Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'ultime prophétie

L'ultime prophétie

Titel: L'ultime prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rachel Lee
Vom Netzwerk:
ignorassent ce qui passait —
voire méconnussent leurs talents.
    Bien que le terrain aux abords de la plaine ne fût guère
confortable mais rocheux et inégal, les soldats parurent soulagés de ne pas
avoir encore à se hasarder sur l'étendue noire. Ils allumèrent des feux avec
les broussailles qu'ils trouvèrent et cuisinèrent rapidement un repas.
    Le froid de l'hiver, qui semblait moins rigoureux ces
derniers jours, redevenait plus vif. Ardred, se dit Archer, savait qu'ils
étaient là. Le froid et la neige qui avaient tué tant de gens à Derda étaient
sur le point de s'abattre sur cette armée.
    La température chuta en effet brutalement et les soldats,
aguerris, s'en accommodèrent au mieux. Ils se mirent à l'abri du vent, renforcèrent
les feux et s'entourèrent de leurs chevaux quand ils en avaient, de mules de
bât, et de tous les vêtements et couvertures qu'ils possédaient.
    Ils s'installèrent en cercles concentriques autour de chaque
feu et ceux qui se trouvaient à l'extérieur échangeaient leur place avec les
autres assez souvent pour empêcher le froid de les envahir.
    Les Anari, qui n'avaient jamais connu pareil froid jusque
très récemment, furent ravis des conseils des Bozandari qui se trouvaient parmi
les Loups des Neiges. Bientôt, tous, blancs et noirs, se rassemblèrent pour se
réchauffer. La distance qu'ils avaient maintenue entre eux à cause des rancœurs
passées s'évanouit devant cette absolue nécessité de survie.
    Un sourire narquois se dessina sur les lèvres d'Archer quand
il fit ce constat.
    — Ainsi, mon cher frère, murmura-t-il, tu t'imaginais que
ton hiver nous diviserait ? Tu ne croyais certainement pas qu'il rapprocherait
de vieux ennemis.
    Mais le froid ne suffit pas à la cruauté d'Ardred. Non. Dès
la tombée de la nuit, la neige commença à tomber, d'abord doucement, puis de
plus en plus furieusement. Les flocons se transformèrent en grêlons qui s'abattirent
avec un bruit sec sur le sol et le vent se renforça, se frayant un chemin
jusque dans les abris que les soldats avaient trouvés ou construits. Les
rafales soufflèrent sur les flammes comme pour les éteindre.
    Ignorant les morsures du blizzard, son manteau flottant
derrière lui puis autour de lui comme pour le faire prisonnier, Archer marchait
dans la plaine. Seul.
    Il n'alla pas très loin car le sol de verre était traître et
ses vaguelettes aussi aiguisées que des lames de rasoir. Cependant, ici, la neige
ne tenait pas. Quelle qu'en fût la raison, les flocons fondaient dès qu'ils
touchaient le sol alors que derrière lui, au campement, la couche de neige
s'épaississait à vue d'œil.
    Toutes ces années, toutes les fois où il était venu ici afin
de ruminer ses souvenirs, il n'avait jamais vu la moindre vie sur le plateau,
pas même de la neige. Ce soir, les choses étaient différentes. Les grêlons
fondaient rapidement sur la plaine et l'eau qu'ils laissaient disparaissait en
un instant.
    Il aurait voulu faire de même. S'allonger ici et se fondre
dans ce verre noir qui lui rappelait si cruellement son passé honteux.
    Mais l'heure était désormais venue. L'heure qu'il avait
désirée et redoutée en même temps depuis le saccage de cette plaine. L'heure de
son jugement. Celle du jugement d'Ardred. Il devait affronter le frère qu'il
n'avait jamais revu depuis le début des guerres des Premiers Nés. Il ne faisait
pas le moindre doute dans son esprit que seul l'un deux pouvait survivre à
cette rencontre.
    Son cœur s'emplit de chagrin et d'angoisse à cette
perspective, non parce qu'il se souciait de vivre ou de mourir mais parce que
deux frères ne devraient pas en arriver à cette extrémité. S'ils n'en étaient
pas arrivés là jadis, des milliers de gens ne seraient pas morts, Thériel
serait en vie et ce plateau n'aurait pas été dévasté de la sorte afin de
rappeler à tous le prix de l'arrogance et du mal.
    Il tomba à genoux, ignorant la dureté du verre qui piquait
ses hauts-de-chausses en cuir, et laissa les larmes couler sur son visage, se
moquant de les voir geler sur ses joues. Il avait abandonné son frère et son
peuple et en toute honnêteté, il ne savait pas s'il se rachèterait aujourd'hui.
    Le vent se fit plus vif mais il ne s'en soucia aucunement.
Oui, il ne savait pas s'il avait assez mûri ou changé pour éviter de tomber de
nouveau dans les mêmes errements. Il avait été condamné à l'immortalité mais il
avait été également accablé des mêmes

Weitere Kostenlose Bücher