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L'ultime prophétie

L'ultime prophétie

Titel: L'ultime prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rachel Lee
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Aide-moi à comprendre qui je suis, mère !
    L'expression d'Ialla se radoucit. Elle caressa les cheveux
d'Ezinha comme elle l'avait si souvent fait lorsqu'il était enfant.
    —   Très bien. Tu n'apprécieras pas mes réponses.
    —   Je n'apprécie déjà pas la tournure de tout ceci.
    —   Alors, écoute-moi. Je n'avais que vingt ans à peine
quand j'ai été emmenée par des marchands d'esclaves. Ces gens sont méprisables
et leur rôle l'est plus encore. Leur seul but est de s'enrichir. A l'époque de
ma capture, le frère de Mihabi avait deux ans et j'étais enceinte. Ils m'ont
enlevée à mon époux. J'ignore ce qu'il est devenu. Je crains qu'il n'ait été
tué.
    Ezinha se retint de prononcer les paroles de compassion qui
lui vinrent instinctivement.
    —   Le jour où j'ai été vendue, ton père recherchait une
nourrice car tu allais bientôt naître. Mon fils aîné était la preuve que je
faisais l'affaire et il nous a donc achetés. Je ne comprends toujours pas pourquoi
ton père s'est donné la peine d'acquérir un enfant si jeune et si inutile, ni
pourquoi il m'a permis de le garder près de moi. J'ai appris depuis qu'une fois
que le premier-né d'une nourrice a prouvé qu'elle est capable de produire assez
de lait, il est tué. Mais, aussi dur qu'il ait été, ton père ne l'a pas fait.
Sans doute pensait-il que je serais plus gentille avec toi s'il ne commettait
pas un tel crime.
    Ezinha baissa la tête.
    —   Mais moi, je te l'ai arraché d'une autre manière.
    —   Tu as fait ce que font les propriétaires d'esclaves. On
m'a dit que mon fils vit toujours, bien que ce soit dans une maison où il est
battu s'il fait la plus petite erreur. Je soupçonne qu'il a déjà rejoint les
rebelles. Peut-être est-ce pour cette raison que Mihabi est parti.
    Ezinha la dévisagea.
    —   Et toi, Ialla ? Les rejoindras-tu ?
    —   Non. Qui s'occuperait de toi et de tes enfants ?
    Cette remarque lui fit l'effet d'une gifle. Il savait
qu'elle disait vrai. Sa famille et lui dépendaient de leurs esclaves. Les Anari
étaient omniprésents dans leur vie, bien qu'ils ne remarquassent que rarement
leur présence. Mais leur absence créerait un vide immense. Rien ou presque ne
pouvait fonctionner sans eux.
    —   C'est une leçon d'humilité pour moi, dit-il.
     —  C'est la revanche que prennent les esclaves : se rendre
indispensables.
    Ezinha resta silencieux un long moment ; les conclusions de
son examen de conscience étaient loin d'être flatteuses. Il avait fermé les
yeux sur ses fautes pour une seule raison : il était plus facile de ne pas y
penser.
    —   Je ne suis pas un homme bon, dit-il enfin. Tu m'as
répondu avec sincérité.
    —   Mais tu n'es pas entièrement mauvais, dit Ialla.
    Elle tendit la main afin de prendre l'assiette qu'il avait à
peine touchée mais avant qu'elle eût pu le faire, il avait saisi doucement son
poignet. Il sortit son couteau de sa ceinture et traça une entaille sur sa
marque d'esclave.
    —   Tu es libre, Ialla.
    Elle regarda son bras puis Ezinha.
    —   Veux-tu que je m'en aille ?
    Il secoua la tête, luttant pour retenir ses larmes.
    —   Non. La décision t'appartient de partir ou de rester.
Comme cela aurait dû être depuis le début.
    Elle se redressa, oubliant l'assiette pour prendre une
serviette afin de panser sa blessure. Elle l'embrassa ensuite sur le front.
    —   Je resterai, mon fils. Je crains que tu n'aies besoin
d'une mère à tes côtés dans les jours à venir.
     
    Près d'Anahar, un faucon prenait son envol dans le ciel
matinal. Les armées atteignirent l'entrée du défilé où elles s'étaient battues
l'une contre l'autre si férocement quelques semaines auparavant et les colonnes
furent parcourues d'un haut-le-cœur. Le souvenir du massacre, des tueries
atroces et des mutilations était encore frais dans les mémoires de ces soldats,
hommes et femmes.
    La tension était palpable dans l'air. Pas un soldat, pas un
officier qui ne fût en proie à un désir de vengeance en cet instant. Tous
avaient vu leurs camarades tomber sur ce champ de bataille et nul n'aurait pu
nier, en toute honnêteté, qu'il voulait se retourner contre ses anciens ennemis
et les faire payer.
    Les trois Ilduins sentirent les premières l'atmosphère
sombre qui régnait parmi les troupes et leur violence à peine larvée. Elle se
hâtèrent d'en parler aux commandants.
    —   Soyons vigilants, dit Tess. Un incident peut éclater à
tout

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