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Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Titel: Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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elle n’est pas en charge d’un royaume qui doit faire la guerre et qui doit vaincre.
    Louis ordonne de célébrer un Te Deum à Notre-Dame, de frapper une médaille, qui représentera Heidelberg détruite par le feu : Rex dixit et factum .
    Et il proclame qu’il veut « rendre grâces à Dieu et lui demander qu’il Lui plaise, pour mettre le comble à Ses faveurs, de donner à mes peuples une paix solide, que je regarde comme le prix glorieux de mes pénibles entreprises ».
     
    Car il est déjà las de la guerre.
    Il lui semble que si elle continue d’apporter beaucoup de gloire, elle ne donne plus de grands avantages.
    Et puis il y a ce corps de moins en moins agile, ces chevauchées de plus en plus douloureuses, cette pluie aussi qui ne cesse pas, cette grisaille qui enveloppe tout, s’infiltre dans les chairs et corrompt les os. Et Mme de Maintenon, qui soupire quand elle découvre la rusticité, l’inconfort de ces maisons de Flandre où elle doit attendre le roi.
    Surtout, il est devenu, depuis la mort de Louvois, celui dont tout dépend, qui décide, et dont les ministres attendent les ordres. Il n’y a plus personne entre lui et eux. Plus de Colbert, plus de Louvois.
    Il a le sentiment que l’intérêt de l’État lui commande de retourner à Versailles, de quitter l’armée.
    Il le dit au maréchal de Luxembourg aussitôt après avoir appris la chute et la destruction de Heidelberg, et il est surpris par le désarroi que manifeste le maréchal, qui s’agenouille devant lui, qui lui dit que toute l’armée sera saisie de surprise et de désespoir, que le départ du roi intervient au moment où il suffirait d’attaquer Guillaume III pour le vaincre.
    — Sire, vous ne pouvez pas faire cela et quitter l’armée maintenant, répète le maréchal de Luxembourg, toujours à genoux.
    Un roi ne cède pas.
    Il relève Luxembourg, le charge d’attaquer les troupes de Guillaume III et de le vaincre.
     
    Le jour même, il part pour Versailles et près de lui Mme de Maintenon répète ce qu’il a dit : « C’est l’intérêt de l’État, Sire. »
    Il reste songeur : c’est un moment important de son règne.
    Il sait qu’il ne commandera plus jamais aux armées sur le champ de bataille, que d’autres – Monseigneur le dauphin, le duc de Chartres – auront la gloire des armes, comme il l’a eue jadis.
    Il reçoit, à la fin du mois de juillet, les dépêches du maréchal de Luxembourg annonçant la victoire de Neerwinden.
    « Vos ennemis ont fait des merveilles, écrit Luxembourg, vos troupes encore mieux. Pour moi, Sire, je n’ai d’autre mérite que d’avoir exécuté vos ordres. Vous m’aviez dit d’attaquer une ville et de livrer bataille, j’ai pris l’une et j’ai gagné l’autre. »
    Les victoires se succèdent : Villeroy prend Huy en Flandre, puis plus tard Charleroi. Les Anglais qui attaquent Saint-Malo, lançant contre la ville un navire transformé en brûlot, en machine infernale, sont repoussés. Et il apprend qu’à Neerwinden le duc de Chartres s’est montré d’une bravoure extrême, menant sous le feu des canons, à cinq reprises, la cavalerie à l’assaut.
    Il est fier de celui qui est à la fois son neveu et son gendre, l’époux de Mlle de Blois.
    « On chante vos louanges partout, lui écrit-il, et je sens une grande joie de la justice qu’on vous rend. Continuez avec application à vous instruire mais ne hasardez pas toujours, ce que vous avez fait en cette rencontre. »
    Il doit mettre en garde le duc de Chartres, ou ses fils, Monseigneur le dauphin, le duc du Maine ou le comte de Toulouse. Ils ont la fougue de la jeunesse. Peut-être Maine est-il le plus timoré, mais les autres semblent ne pas se soucier de la mort.
    Or elle est là, aux aguets, il le sait.
     
    Il est entré une nouvelle fois dans l’une de ces chambres que l’on a plongée dans la pénombre, dont on a tiré les rideaux et laissé seulement, au pied du lit, deux grands candélabres, pour à peine éclairer le visage de l’agonisante.
    C’est cette fois la Grande Mademoiselle.
    Il a conduit la famille royale dans ce palais du Luxembourg où, en ce début du mois d’avril 1693 froid et pluvieux, la Grande Mademoiselle, qui jadis, au temps de la Fronde, avait fait tirer le canon de la Bastille contre les troupes royales, se meurt.
    Il se souvient que cette cousine avait rêvé d’épouser Monsieur, puis qu’elle avait été emportée par sa passion pour le duc de

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