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Ma mère la terre - Mon père le ciel

Ma mère la terre - Mon père le ciel

Titel: Ma mère la terre - Mon père le ciel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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Baleines, un homme qui la prendrait seulement pour le travail qu'elle ferait et les fils qu'elle lui donnerait. Et si un Petit Homme la prenait pour femme ? Comment pourrait-elle servir quelqu'un qui apprendrait à Samig à tuer des hommes ?
    Il vit le couteau de Shuganan toujours planté dans le corps du Petit Homme et ne fut pas surpris en constatant que le manche portait l'image du phoque que Shuganan avait passé de nombreuses soirées à graver. Kayugh planta son propre couteau dans le corps, retira celui de Shuganan et le lui tendit.
    — Je viendrai avec toi, dit-il.
    Et aussitôt Longues Dents plongea, lui aussi, son couteau dans le corps de l'homme et retira celui de Kayugh en disant :
    — Je viendrai aussi.
    Alors Oiseau Gris haussa les épaules.
    — Nous ne pouvons laisser les femmes, gro-gna-t-il.
    — Mes femmes viendront avec moi, coupa Longues Dents.
    A nouveau Oiseau Gris haussa les épaules, mais il plongea également son couteau dans le corps, retira celui de Longues Dents et le lui tendit en disant :
    — Je viens, moi aussi, avec ma femme.
    38
    Quelle différence cela fera-t-il? pensa Chagak en enfonçant sa pagaie dans l'eau.
    Pourquoi se soucierait-elle de vivre ou de mourir? Pourquoi aurait-elle peur de la mort? Si, en combattant les Petits Hommes, elle était tuée, alors elle retrouverait son peuple. Et Traqueur de Phoques.
    Mais la pensée de la mort la mettait mal à l'aise. Qui savait vraiment ce qui arrivait après la mort? Peut-être y avait-il de mauvais esprits contre lesquels elle n'aurait aucune protection. Et comment trouverait-elle son chemin vers les Lumières Dansantes? Voyager vers le nord serait-il suffisant?
    Chagak et Nez Crochu pagayaient dans le même ik. Chagak était assise à l'avant, Nez Crochu tenant la position plus difficile de pagayer à l'arrière. Petit Canard et Coquille Bleue étaient assises au centre de l'embarcation avec Baie Rouge, Premier Flocon et les bébés.
    Mince et pâle, Coquille Bleue se montrait douce avec sa petite fille, mais la regardait rarement, même quand elle l'allaitait. Depuis la naissance de l'enfant, Chagak avait remarqué qu'elle portait souvent des meurtrissures sur la poitrine et le ventre.
    Oiseau Gris... songea Chagak en se félicitant de n'avoir pas de mari.
    Des mouettes volaient en cercle, criant et plongeant à l'occasion près de l'ik et, à deux reprises, des loutres vinrent nager autour de l'embarcation qui s'était approchée des lits de varech. Elles étaient si comiques quand elles se tenaient sur le dos, le ventre en l'air, que les femmes ne purent s'empêcher de rire, même Coquille Bleue.
    La brume commença à se lever au-dessus des plages, effaçant toute vue de la terre. Chagak s'efforça désespérément de tout se rappeler, la mer, les oiseaux, les loutres, car elle redoutait de ne jamais les revoir.
    Puis, tout en pagayant, elle se mit à fredonner une chanson que sa grand-mère lui avait apprise, une simple comptine, racontant le tissage d'un panier et en chantant elle se souvint de son peuple. De la vengeance qu'elle tirerait de leurs morts. Mais quand elle essaya de se représenter le visage de Traqueur de Phoques, elle vit celui de Kayugh à sa place. Au lieu de Pup, elle vit Samig et Amgigh, les deux enfants grandissant ensemble, l'un grand avec de longs bras comme Kayugh, capable d'envoyer sa lance très loin, l'autre petit et trapu, doué de la force nécessaire pour les longues chasses dans un ikyak. Et les images qu'elle voyait lui disaient de rester en ce monde.
    Aussi Chagak se dit-elle qu'il était important de combattre les Petits Hommes. L'esprit de son peuple ne serait pas en repos avant qu'elle n'ait tenté de venger ses morts. « Je suis la seule qui reste pour le faire, pensa-t-elle, comme j'ai été la seule à les enterrer. »
    Puis Chagak entendit l'esprit de la loutre lui parler de sa voix tranquille : « C'est ton devoir d'être une femme, de perpétrer le sang de ton village. De porter des enfants, de faire des fils qui chasseront et des filles qui porteront d'autres fils afin que les anciennes coutumes ne soient pas oubliées. »
    « Non, murmura Chagak, je ne peux rien leur apporter de plus. Je ne peux être à la fois une femme et une guerrière. S'ils avaient besoin des deux, ils auraient dû laisser Traqueur de Phoques en vie. Alors Samig aurait eu son sang et non celui d'Homme-Qui-Tue. »
    « Ce n'est peut-être pas le sang d'Homme-Qui-Tue qui est important, répondit la

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