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Ma soeur la lune

Ma soeur la lune

Titel: Ma soeur la lune Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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s'attendait à ce qu'elle soit sa femme en tous points.
    Kiin se rendit à la cache de nourriture et sortit plusieurs sacs faits de cuir de morse séché et tout raide. L'un contenait du flétan fumé, l'autre des racines. Le Corbeau mangeait beaucoup de flétan, et il appréciait aussi les minuscules bulbes que les femmes trouvaient dans les trous de mulots.
    Kiin remplit un bol de bulbes et entreprit de les peler. Ils étaient si petits que Kiin se servait de ses ongles. On était au printemps. Engrangées tout l'hiver, les racines commençaient à ramollir, mais le Corbeau aimait quand même les manger crues.
    Kiin essayait d'être une bonne épouse pour le Corbeau. Elle avait appris à connaître ses aliments préférés et la façon de les préparer, comment confectionner les longues jambières de fourrure que portaient hommes et femmes et, le plus important, parler leur langue, même si ses erreurs fréquentes provoquaient encore le rire étouffé des femmes et le sourire des hommes.
    Kiin entendit Queue de Lemming grogner. Certains matins, le Corbeau s'éveillait avant elle; il faisait alors un signe de tête à Kiin et mangeait en silence. Mais si Queue de Lemming se réveillait la première, elle ordonnait à Kiin d'apporter quelque chose du dehors, même si la neige était profonde et les vents violents.
    Queue de Lemming rampa hors de sa couche et passa ses doigts dans ses épais cheveux noirs. Chaque jour, elle huilait ses cheveux et les brossait avec une touffe de tiges de roseaux. Kiin l'avait imitée dans l'espoir de rendre sa chevelure aussi brillante que celle de Queue de Lemming.
    Selon la coutume des femmes Morses, Queue de Lemming ne portait que de courts tabliers. Elle se planta devant Kiin et la regarda éplucher le reste des racines.
    — Il n'y a rien de frais ici, marmonna-t-elle. Mon mari se lasse de la nourriture d'hiver séchée. Va sur la plage et rapporte des oursins.
    Kiin reposa les bulbes et se leva sans un regard pour la femme. Elle n'avait pas le choix. Queue de Lemming était la première épouse et devait être obéie. Elle savait aussi bien que Kiin qu'il n'y aurait pas d'oursins de mer. Kiin enfila son suk et ses jambières ainsi que les longues et épaisses bottes de fourrures que Femme du Ciel lui avait faites. Les bottes étaient munies d'une semelle en cuir de morse strié pour faciliter la marche sur la plage.
    Le soleil n'était encore qu'une faible clarté au sud-est. Une fois à l'écart de la protection du village, le vent violent et cinglant lui provoqua une nouvelle douleur. Elle se pencha en avant pour soulager la pression sur son dos et protéger son visage de la bise et continua d'avancer à petits pas lents jusqu'à la plage.
    La douleur cessa, mais quand Kiin se redressa, elle vit que quelqu'un était arrivé avant elle — un homme. Elle commença à faire demi-tour, craignant que ce ne soit un membre d'une autre tribu, à qui on ne pouvait faire confiance.
    Une rafale de vent monta de la baie gelée. L'homme porta les mains à son visage, se tournant légèrement vers Kiin, qui reconnut Qakan.
    Encore une dispute avec Cheveux Jaunes, pensa Kiin, car ces deux-là se bagarraient souvent et Qakan, toujours perdant, était réduit à marcher sur la plage ou à se réfugier dans la chaleur d'un autre ulaq.
    Qakan avait passé l'hiver au village des Chasseurs de Morses et, s'il affirmait souvent qu'il partirait au printemps, il ne montrait pas le moindre signe de préparatifs.
    D'ordinaire, si Qakan voyait Kiin, il faisait semblant de rien, mais cette fois, il sourit et courut à sa rencontre.
    — Tu es réveillée de bonne heure, s'exclama-t-il dans le dialecte des Premiers Hommes.
    — N-non, je me lè-lève toujours avant mon mari pour préparer à manger, répondit-elle en langue Morse.
    Le sourire de Qakan s'effaça et ses lèvres dessinèrent une moue.
    — Tu crois que ton mari t'honorera parce que tu as appris si vite sa langue?
    Il plongea ses yeux dans ceux de Kiin mais Kiin n'y sentit aucun pouvoir et rétorqua :
    — Ce que fait mon époux ne te-te regarde pas. Il a fait de toi un homme riche. Cela devrait te su-suffire.
    Puis elle pivota sur elle-même et s'éloigna. Cela faisait du bien d'exprimer sa colère sans crainte de représailles. Qui oserait frapper l'épouse du Corbeau?
    Mais lorsque Qakan l'appela, sa voix plaintive et haut perchée ramena des souvenirs de leurs premières années. Elle se retourna et attendit sans souffler mot tandis

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