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Ma mère la terre - Mon père le ciel

Ma mère la terre - Mon père le ciel

Titel: Ma mère la terre - Mon père le ciel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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redressa et grimpa sur le toit de l'ulaq. Si les Petits Hommes attendaient à l'intérieur, ils sauraient qu'il arrivait. Le poids de son corps pesait sur le toit et ferait tomber de la poussière, mais il ne pouvait attendre sans savoir.
    Kayugh descendit plusieurs échelons, s'atten-dant à un coup de lance. Finalement, il sauta et atterrit dans la pièce principale. Une lampe à huile de baleine était allumée, mais ne donnait plus qu'un faible halo de lumière. Shuganan était étendu sur une pile de fourrures, Oiseau Gris assis à côté de lui.
    Deux Petits Hommes baignaient dans leur propre sang devant eux.
    — Est-ce Shuganan qui les a tués? demanda Kayugh.
    Oiseau Gris eut un sourire rusé.
    — Crois ce qu'il te plaira, siffla-t-il, puis il se pencha sur Shuganan en ajoutant : j'ai essayé de le protéger... Sa voix traîna et il acheva : il est grièvement blessé.
    Kayugh fronça les sourcils. Il vit le chiffon ensanglanté sur le côté de Shuganan et la blessure sur la jambe d'Oiseau Gris. Celui-ci n'avait essayé de protéger personne en dehors de lui-même. Kayugh s'approcha du vieil homme et posa doucement la main sur son front. Shuganan ouvrit les yeux et cligna des paupières.
    — Kayugh, dit-il, tu es en vie.
    — Nous les avons battus, Shuganan. Ils ne reviendront plus.
    Shuganan ferma les yeux et acquiesça.
    — Alors, il faut faire venir Chagak, je dois lui parler.
    — Je vais y aller. Essaie de dormir. Je la ramènerai.
    Oiseau Gris prit le bras de Kayugh et l'attira vers lui.
    — Tu es fatigué. Je me suis reposé. Je vais aller chercher Chagak.
    — Non...
    — Il se meurt, Kayugh. Toi-même tu es blessé et épuisé. Tu n'arriveras pas à temps. Shuganan sera mort quand tu reviendras.
    Kayugh regarda Oiseau Gris au fond des yeux et comprit qu'il avait raison.
    — Va, alors, et hâte-toi.
    Il était tôt le matin. Les autres femmes dormaient encore mais Chagak avait eu un sommeil agité, maintenant elle était nerveuse. Les bébés étaient dans leurs berceaux, aussi elle ne les dérangea pas, elle roula son matelas et sortit de la caverne.
    Dehors la bruyère était couverte de rosée et le brouillard s'étendait au-dessus de la vallée, sans atteindre encore les collines. De hauts nuages gris voilaient le soleil, mais à l'ouest on apercevait des petits morceaux de ciel bleu. Chagak s'assit à l'entrée de la caverne et croisa les bras autour de ses genoux relevés.
    Consciente d'être trop loin du village pour entendre les cris des hommes ou le fracas des armes, il lui semblait que la nuit apportait d'étranges bruits dominant celui du vent. Au cours de la soirée, les femmes étaient restées tranquilles comme si, elles aussi, entendaient cette différence. La voix de la loutre de mer ne s'était pas élevée pour commenter le comportement d'Épouse Dodue, ni pour calmer les inquiétudes de Chagak chaque fois qu'elle pensait aux Petits Hommes.
    Elle-même avait essayé de parler à la loutre. Elle avait fait quelques réflexions à propos du parka qu'elle ferait à Shuganan quand ils retourneraient dans leur île, des bottes en peau de phoque qu'elle confectionnerait pour Kayugh, mais la loutre n'avait toujours pas répondu et maintenant, tandis que se levait l'aube d'un nouveau matin, la peur nouait sa gorge et lui faisait serrer les dents au point que sa mâchoire en devenait douloureuse.
    — Chagak !
    Quelqu'un l'appelait. Elle se rendit compte que la voix venait de la vallée. Un homme émergea du brouillard.
    C'était Oiseau Gris et pendant un moment la joie étouffa la peur de Chagak, mais elle remarqua ses traits tirés, la poussière et le sang qui couvraient son visage, signes de bataille, et elle se demanda si Oiseau Gris ne s'était pas enfui.
    Des questions se pressaient dans son esprit. Mais quand Oiseau Gris se tint debout devant elle, elle ne put que considérer son parka arra-ché, la blessure de sa cheville, le pansement ensanglanté qui couvrait sa main gauche.
    — Ils sont venus, dit-il d'une voix lasse et tendue, dénuée de toute forfanterie.
    Les poils qui poussaient sous son menton tremblaient. Il reprit :
    — Certains Chasseurs de Baleines ont été tués dans la bataille, mais tous les Petits Hommes sont morts. Même ceux qui ont essayé de s'enfuir. Les jeunes garçons qui les ont vus arriver sont descendus des collines et ont percé le fond de leurs ikyan. Les rescapés qui ont essayé de fuir se sont noyés.
    Oiseau Gris grommela et,

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