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L'ultime prophétie

L'ultime prophétie

Titel: L'ultime prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rachel Lee
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faiblesses et des mêmes défauts que tous
les hommes. Il avait cru bien faire autrefois par orgueil et se trouvait aujourd'hui
au milieu du résultat de ses décisions malheureuses. Comment pouvait-il être
sûr de bien faire maintenant ?
    L'angoisse du passé et de ce qui était à venir le submergea.
Il s'effondra en avant, insensible à l'enfoncement du fourreau de son épée dans
son flanc, jusqu'à toucher ses genoux avec sa tête.
    Il avait reçu beautés et privilèges à sa naissance et tout
ce qu'il avait réussi à faire, c'était créer un mal éternel.
    La mort était trop douce pour lui.
     
    30.
     
    Tess se trouvait quelque part au-delà du temps, en un lieu
qui ne ressemblait à rien de connu. Au-dessus de sa tête régnait l'obscurité,
sans qu'une seule étoile illuminât le néant. A ses pieds, une plaine lisse,
incolore, qui s'étendait à l'infini dans toutes les directions. Le fait qu'elle
pût y voir en dépit de l'absence de lumière la surprit.
    Le bel homme avait depuis longtemps disparu. Il n'avait pas
obtenu ce qu'il avait voulu d'elle. Elle ignorait ce que c'était ni même
comment elle en était sûre mais elle supposait qu'on l'avait exilée en ce lieu
dénué de toute vie, où rien ne bougeait. Une prison.
    Pendant une éternité, elle demeura immobile, sans penser.
Son esprit semblait aussi nu que la plaine à ses pieds, aussi vide que le ciel
au-dessus d'elle.
    Aucun souvenir, aucun désir, aucun besoin ne vint la
perturber. Comme si elle n'existait pas.
    Cette pensée l'effraya et avec la peur vinrent des premières
bribes de souvenirs. Qui elle était. Qui elle avait été. Où elle cherchait à
aller.
    Elle ne souvenait pas de grand-chose. Les souvenirs
voletaient dans son esprit tels des papillons de nuit, apparaissant puis disparaissant
aussitôt. Elle se concentra de toutes ses forces afin d'en capturer ne
serait-ce qu'un seul, certaine que si elle pouvait retenir une partie d'elle-même,
le reste suivrait.
    Une voix lui parvint, comme jaillie du plus profond de son
être. Elle connaissait cette voix. Elle savait que le propriétaire de cette
voix avait besoin d'elle.
    Fermant les yeux afin de ne plus voir la prison qui la
retenait, elle se concentra sur cette voix angoissée et un visage apparut dans
son esprit.
    Annuvil !
    Elle ouvrit brusquement les yeux et cette fois, elle sut
exactement où elle se trouvait. Des informations la submergèrent et elle sentit
que ses forces lui revenaient.
     
    Le vent faisait rage autour de lui, froid et mordant, et la
neige fondue glaçait le moindre centimètre de peau à nu. Perdu, seul, toujours
si seul, Archer luttait contre ses propres doutes, son sentiment de
culpabilité, sa détresse, car bien qu'il méritât plus que tout autre de mourir,
malgré tous ses échecs, d'autres dépendaient de lui à présent.
    Puis, à peine audible à cause du hurlement du vent, une voix
féminine se fit entendre. Il sursauta, se retourna et vit Tess, vêtue de sa
tenue blanche habituelle, une cape de la même couleur flottant autour de ses
épaules.
    —   Le passé n'est pas une prison, dit-elle. C'est une carte
et une étoile qui doit nous guider vers une voie nouvelle.
    Le soulagement qui l'envahit en la voyant fut tel que le
vent parut s'éloigner de lui — hélas, seulement l'espace d'un instant. Il
absorba ensuite ses paroles, lesquelles firent pénétrer une immense chaleur
dans son cœur accablé depuis si longtemps.
    —   Ma dame, dit-il d'une voix rauque. Les dieux soient
remerciés, vous êtes revenue.
    —   Juste à temps, dirait-on.
    Elle s'approcha de lui puis se pencha afin de toucher son
épaule.
    —   Du sein de mes maigres souvenirs a jailli un dicton. Les
seules erreurs sont celles dont on ne tire pas de leçons. Vous avez appris. Je
le sais. Et vous ne répéterez pas les erreurs du passé.
    —   Je croyais bien faire alors.
    —   Je sais.
    Elle leva la main et écarta quelques mèches de cheveux noirs
de son visage.
    —   Seigneur Annuvil, vous étiez jeune alors. Beaucoup plus
jeune. A peine adulte aux yeux de votre peuple immortel. Les jeunes gens sont
enclins à commettre des erreurs et à faire preuve d'arrogance. Quand je vous
regarde aujourd'hui, je ne vois plus la moindre arrogance. Vous n'êtes plus le
même homme. N'en doutez point.
    Il était toujours à genoux sur le sol et rien n'aurait pu
l'empêcher de faire ce qu'il s'apprêtait à faire. Il se redressa, prit sa main
dans les siennes et la

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