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Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Titel: Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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lentement. Les valets qui l’entourent écartent durement la foule, qui parfois reflue et bouscule les valets.
    Mais même ce désordre le satisfait.
    Jamais la grande galerie de Versailles ne lui a paru si resplendissante.
    Et le samedi 14 décembre, il y a autant de presse, une lumière encore plus vive, pour le second bal qu’il a décidé d’y donner.
    Et le mardi 17, toute la Cour assiste à Trianon à la première représentation d’un opéra, Apollon et Issé , signé André Destouches.
    Il lui semble que cette pastorale n’est pas inférieure aux pièces que composait Lully.
     
    Qui osera dire, en cette fin d’année 1697, que Louis le Quatorzième n’est pas Louis le Grand, le Roi-Soleil ?
     

19.
     
     
    Il fait lentement le tour de la vaste pièce.
    Il s’arrête devant l’un des quatre grands miroirs qui se renvoient les images des trois lustres en bronze doré, des tables en marbre, des bronzes, de la pendule et de plusieurs chandeliers à plusieurs branches, des girandoles, placés sur des guéridons veinés d’or et d’ivoire.
    Il se voit par ce jeu de miroirs sur toutes les faces.
    Il lui suffit d’un regard à droite ou à gauche pour découvrir ses bajoues, les rides qui cernent sa bouche, ce nez de plus en plus aquilin, ce cou gonflé et ce ventre proéminent. Il voit même son dos voûté, et il imagine les replis de peau sous les boucles de sa perruque.
    Il lui semble qu’il n’est plus ce roi altier, dominant de la tête et souvent des épaules tous ceux qui l’entouraient.
    Le temps l’a tassé.
    Il a soixante ans en cette année 1698.
     
    Les serviteurs entrent, portant sur des plateaux dorés les carafes de vin et d’eau de source glacée, des pots de café et de thé, ces boissons qu’il a découvertes il y a peu et qu’il apprécie, malgré les remarques toujours critiques de la Palatine.
    Elle n’aime, lui a-t-elle dit, ni le café, ni le thé, ni ce chocolat dont on fait grand cas à la Cour.
    « Au thé je trouve un goût de foin et de paille pourrie, au café un goût de suie et de lupin, le chocolat je le trouve trop doux. Que Votre Majesté me pardonne, ça m’est toujours un nouveau sujet d’étonnement que tant de gens aiment le café ; il a pourtant un goût horriblement désagréable. Je lui trouve une odeur d’haleine corrompue. Le défunt archevêque de Paris sentait comme ça. Qu’on me donne une bonne soupe à la bière…»
    Il se penche sur les plateaux que les valets ont déposés sur les tables. Il a faim, comme à vingt ans.
    Il commence à arracher des morceaux de viande de ces rôtis de veau de Gand, là il y a des chapons de Bruges, des perdrix rouges, des gélinottes des bois, des ortolans.
    Puis, rassasié, il sort de la pièce, traverse une antichambre. Les officiers s’y pressent. Dans une grande salle voisine, on a dressé une estrade sur laquelle se trouve le fauteuil royal, placé au-dessous d’un dais, que surplombe son portrait.
    Il salue les dames de la Cour qui debout sur l’estrade entourent le fauteuil. Il entend les tambours qui commencent à battre, rejoints par les trompettes. Et il imagine dans la brume de cette chaude journée les régiments qui se mettent en marche.
    Il a voulu cette parade de soixante mille hommes dans la plaine non loin de Compiègne.
    Il salue les ambassadeurs de toutes les puissances, les princes du sang, Monseigneur le dauphin et le duc de Bourgogne. Il a vu parmi les dames Marie-Adélaïde de Savoie son épouse. Plus loin se tient le roi Jacques II d’Angleterre.
    Il faut montrer à tous les souverains que le royaume de France après la paix de Ryswick n’est pas une nation exsangue, à l’armée épuisée, aux caisses vides.
    Et c’est pour que, dans leurs dépêches, les ambassadeurs racontent à leurs princes et à leurs rois ce qu’ils ont vu, qu’il a exigé du maréchal de Boufflers que cette parade, ces manœuvres pour l’instruction militaire du duc de Bourgogne étonnent par le spectacle grandiose qu’elles offrent.
     
    Pour loger la Cour et les ambassadeurs, on a construit des maisons de bois, dressé d’immenses tentes dont l’intérieur est recouvert de toiles en satin blanc des Indes sur lesquelles les peintres ont composé des tableaux des batailles victorieuses.
    Et, dominant toutes ces constructions, on a élevé la maison du roi, blanc et rouge comme si elle avait été construite en marbre et en briques alors qu’elle n’est qu’en bois peint.
    Et le ballet des

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