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Ma soeur la lune

Ma soeur la lune

Titel: Ma soeur la lune Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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Hommes. En toute autre chose, les femmes Chasseurs de Baleines étaient presque aussi importantes que les hommes. Elles s'asseyaient en conseil pour toutes les questions, hormis les plans de chasse. Les hommes préparaient souvent leur propre nourriture et réparaient leurs parkas à l'occasion ; mais, pendant le temps qu'une femme saignait, elle devait quitter l'ulaq de crainte que son sang n'apporte malédiction à son mari ou aux armes de son mari. Cela semblait étrange, mais qui était Samig pour remettre en cause les coutumes des Chasseurs de Baleines? Ils possédaient la connaissance. Qui pouvait dire ce que le sang d'une femme pouvait faire à un harpon? Même les Premiers Hommes exigeaient que les femmes dans leur premier sang soient mises à l'écart.
    Samig partageait la déception de son épouse. Quel homme ne désirait-il pas un fils? Mais cette nuit-là, allongé sur ses nattes de couchage, il se dit que c'était un bon temps pour se reposer — l'un et l'autre.
    Il dormait quand il sentit qu'une main cherchait, très doucement. D'abord, encore pris dans ses rêves, il recula. Puis, croyant que c'était Trois Poissons, il s'assit sur son lit. La colère le sortit de ses rêves. Comment Trois Poissons osait-elle venir le rejoindre pendant son sang? Était-elle indifférente à ses armes?
    Lorsque la femme parla, Samig s'aperçut que c'était Epouse Dodue.
    — Nombreuses Baleines a besoin de toi, dit-elle.
    Les larmes étouffaient ses paroles et le cœur de
    Samig se mit à cogner jusque dans sa gorge. La voix sèche et râpeuse, il demanda :
    — Que se passe-t-il ?
    — Il est très malade. Il ne peut ni voir ni bouger.
    Samig bondit sur ses pieds et se précipita dans la
    chambre de son grand-père qu'il trouva allongé dans sa robe de nuit. Un côté de sa bouche était bizarrement tordu. Épouse Dodue s'accroupit pour essuyer la bave qui moussait sur ses lèvres.
    — Il ne voit plus rien, bredouilla Épouse Dodue, les mots brisés par les sanglots.
    Samig s'agenouilla près du vieil homme et lui toucha le front.
    — Je suis là, grand-père, dit-il d'une voix douce.
    Il y eut un gargouillis dans la gorge du vieillard et
    Samig se tourna vers sa grand-mère.
    — Il n'arrive pas à parler?
    — Au début il pouvait, et il m'a expliqué qu'il n'y voyait plus. Puis il a appelé ton nom et maintenant...
    Nombreuses Baleines émit un grognement, puis leva lentement la main gauche. Samig prit ses doigts tremblants mais, brusquement, un frisson parcourut Nombreuses Baleines. Sa main tressauta vers le visage de Samig et griffa sa joue en retombant.
    Nombreuses Baleines ne bougeait plus. Épouse Dodue se pencha sur lui. Elle lécha ses doigts et les tint devant la bouche du vieil homme; puis elle approcha son oreille contre sa poitrine.
    Ëlle se releva et lissa la robe de son époux.
    — Il est mort, dit-elle d'une voix éteinte.
    Une pluie brumeuse les entourait tandis qu'ils se tenaient debout près du monticule de pierres constituant le tombeau de Nombreuses Baleines. Lorsqu'ils recouvrirent le corps de son grand-père avec des pierres, Samig pensa que l'esprit du vieil homme devait trouver ce manteau bien inconfortable; mais nul n'émit la moindre objection et Samig se tut. Il songea aux récits de sa mère sur les diverses façons dont les peuples prenaient soin de leurs morts.
    Les femmes achevèrent leurs cris de deuil et Roc Dur, sa lance à la main, s'adressa à l'esprit de Nombreuses Baleines, aux esprits qui se rassemblent toujours près des morts, puis, à l'aide de sa javeline, il transperça le fond de l'ikyak de Nombreuses Baleines; le bateau fut alors placé au-dessus du tas de pierres. Roc Dur entonna une ode funèbre mais, dominant le chant, Samig entendit l'appel des oies sur la plage. Il aurait voulu être une de ces oies, blanches et gris argenté, déployant ses ailes au vent, loin des funérailles, loin du chagrin, loin du deuil.
    Il y avait un vide étrange depuis la mort de Nombreuses Baleines — une solitude. Samig comprit que son grand-père avait été le cordon qui le reliait aux Chasseurs de Baleines.
    Et maintenant ? Qu'est-ce qui me retient ici ? Si je n'avais pas d'épouse, je partirais. Soudain, il en voulut stupidement à Nombreuses Baleines d'être mort.
    Puis il songea, comme si son grand-père le lui soufflait, qu'il ne devait pas rentrer déjà alors qu'il ne savait pas tout. Il devait rester pour pouvoir enseigner à son peuple.
    Un jour, Trois Poissons lui

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