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L'ultime prophétie

L'ultime prophétie

Titel: L'ultime prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rachel Lee
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Kelano dans ses bras. Je craignais que ce jour n'arrivât jamais.
    —   Un bien terrible destin, dit Kelano. Un destin que les
dieux nous ont épargné. Comment va mère ?
    —   Bien, répondit Mihabi, bien qu'elle soit restée dans la
maison d'Ezinha. Je ne lui ai pas dit que je partais.
    Kelano hocha la tête.
    —   Nous devons l'en faire sortir. Ezinha la tuera. De
nombreux autres maîtres ont déjà exterminé les familles de ceux qui se sont
enfuis. Comme s'ils pouvaient briser notre volonté en versant le sang de nos
mères, de nos fils et de nos frères.
    Mihabi réfléchit à cette éventualité. Il avait entendu
parler des représailles de certains Bozandari mais bizarrement, il n'avait pas
envisagé cette possibilité en décidant de partir. Ezinha ne tuerait sûrement
pas la femme qui l'avait élevé ! Et pourtant, il avait bien vendu Kelano, non ?
    —   Tu as des doutes, dit celui-ci, paraissant lire dans ses
pensées. Ne doute pas du mal dont sont capables les maîtres d'esclaves, mon
frère. Tu as pu jouer avec Ezinha quand tu étais enfant mais il n'est pas
meilleur que ses compatriotes. Il nous faut agir, et vite.
    —   Je ne peux croire qu'Ezinha tuerait mère, repartit
Mihabi, imaginant le bras de son ancien maître s'abattre et une lame plonger
dans la gorge de sa mère. Cette image lui semblait irréelle. Non, il ne
pourrait pas la tuer.
    —   Il le pourrait et le fera, insista Kelano. Il est le
fils de son père et son père était un homme cruel. Cruel envers sa femme et ses
enfants. Pourquoi son fils ne ferait-il pas preuve de la même cruauté vis-à-vis
d'une simple esclave ?
    Mihabi se rappela l'avertissement sévère d'Ezinha. S'il
revenait, il serait traité comme un voleur. Même si Ezinha l'avait libéré, la
dureté de son regard était indéniable à ce moment-là. Sa mère était peut-être
déjà morte et son corps, jeté par la porte des quartiers des esclaves, gisait
sur le sol afin de servir d'avertissement brutal à ceux qui envisageaient de
fuir.
    Kelano soutint le regard de Mihabi, lequel finit par céder.
    —   Tu sais que j'ai raison, dit Kelano. Viens vite, mon
frère. Tu connais la maison et les jardins d'Ezinha mieux que quiconque. Nous
devons réunir des hommes et monter un plan.
     
    Tess avait observé l'avancée des troupes avec tristesse et
avec espoir. Chaque compagnie, anari et bozandari, avait salué son étendard en
passant devant elle. Mais la colère demeurait sous-jacente à la tombée de la
nuit, alors que les troupes dressaient le camp au nord de la vallée. Plusieurs
bagarres avaient éclaté, la plus importante à cause d'un groupe d'Anari qui
avait voulu faire demi-tour afin de prier sur les tombes des disparus — les
Bozandari n'ayant aucune envie de se retrouver encerclés par des Anari dans
cette vallée de la mort. Les officiers avaient rapidement rétabli le calme mais
la rupture paraissait néanmoins imminente.
    Cilla était venue voir Tess avec le commencement d'une idée,
sans savoir comment la mettre à exécution. Tess se dirigeait à présent vers la
tente de Ratha, se demandant si son pouvoir de persuasion suffirait.
    —   Entrez, dit Ratha lorsqu'elle annonça sa présence.
    —   Bonjour, mon ami, dit-elle.
    Ratha rangea rapidement dans son paquetage les cartes et les
documents qui jonchaient le banc qui lui servait à la fois de lit et de table
et l'invita à s'asseoir. Il s'installa à ses côtés. La fatigue de la journée se
lisait dans ses yeux noirs.
    —   Que puis-je faire pour Dame Tess ?
     Le caractère formel de sa question indiquait clairement
qu'il se doutait de la raison de sa visite. Elle choisit d'être directe.
    —   Des bagarres éclatent dans le camp.
    —   Oui, je sais. Je ne peux pas dire que cela me surprend.
Ces hommes se sont entretués dans cette même vallée il y a quelques semaines
seulement. De tels souvenirs laissent une marque profonde dans les esprits, ma
dame.
    —   Les Anari comme les Bozandari comptent sur Archer et sur
moi pour rétablir la paix entre eux.
    —   Je ne vous envie pas cette tâche. Ma raison me dit que
nous devons marcher ensemble ou risquer de perdre face à l'Ennemi. Je crois que
nos deux peuples le comprennent également. Mais ici — Ratha montra sa poitrine
— dans nos cœurs, certaines blessures sont encore béantes. Et le fossé qui
sépare notre raison et nos sentiments est d'autant plus grand que nous sommes
aujourd'hui en rang de

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