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Ma mère la terre - Mon père le ciel

Ma mère la terre - Mon père le ciel

Titel: Ma mère la terre - Mon père le ciel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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long moment, Nombreuses Baleines ne lui répondit pas :
    — Pour une enfant, tu es avisée, murmura-t-il enfin. Se tournant vers Épouse Dodue, il ajouta : Dis aux femmes de préparer une fête. Nous allons écouter Shuganan et lui souhaiter la bienvenue ainsi qu a ceux qui l'accompagnent. Dis à Nombreux Bébés de faire un bracelet en coquillages pour ma petite-fille. Ce sera un cadeau et, s'il est bien réussi, je donnerai à Nombreux Bébés deux peaux de loutre.
    39
    Les femmes des Chasseurs de Baleines préparaient la fête et les gens du village, hommes, femmes et même enfants s'entassaient dans l'ulaq de Nombreuses Baleines pour le repas.
    Épouse Dodue déploya deux tapis au centre de l'ulaq et les femmes les couvrirent de tranches de viande de baleine séchée, de poissons secs, de harengs frais frits et de piles de petits coquillages; des racines bulbeuses dont l'amertume masquerait le goût de suif de la viande étaient entassées dans des coupelles en bois.
    Chagak s'était vu attribuer une place d'honneur parmi les femmes. Personne ne lui permettait de se déranger pour porter les plats aux hommes ou d'aider à entretenir les lampes. Elle tenait les bébés enveloppés dans des peaux de phoque sur ses genoux et souriait en parlant peu quand les femmes des Chasseurs de Baleines se penchaient sur eux.
    Ces femmes ne portaient que leurs tabliers dans l'ulaq bondé et Chagak elle-même, au bout d'un moment, retira son suk et s'assit dessus en remarquant que Nez Crochu avait fait la même chose.
    Le tablier des femmes était court, s'arrêtant au-dessus de leurs genoux, découvrant les tatouages qui marquaient leurs jambes. La mère de Chagak lui avait expliqué que les tatouages étaient un signe de beauté et qu'elle avait elle-même supporté de longues heures douloureuses pendant que sa propre mère lui enfonçait une aiguille teintée de suie dans la peau de ses cuisses pour tracer des dessins de triangles et de carrés.
    Mais à l'encontre de la mère de Chagak, la plupart de ces femmes étaient grosses et semblaient admirer la force chez elles autant que chez les hommes. A deux reprises Chagak remarqua que des hommes appelaient leurs femmes qui les ignoraient complètement. Une jeune femme se mit même à rire quand son mari l'appela et Épouse Dodue répondit à Nombreuses Baleines : « Va chercher toi-même ce que tu veux, je dois manger moi aussi. »
    Surprise au début, Chagak finit par en rire et de si bon cœur qu'elle dut cacher son visage, mais quand elle releva la tête, elle vit Kayugh qui la regardait d'un air froid. Puis un homme qui était assis à côté de lui demanda quelque chose à sa femme. Elle le servit. Il fit une réflexion et, d'un geste rapide, sa femme renversa sur ses yeux le chapeau qu'il portait sur la tête.
    Alors Kayugh se mit également à rire. Il regarda Chagak et son rire parut être communi-catif et lui apporter une certaine joie. Intriguée par ce sentiment, Chagak se détourna en feignant de s'occuper des enfants.
    Puis Nombreuses Baleines se leva et réclama un silence qu'il eut quelque peine à obtenir :
    — Des feux ont été allumés sur la plage, déclara-t-il, et si vous le désirez vous pouvez aller danser.
    Les hommes commencèrent à quitter l'ulaq et Chagak remarqua que beaucoup se tournaient vers elle avant de sortir.
    « Ils voudraient que j'aille dormir avec eux », pensa-t-elle. Ils allaient demander la permission à Shuganan et elle chercha celui-ci des yeux dans la foule, espérant pouvoir lui expliquer qu'elle ne voulait recevoir personne sur sa couche. Mais quand elle finit par l'apercevoir, il était sur le point de sortir de l'ulaq et d'autres hommes se trouvaient encore derrière lui.
    Puis Nombreux Bébés s'approcha de Chagak et lui enfila un long collier en coquillages au-dessus de la tête.
    — De la part de ton grand-père, dit-elle.
    Puis elle appela Coquille Bleue et dirigea les
    deux jeunes femmes derrière un rideau à l'extrémité de l'ulaq.
    — Laissez les enfants ici, dit-elle en montrant un large berceau garni de fourrure, ils y tiendront tous les trois. L'une d'entre vous pourra revenir de temps en temps pour s'assurer qu'ils ne pleurent pas.
    Coquille Bleue regarda Chagak avant de déposer sa fille dans le berceau.
    — Un joli bébé, remarqua Nombreux Bébés, un fils ou une fille?
    — Une fille, répondit doucement Coquille Bleue.
    — Les maris préfèrent les fils, dit Nombreux Bébés.
    — Cette adorable

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