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Ma mère la terre - Mon père le ciel

Ma mère la terre - Mon père le ciel

Titel: Ma mère la terre - Mon père le ciel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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cette pensée. Pourquoi entretenir des doutes? Pourquoi renforcer la cause des Petits Hommes avec ses questions ?
    Cinq ulas étaient dressés sur une des extrémités élevées de la plage, à un endroit où les vagues ne pouvaient les atteindre, mais un homme assis sur le toit d'un ulaq surveillait la mer.
    Un petit groupe de femmes se trouvant sur la plage avaient couru vers l'ulaq central quand
    Kayugh et les autres commencèrent à tirer leurs ikyan sur le rivage.
    — L'ulaq central appartient à mon grand-père, Nombreuses Baleines, dit Chagak... s'il est toujours en vie.
    — Y a-t-il longtemps que tu n'es pas venue? demanda Coquille Bleue.
    — Je ne suis jamais venue ici, répondit Chagak. Mais ma mère parlait souvent de ce village et mon père y venait tous les étés.
    Kayugh s'approcha de leur ik et Chagak laissa tomber sa pagaie au fond de l'embarcation et retroussa son suk pour descendre.
    — Reste là, dit Kayugh, tu dois t'occuper des enfants, je vais te tirer.
    Mais Chagak sauta dans l'eau glacée en serrant les dents pour les empêcher de claquer. Elle saisit le bord de l'ik et tira avec l'aide de Kayugh.
    — Il faut que je voie mon grand-père la première, plaida-t-elle. Il a dû entendre parler de l'extermination de mon village. Il me croit peut-être morte. Il se peut qu'il refuse de me croire et n'écoute pas notre plan pour protéger le village.
    Kayugh haussa les épaules, mais Chagak vit qu'il était irrité. Était-il aussi important qu'il tire son embarcation à terre et garde son suk au sec ? Mais quelque chose au fond d'elle-même lui fit regretter de ne pas avoir agi comme il le souhaitait. Et quand ils eurent amené l'ik à terre, elle redressa son suk, essuya l'eau au bas de l'ourlet et ajusta le collier de griffes d'ours autour de son cou.
    En regardant ce collier elle voulut dire à Kayugh combien elle le trouvait beau, mais, quand elle releva la tête, il avait disparu pour aller aider Longues Dents et Oiseau Gris à tirer leurs ikyan sur la plage.
    « Du moins les Chasseurs de Baleines pense-ront que tu as un mari, chuchota la loutre de mer. Quelle femme non mariée aurait un aussi beau collier? »
    Mais ces paroles ne lui apportèrent aucun réconfort. Pour la première fois, Chagak pensa qu'elle allait se trouver au milieu de beaucoup d'hommes, la petite-fille non mariée de leur chef. Un frisson de crainte la secoua.
    « Qu'y aurait-il de mal à épouser un homme de la tribu de ta mère? » demanda la loutre.
    « Je ne veux pas d'un mari. »
    « Qu'y aurait-il de mal à avoir Kayugh pour mari ? » insista la loutre.
    A haute voix, Chagak répondit :
    — Ne me parle pas de mari.
    Puis elle se retourna et vit Nez Crochu derrière elle. Chagak rougit, mais Nez Crochu se contenta de sourire :
    — Shuganan nous appelle, dit-elle, et elle désigna les autres groupes à côté des ikyan.
    Quelques Chasseurs de Baleines conversaient avec eux. Chagak reconnut l'un d'eux appelé Roc Dur. Il n'était pas beaucoup plus âgé qu'elle et se montrait fort et volontaire. C'était un bon chasseur. Il était venu plusieurs fois chez son peuple en compagnie de son grand-père.
    — Roc Dur, appela Chagak, ignorant les regards étonnés de Longues Dents et d'Oiseau Gris.
    Mais qui connaissait ces gens? Eux ou elle? Devait-elle attendre sans donner signe de vie? N'était-elle pas la petite-fille de leur chef et ne devait-elle pas être la première à recevoir leurs salutations ?
    — Je suis Chagak, dit-elle.
    Roc Dur se retourna en même temps que les autres. Il saisit son amulette et la brandit dans sa direction.
    — Chagak? secria-t-il avec surprise.
    — Je suis venue avec des amis.
    — Nous avons vu ton village. Nous pensions que vous étiez tous morts.
    — J'étais allée dans les collines ramasser de la bruyère quand le village a été détruit, expliqua Chagak. Je suis seule à avoir survécu. Je suis venue voir mon grand-père et apporter un message à ce village.
    Pendant un moment Roc Dur la dévisagea, puis il dit quelques mots à un homme qui se trouvait près de lui. Celui-ci courut vers l'ulaq de son grand-père et Chagak attendit, espérant que son grand-père viendrait l'accueillir sur la plage, mais l'homme revint seul.
    — Tu dois te rendre à l'ulaq de ton grand-père, dit-il à Chagak. Les autres resteront ici et attendront. Nous allons leur porter de l'eau et de la nourriture.
    Avant même l'arrivée de Kayugh et de ses amis, Chagak et Shuganan

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