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Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Titel: Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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financiers se dérobent. Alors il faut fondre les monnaies pour en fabriquer d’autres, moins titrées en argent et en or, et valant cependant davantage.
    Louis tend le bras, montre la soupière en or.
    Il va, dit-il, comme il l’a déjà fait quand, il y a une quinzaine d’années, le royaume connaissait la famine, faire porter sa vaisselle d’argent et d’or à la Monnaie, afin qu’on la fonde. Et il compte que ceux qui ont le souci du royaume feront de même.
    Il connaît les courtisans. Ils l’imiteront pour lui plaire.
    Le duc de Beauvillier et le duc de Chevreuse promettent déjà de suivre l’exemple de Sa Majesté.
    Mais il ne s’illusionne pas. Tous les princes et tous les ducs, tous les courtisans apporteraient-ils leur vaisselle d’or et d’argent à la Monnaie que cela ne suffirait pas à sauver le royaume, à rendre la confiance aux sujets qui se rebellent.
    Il lit les rapports des intendants.
    Dans le Bourbonnais, l’intendant a été assailli par plus de huit cents paysans et n’a dû son salut qu’à la fuite.
    Des bandes de mendiants, de soldats déserteurs, de paysans attaquent les châteaux et les couvents, pour piller les réserves de grain qu’ils imaginent y trouver.
    Le carrosse de M. le dauphin a été arrêté à Paris par des femmes enragées. Et il n’a pu se sauver qu’en leur jetant des poignées de pièces.
    Le royaume va-t-il sombrer dans le désordre et la révolte ?
    Les protestants du Vivarais ont pris les armes.
    Il faut, alors que la menace que font peser sur les frontières les armées du prince Eugène de Savoie et du duc de Marlborough n’a jamais été aussi forte, envoyer des troupes pour réduire ces camisards qui ne se soucient pas de l’intérêt du royaume.
     
    Louis est inquiet.
    La nuit il ne trouve pas le sommeil, réveillé à chaque instant par des cauchemars qui le replongent dans ce temps des troubles, la Fronde, quand il devait avec la reine et le cardinal Mazarin fuir, et que les libelles haineux se répandaient dans Paris.
    Ils sont à nouveau affichés sur les murs de la capitale, vendus, distribués, certains de leurs passages chantés.
    Il interroge le lieutenant de police d’Argenson, qui assure que de « pareilles insultes ne méritent que du mépris ».
    Mais il veut connaître ces textes, ce Pater, qu’on récite et qu’il peut enfin lire, chaque mot comme un défi :
    Notre père qui êtes à Marly
    Votre nom n’est plus glorieux
    Votre volonté n’est faite
    Ni sur la terre ni sur la mer
    Rendez-nous aujourd’hui notre pain
    Parce que nous, nous mourons de faim
    Pardonnez à vos ennemis qui vous ont abattu
    Mais ne pardonnez pas à vos généraux
    Et ne nous induisez pas en tentation de changer de maître
    Mais délivrez-nous de la Maintenon,
    Amen.
    Il est blessé.
    Il sait combien Mme de Maintenon se dévoue, donnant chaque jour aux pauvres, s’efforçant de les accueillir pour les arracher au froid et à la faim, s’obligeant à manger du pain d’avoine pour partager leur misère.
    Et lui-même n’a pour seul souci que la gloire du royaume qui se confond avec la sienne.
    Ceux qui écrivent et diffusent ces libelles – peut-être des huguenots, au service de Heinsius, du prince Eugène ou du duc de Marlborough – ignorent sa volonté de protéger et de sauver le royaume. Et il sait bien qu’il ne peut y parvenir que si la guerre cesse, et pour cela il faut négocier avec l’ennemi.
     
    Nuits d’insomnies. Journées douloureuses.
    Il faut décider d’envoyer des émissaires à La Haye, et c’est une humiliation. Alors il a l’impression que même son corps se révolte contre ce choix nécessaire, et que les souffrances qu’il endure sont le prix à payer pour sa décision.
    Le ventre est le lieu de ses tourments.
    Il mange pour les apaiser. Il se vide plusieurs fois par nuit et à toute heure du jour. Et la faim vient, comme une angoisse qu’il faut étouffer en s’empiffrant de poissons et de poulets rôtis, de pâtés en croûte, de pois, de fruits, d’eau glacée et d’eau de cannelle.
    On le purge. On le saigne. Il est vingt-deux fois en une journée assis sur sa chaise percée.
    Mais quand le ventre et le ver qui s’y love s’apaisent, c’est dans les reins une douleur d’enfer qui le traverse.
    Uriner est un supplice. Puis, quand le « calcul » gros comme un grain de sable est passé, c’est la goutte qui le paralyse. Il grelotte. Il tousse, enveloppé dans une peau d’ours.
    Il tient ainsi

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