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Ma mère la terre - Mon père le ciel

Ma mère la terre - Mon père le ciel

Titel: Ma mère la terre - Mon père le ciel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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Chagak baissa la tête en posant les mains sur ses genoux, s'efforçant de modérer les rapides battements de son cœur. Elle sentit la chaleur des larmes sur ses joues.
    « C'est un vieil homme, reprit la loutre. Il a vécu une longue vie. »
    « Ça m'est égal, répondit Chagak. Je ne veux pas qu'il meure. J'ai besoin de lui. »
    « Peut-être désire-t-il se reposer. Peut-être désire-t-il retrouver sa femme dans les Lumières Dansantes. Son corps est vieux et il est fatigué. D'autres ont besoin de toi. Kayugh et son peuple, ton grand-père Nombreuses Baleines. »
    « Oui, concéda Chagak, mais Oiseau Gris a dit que Kayugh était blessé. Et s'il meurt? » « Alors, tu élèveras son fils. »
    Chagak suivit Oiseau Gris pour retourner au village. Elle portait les bébés sous son suk ainsi qu'un panier de ses affaires sur le dos. Oiseau Gris n'avait pas offert de l'aider, mais Chagak ne s'y attendait pas.
    L'homme prenait prétexte de sa jambe blessée et tenait une canne pour s'aider à marcher dans le sentier. D'abord Chagak avait voulu se presser et elle sentait l'impatience gonfler sa poitrine, mais en marchant la crainte de trouver Shuga-nan et Kayugh morts redoubla et alourdit ses pas.
    Quand Oiseau Gris s'arrêta brusquement elle faillit buter contre lui. Elle le regarda et demanda :
    — Que se passe-t-il ? Pourquoi t'arrêtes-tu ?
    — Nous sommes près du village, il y a quelque chose que je dois savoir avant que nous arrivions.
    Chagak leva la tête et rencontra son regard. Elle lut la haine dans ses yeux, une haine qui jaillissait de lui comme un feu brûlant. Elle se raidit et s'obligea à rester immobile. Elle ne voulait pas qu'un homme comme Oiseau Gris la vît trembler. Elle serra les bras autour des bébés et Oiseau Gris ricana.
    — Un fils appartient à Kayugh, dit-il. Il sera chasseur. Mais l'autre fils... Les lèvres d'Oiseau Gris se retroussèrent dans un sourire méchant : celui d'Homme-Qui-Tue...
    Chagak ouvrit la bouche de stupéfaction et Oiseau Gris éclata de rire.
    — En mourant Shuganan s'est mis à parler avec les esprits, ricana-t-il.
    Chagak se redressa et prit une longue aspiration.
    — Il n'est pas rare que l'on parle avec les esprits, répliqua-t-elle.
    — Non, ce n'est pas rare, mais il est tout de même étrange que le père de Samig soit un Petit Homme.
    — Ce n'est pas vrai! Le père de Samig est le petit-fils de Shuganan.
    Oiseau Gris fit un pas dans sa direction et lui prit les bras.
    — Tu mens. N'importe qui peut voir que tu mens. Et je leur dirai la vérité. Ils tueront Samig avant qu'il ne devienne un guerrier et un tueur comme son père.
    Chagak leva les bras, repoussa Oiseau Gris et se remit à marcher. Il courut après elle en criant :
    — Je le leur dirai à moins que tu ne décides d'être ma femme. Alors peut-être trouverai-je bon d'avoir un tel fils, un tueur comme son père.
    Chagak ne se retourna pas. Le cœur battant à tout rompre, elle continua à marcher. Des larmes lui montèrent aux yeux. Elle pria Tugix, elle pria Aka pour qu'ils sauvent son fils d'Oiseau Gris, elle pria pour qu'ils laissent Shuganan vivre.
    Mais seule la voix de la loutre vint lui murmurer :
    « Shuganan devait être en train de mourir s'il a parlé d'Homme-Qui-Tue. Shuganan battra l'esprit d'Homme-Qui-Tue dans le monde des esprits, quand il ira dans les Lumières Dansantes. Mais c'est toi, et toi seule qui dois battre Oiseau Gris. »
    Chagak continua à marcher vers le village, le regard droit. Oiseau Gris la rattrapa, marcha à côté d'elle, mais elle ne le regarda pas.
    Ils arrivèrent en haut d'une crête ensemble, Chagak à droite, Oiseau Gris à gauche, et à ce moment-là le cœur de Chagak parut remonter jusqu'au fond de sa gorge.
    Un Petit Homme se tenait en bas de la colline, ses vêtements étaient arrachés, ses cheveux maculés de sang. Il était plus grand qu'Homme-Qui-Tue, avec de larges épaules. Il brandit sa lance.
    Oiseau Gris sursauta et se cacha derrière Chagak. Le Petit Homme se mit à rire.
    Chagak n'arrivait pas à coordonner ses pensées, elle ne sentait plus rien hormis les battements désordonnés de son cœur. Mais Samig bougea sous son suk et le besoin soudain de protéger son fils lui éclaira l'esprit.
    — Ton peuple a été battu, cria-t-elle à l'homme.
    Il lui répondit quelque chose dans sa propre langue qu'elle ne comprit pas.
    — Où est ta lance ? demanda-t-elle à voix basse en s'adressant à Oiseau Gris, mais il ne lui

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