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Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Titel: Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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et même l’évêché de Toul, et à l’empereur Strasbourg tout fortifié.
    « Le roi donnerait au duc de Savoie le Dauphiné et la Provence.
    Torcy reste un long moment silencieux, puis conclut :
    — Le prince Eugène a ajouté qu’il s’agissait là de belles propositions, qu’il fallait accepter. Les alliés, a répété le prince, donnent à la France tout ce qu’ils lui laissent, puisqu’ils sont les maîtres de tout lui ôter.
    Louis se tait. Il sent, il comprend ce que signifient ces exigences.
    Eugène de Savoie, le duc de Marlborough et le stathouder Heinsius ne veulent pas la paix, mais l’humiliation de Louis le Grand et la soumission du royaume de France.
    Croient-ils que les sujets de ce royaume respecteraient un roi reniant son petit-fils, roi d’Espagne ?
    Ce qu’ils veulent, donc, c’est sa mort comme grand souverain et son rejet par son peuple.
     
    Il se lève.
    Il va jusqu’à la fenêtre du grand cabinet. Il contemple les statues et les jardins, les bassins, les fontaines, les cours et les bâtiments, tout ce qu’il a fait surgir d’une nature hostile, aujourd’hui ordonnée et soumise.
    Il se tourne vers Jean-Baptiste Colbert de Torcy.
    Il dit :
    — Puisqu’il faut faire la guerre, j’aime mieux la faire à mes ennemis qu’à mes enfants.
    Il faut qu’il explique cela à tous les sujets de son royaume.
     

34.
     
     
    Il pose le texte que vient de lui remettre Torcy devant lui.
    Il écarte du bout des doigts les feuillets les uns des autres, comme s’il voulait pouvoir d’un seul regard lire toutes les phrases de cet appel qu’il adresse aux gouverneurs et aux évêques de toutes les provinces du royaume.
    Il veut, dit-il à Torcy, que les évêques fassent des mandements avec les principaux passages de l’appel.
    Il veut que les curés, tous les curés de France – il hausse la voix, il répète –, tous les curés de France dans toutes les paroisses de France, lisent ces mandements après la grand-messe.
    Il rassemble les feuillets qu’il a dictés à Torcy.
    Il veut, ajoute-t-il, que les gouverneurs fassent distribuer l’appel et le collent en placards aux carrefours des rues de toutes les villes du royaume.
    — Mes sujets, dit-il, sauront les raisons de leur roi.
    Il veut relire cet appel, même s’il a l’impression d’en connaître chaque mot. Ils ont jailli de lui comme s’ils avaient été retenus et qu’enfin, le barrage levé, libérés, ils formaient ce grand fleuve des phrases qui allait irriguer tout le royaume.
    Il commence par un murmure, pour lui-même, puis il enfle la voix, lit :
    « L’espérance d’une paix prochaine était si généralement répandue dans mon royaume que je crois devoir à la fidélité que mes peuples m’ont témoignée pendant le cours de mon règne la consolation de les informer des raisons qui empêchent encore qu’ils ne jouissent du repos que j’avais dessein de leur procurer.
    « J’avais accepté pour le rétablir des conclusions bien opposées à la sûreté de mes provinces frontières ; mais plus j’ai témoigné de facilité et d’envie de dissiper les ombrages que mes ennemis affectent de conserver de ma puissance et de mes desseins, plus ils ont multiplié leurs prétentions…»
    Il s’interrompt, parcourt des yeux les lignes suivantes, s’indigne à nouveau en les relisant des prétentions de ces alliés, de ce marché de dupes et de ce contrat de mort qu’on lui propose.
    Il devrait démanteler, raser ses places fortes, abandonner celles des Pays-Bas et de l’Alsace.
    Et tout cela pour une suspension d’armes, laissant aux puissances ennemies le choix de reprendre les hostilités s’ils jugeaient que Philippe V tardait à abandonner le trône d’Espagne !
    Il est si révolté de ce piège dans lequel on l’invite à entrer qu’il reprend la lecture, d’une voix forte :
    « Je passe sous silence les insinuations qu’ils m’ont faites de joindre mes forces à celles de la Ligue et de contraindre le roi, mon petit-fils, à descendre du trône. […]
    « Il est contre l’humanité de croire qu’ils aient seulement eu la pensée de m’engager à former avec eux une pareille alliance.
    « Mais quoique ma tendresse pour mes peuples ne soit pas moins vive que celle que j’ai pour mes propres enfants, quoique je partage tous les maux que la guerre fait souffrir à des sujets aussi fidèles, et que j’aie fait voir à toute l’Europe que je désirais sincèrement de les

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