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L'ultime prophétie

L'ultime prophétie

Titel: L'ultime prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rachel Lee
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célébrèrent
l'événement en grande pompe car ils considéraient être enfin sur un pied
d'égalité avec Samarand.
    Il soupira.
    —   Etrange idée, en réalité, car tous venaient à l'origine
de Samarand, et beaucoup y conservaient une demeure.
    Il ferma les yeux, se rappelant ce jour où des pétales de
rose jonchaient la route séparant les deux villes et embaumaient l'air tandis
que les habitants des deux cités fêtaient sans réserve les couronnements
d'Ardred et le sien.
    A l'époque, Annuvil avait considéré qu'il s'agissait plutôt
d'un prétexte afin d'organiser des festivités que d'une occasion solennelle.
Son père, le Roi, avait réussi à régner sans autre aide que celle de son
conseil pendant de nombreuses années. Aucun de ses fils n'avait besoin d'une
couronne et les deux cités ne nécessitaient pas de régent propre.
    Mais il ne s'y était pas opposé car telle était la volonté
de son père. En outre, il était bien trop occupé à se languir de Thériel et à
se demander si elle regarderait un jour dans sa direction.
    Alors que le chemin devenait plus escarpé et qu'il
s'approchait de Dederand, il lui sembla que ce jour-là, cette décision du Roi
avait marqué le début de la fin pour les Samari.
    Sans doute Ardred avait-il toujours eu soif de pouvoir — à
moins qu'il n'y eût pris goût en régnant sur Dederand. Quoi qu'il en fût, le
couronnement avait déclenché de grandes transformations en lui.
    —   J'aurais dû le voir, dit-il à une Tess inconsciente. J'aurais
dû voir qu'Ardred avait des problèmes plutôt que de ne le considérer que comme
une source d'ennuis. J'aurais dû d'une façon ou d'une autre modifier le cours
des choses. Au lieu de quoi, je n'ai rien vu. Quand j'ai enfin ouvert les yeux,
il était trop tard pour arrêter quoi que ce soit. Je ne puis blâmer nul autre
que moi.
    Comment n'avait-il pas vu les changements qui s'opéraient
chez son frère ? Même un homme amoureux de la femme la plus séduisante qui eût
jamais existé aurait dû voir plus loin que le bout de son nez.
    Oui, son aveuglement avait été délibéré. Il n'avait pas
voulu se laisser distraire de son amour pour Thériel.
    Son égoïsme avait contribué aux drames qui avaient suivi.
Son cœur se serrait chaque fois qu'il y songeait. Il avait trahi tout le monde,
son frère, sa bien-aimée Thériel et son peuple.
    Par pur égoïsme.
    —   Je regrette tant, dit-il aux fantômes qui assaillaient
sa mémoire et ses pensées. Je suis tellement, tellement désolé.
    Il ne devait pas échouer cette fois. Il devait sauver ces
gens qui avaient remplacé les Premiers Nés, les protéger contre un mal dont ils
n'avaient pas la plus petite idée. Alors même qu'ils contemplaient la plaine de
Dederand et la mer de Verre, il doutait qu'ils prissent la mesure du mal qui
s'était déchaîné ici jadis. Et qui pourrait se déchaîner encore aujourd'hui.
    —   Il fait si noir.
    Il sursauta au son de la voix de Tess et baissa les yeux
vers elle. Elle dormait toujours. Il se glissa au bas de sa monture afin de marcher
près d'elle. Faisant fi des regards d'autrui, il lui prit la main.
    —   Nous approchons de Dederand, lui dit-il.
    —   Si noir, murmura-t-elle. Tout est si obscur ici.
    —   Oui-da.
    —   Si noir, répéta-t-elle comme si elle ne l'entendait pas.
La cicatrice... la cicatrice... L'obscurité est plus épaisse ici que la réalité
elle-même. Qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce que c'est ?
    Puis elle se tut et un petit soupir lui échappa. Sa main
était restée sans vie dans celle d'Archer tout ce temps.
    Il déglutit péniblement et s'obligea à contenir ses
sentiments au plus profond de son cœur, ce qui était la seule solution pour
lui. Si jamais il les laissait le gouverner, il ne voulait pas penser à ce
qu'il serait capable de faire.
    « Plus épaisse que la réalité. » Il rumina les paroles de
Tess et eut une révélation soudaine. L'obscurité est plus épaisse ici que la
réalité elle-même.
    Il regarda autour de lui, remarquant une nouvelle fois les
rochers pointus et les traces calcinées qui subsistaient par endroits.
    —   Cilla ? appela-t-il.
    —   Oui-da, mon seigneur ?
    Elle se tenait parmi ses sœurs et le rejoignit d'un pas
rapide. Ilduin, elle n'en était pas moins soldat et portait un carquois de flèches
et un arc sur les épaules, ainsi qu'une dague à la ceinture.
    —   Cilla, Tess parle dans son sommeil. Elle a parlé d'une
obscurité plus

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