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Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Titel: Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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gouvernement résolus par Monseigneur le duc de Bourgogne .
    Il éprouve non pas de l’indignation devant l’impatience de ces hommes qui trépignent et ont hâte qu’il meure, mais du mépris.
    Ne savent-ils pas que personne n’est maître de l’avenir ? Et imaginent-ils qu’il ne gouvernera pas jusqu’à l’extrémité de sa vie ? Sa peine ne peut entamer sa détermination.
     
    Il écrit à son petit-fils, Philippe V, roi d’Espagne, et chaque mot qu’il trace lui arrache des larmes et l’apaise.
    « J’ai perdu mon fils, dit-il, et vous perdez en lui un père qui vous aimait aussi tendrement que je l’aimais lui-même.
    « Il méritait toute mon amitié pour son attachement pour moi, par son attention continuelle à me plaire, et je le regardais comme un ami à qui je pouvais ouvrir mon cœur et donner toute ma confiance.
    « Quoique je trouve une sorte de soulagement à vous faire part d’une affliction aussi juste que la mienne et que vous ne ressentirez pas moins vivement que moi, ce n’est cependant que de Dieu que je puisse espérer les secours nécessaires pour la supporter constamment.
    « Je le prie aussi de consoler Votre Majesté et, si l’assurance de mon amitié peut y contribuer, croyez que j’ai pour vous la même tendresse et que le seul plaisir que je puisse goûter est de retrouver aussi, de votre part, les mêmes sentiments que mon fils, votre père, m’a témoignés pendant le cours de sa vie. »
    Il reste longtemps comme écrasé par cette peine, que seul Dieu en effet peut consoler.
    Mais la mort oblige à tourner les pages.
    Il s’adresse de plus en plus souvent, dans les Conseils, au duc de Bourgogne, le nouveau dauphin.
    Il présente ce petit-fils aux députés de l’assemblée du clergé, rassemblés à Marly.
    Son devoir de roi est de tout mettre en œuvre pour que son successeur dispose de tous les appuis, et celui de l’Église est le plus important.
    Il dit :
    — Voilà un prince qui me succédera bientôt et qui, par sa vertu et sa piété, rendra l’Église encore plus florissante et le royaume plus heureux.
    Il ne peut cependant arracher cette sourde inquiétude qui s’accroche à lui.
    Tout meurt.
    Il se rend auprès de Mme la Palatine qui vient d’apprendre que sa fille la duchesse de Lorraine a perdu sa fille aînée, victime de la petite vérole, que ses autres enfants sont malades de la rougeole, et que les médecins sont persuadés qu’ils vont mourir. Et c’est fait quelques jours plus tard.
    Il faut à nouveau tenter de la consoler, cependant qu’elle répète :
    — Ma pauvre fille a déjà perdu huit enfants.
    Que répondre à cela sinon que Dieu dans son mystère accueille auprès de lui les défunts ?
    Mais où ira la fille mort-née dont la duchesse de Berry vient d’accoucher à Fontainebleau ?
    Il craint que désormais le grand voile du deuil ne se soit étendu sur tout le royaume, et qu’il ne se soulèvera plus jusqu’à ce que vienne sa propre mort.
     
    Il se rend à Marly et y séjourne de plus en plus longuement.
    Tous les autres châteaux, Saint-Germain, Versailles, Saint-Cloud, Meudon, ont été visités par la mort. Marly seul a jusqu’à maintenant été épargné.
    Il soupe ce samedi 25 avril 1711, en compagnie de quelques courtisans. La mort et la tristesse rôdent. Personne ne parle. Il se retire pour aller se coucher quand Torcy se présente, s’approche, lit à voix basse une brève missive qu’un courrier vient d’apporter. Louis regarde les courtisans.
    La mort change toujours la donne.
    Il dit :
    — L’empereur est mort.
    Il devine aux murmures, au frémissement de l’assistance que chacun a compris que cette disparition de l’empereur germanique Joseph I er bouleverse la situation en Europe.
    Son successeur ne peut être que l’archiduc Charles qui se prétend Charles III, et va devenir aussi Charles VI, empereur du Saint Empire romain germanique.
    Comment les Anglais, les Hollandais, les autres souverains d’Europe accepteraient-ils que ce Charles VI reconstitue l’empire de Charles Quint ?
    Pour Londres et La Haye, Philippe V de Bourbon est moins inquiétant que Charles VI, empereur germanique et roi d’Espagne.
    Peu importe que Marlborough lance son attaque, s’empare de la ville forte de Bouchain.
    C’est la paix qui va sortir de cette nouvelle situation.
    Il n’éprouve aucune joie.
    Elle vient si tard, cette paix, elle a été accompagnée d’un si long hiver de morts, de

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