y consentez et vous le faites, et j’en suis fort aise, votre père et votre mère ne s’y opposeront pas.
    Louis se tourne vers Monsieur.
    — N’est-il pas vrai, mon frère ?
    Monsieur opine, avec des mots confus, presque inaudibles.
    — Il n’est donc plus question que de Madame, ajoute Louis.
    Il n’imagine même pas que la princesse Palatine puisse ne pas céder. Les femmes, fussent-elles reines, doivent se soumettre. Et il n’a que trop attendu, laissant la Palatine écrire, se confier, proclamer partout et à tous qu’elle n’accepterait jamais que son fils épousât Mlle de Blois, et sa fille le duc du Maine.
    Il ne l’a pas fait taire. Il lui a même concédé qu’il n’exigerait pas l’union du duc du Maine et de la fille d’Élisabeth Charlotte. Mais, aujourd’hui même, il veut obtenir l’accord de la Palatine pour le mariage du duc de Chartres et de Mlle de Blois.
    Ce n’est pas pour satisfaire les ambitions d’Athénaïs de Montespan. Voilà longtemps qu’il lui a retiré l’éducation de Mlle de Blois. Et quand Athénaïs l’a menacé de quitter la Cour, de se retirer au couvent des filles de Saint-Joseph, manière pour elle de faire pression sur le roi, il a accepté aussitôt, exigeant qu’elle abandonne son appartement au château, qu’il a attribué au duc du Maine.
    Et celui-ci a jeté par les fenêtres les meubles de sa mère tant il avait hâte d’emménager !
    Mais c’est ainsi qu’il faut parfois se conduire avec les femmes. Et il lui est arrivé de rabrouer Mme de Maintenon, qui pourtant se tient en retrait quand les ministres viennent exposer leurs projets, et prend bien garde d’intervenir.
    Il n’en va pas de même avec la Palatine, cette Allemande qui se sert de sa plume comme d’une épée, et de ses phrases comme d’un poison.
     
    Le roi la fait entrer à huit heures ce 9 janvier 1692 dans son cabinet.
    Elle a l’air courroucée et accablée, hésitant entre la fureur et le désespoir.
    — Monsieur et son fils, dit-il d’une voix qu’il veut calme, presque douce, sont d’accord pour le mariage du duc de Chartres avec Mlle de Blois, j’attends votre avis.
    Élisabeth Charlotte s’incline, recule d’un pas.
    — Quand Votre Majesté et Monsieur me parlez en maîtres, comme vous faites, je ne peux qu’obéir, dit-elle.
    Et aussitôt, elle esquisse une révérence et quitte le cabinet.
    Il l’imagine, comme une lionne à qui l’on arrache ses petits, se répandant dans les galeries du château, montrant à tous sa colère, son dépit et son désespoir.
    Il ne s’est pas trompé. Elle se comporte ainsi au souper du roi, ne regardant pas son fils pourtant assis à côté d’elle, ne pouvant étouffer les sanglots qui la secouent.
    Il est sensible à la sincérité de cette femme, qui ne sait rien dissimuler.
    Il lui vient à l’esprit cette épitaphe que Charles Perrault a composée pour Louvois. On l’a dite et redite à la Cour, mais qui l’a vraiment entendue ?
    Charles Perrault a écrit :
    Louvois plus haut que lui ne voyait que son maître
    Dans le sein des grandeurs des biens et des plaisirs
    Un trait fatal et prompt borne enfin ses désirs
    Et ne lui laisse pas le temps de se connaître !
    Hélas, aux grands emplois, à quoi sert de courir ?
    Pour veiller sur soi-même, heureux qui s’en délivre !
    Qui n’a pas le temps de bien vivre
    Trouve malaisément le temps de bien mourir.
    Il a compris cela, mais il a des devoirs de roi.
    Il doit penser à l’avenir de la famille royale, et il doit la réunir, imposer donc ce mariage au fils de la Palatine.
    Il veut lui marquer qu’il l’estime, et mesure sa peine.
    Il lui fait, à la fin du souper, une longue et basse révérence. Mais lorsqu’il se redresse, elle lui a déjà tourné le dos, et elle a fait un pas vers la porte.
    Il veut oublier cette impertinence.
    Un roi doit aussi être magnanime, surtout quand il obtient ce qu’il veut. Et les fiançailles et le mariage se préparent, même si la Palatine ne cesse de rechigner. Elle a giflé le duc de Chartres à toute volée. Et son fils, qui a affronté le canon à Mons, n’a pu retenir ses larmes,

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