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Ma soeur la lune

Ma soeur la lune

Titel: Ma soeur la lune Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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étaient meilleures que les vôtres.
    — C'est possible, répondit Samig. Mais les choses évoluent lentement et les gens n'écouteront pas tes idées si tu les insultes par ta grossièreté.
    Trois Poissons glissa les mains le long de la poitrine de Samig. Elle resta un long moment silencieuse. Samig retint ses yeux dans les siens, l'empêchant de détourner le regard.
    — Oui, murmura-t-elle soudain. Tu as raison. Je n'ai pas été une bonne épouse. Je pleure mon peuple et mon deuil rend mes mains inactives.
    — Pleure dans ton cœur, comme je le fais, car moi aussi je faisais partie des Chasseurs de Baleines. Mais nous ne pouvons laisser nos mains pleurer. Il y a trop à faire.
    — Tu as raison, souffla Trois Poissons. Tu as raison.
    Et, attirant son épouse contre lui, Samig se dit que Chagak, sa mère, était sage.
    58
    Samig s'accroupit, mains entre les genoux, tête penchée. La cendre tombait dru depuis les cieux gris. Si le tremblement du sol avait cessé pendant une nuit, il avait repris le lendemain sans discontinuer. Samig ne voulait pas déshonorer son père, mais Kayugh se trompait. Ils devaient quitter l'île. Sinon, tous mourraient.
    « Tu es encore un garçon, lui dit sa voix intérieure. Tu n'es pas prêt à prendre des décisions d'homme. Ton père a raison ; tu as tort. »
    Mais une fois encore, Samig revit avec horreur le regard de Petit Couteau quand il était revenu de son ulaq en ruine. Le chagrin sur le visage de Phoque Mourant. Devait-il laisser se produire chez son peuple ce qui était arrivé au village des Chasseurs de Baleines? Et si son père n'était pas d'accord avec Samig, du moins Samig était-il responsable de Petit Couteau et de Trois Poissons. Si Kiin était vivante, il ferait tout pour la sauver. Pourrait-il faire moins pour le garçon qui était son fils, la femme qui était son épouse?
    Samig s'était glissé hors de sa couche, laissant son épouse ronfler bruyamment, bouche grande ouverte. La nuit précédente, Samig avait prié Petit Couteau et Trois Poissons de le retrouver devant l'abri tôt le matin, quand tous dormaient encore.
    Mais maintenant, il se demandait si cela était bien raisonnable. « Tu n'as pas le choix, se dit-il, lançant ces paroles au brouillard du matin. Tu n'as pas le choix. »
    Samig avait passé les deux dernières nuits avec Trois Poissons qui prenait maintenant sa part du travail, et se montrait moins prompte à le déshonorer en agitant son tablier. Il espérait qu'elle se proposerait de l'aider une fois qu'il lui aurait exposé son plan.
    Quand sa femme et son fils surgirent de la grotte, le garçon s'accroupit à côté de Samig; Trois Poissons resta debout devant eux, bras croisés sur la poitrine, une robe de nuit jetée sur les épaules.
    Le sol trembla et un grondement monta des rochers. Trois Poissons porta ses mains à sa bouche. Posant une main au sol pour garder l'équilibre, Samig dit :
    — Vous savez tous deux que nous devons quitter cette île.
    Le grondement cessa et Trois Poissons s'emmitoufla dans sa robe de nuit.
    — Oui, approuva-t-elle. Il le faut.
    Sans un mot, Petit Couteau se rapprocha de Samig; leurs bras se touchaient presque.
    — Nous ne pouvons retourner sur l'île des Premiers Hommes, reprit Samig. Et chaque jour, la colère d'Aka est plus forte. Peut-être AJta enverra-t-elle encore plus de vagues, encore plus de feu. La dernière fois, beaucoup sont morts. Peut-être cela se produira-t-il encore.
    Samig se tourna vers son fils et vit qu'il était pâle avec des yeux agrandis.
    — Petit Couteau, dit Samig, Trois Poissons et toi avez le plus donné à Aka. Ceux de mon peuple ont seulement perdu leurs maisons. Et ils sont persuadés de pouvoir rentrer chez eux dans quelque temps.
    — Nous allons tous mourir, souffla Trois Poissons.
    — Non, nous ne mourrons pas, repartit Petit Couteau. Samig l'empêchera. As-tu parlé à ton père ? ajouta-t-il pour Samig.
    — J'ai essayé, répondit Samig, surpris mais ravi de la confiance que le garçon lui témoignait.
    — Nous devrions partir. Tous les trois, intervint Trois Poissons. Nous avons l'ikyak de Samig et nous avons l'ik. Et Petit Couteau possède sa propre embarcation, maintenant.
    Ces paroles emplirent Samig de colère. Aimait-elle si peu le peuple de son époux qu'elle le quitte si facilement ? Puis il réfléchit. Pourquoi s'en inquiéte-rait-elle, après tout ? Elle ne les connaît pas. Il lâcha enfin :
    — Peut-être pouvons-nous amener

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