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Ma soeur la lune

Ma soeur la lune

Titel: Ma soeur la lune Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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phoque et la remplaça par de l'herbe fraîche. Elle souleva son suk et plaça chaque bébé dans sa bandoulière, pressant son sein droit contre la bouche de Takha, le gauche contre celle de Shuku. Puis elle sortit et nettoya les oiseaux.
    Qakan s'étira dans un bâillement. Il avait faim. Kiin devrait avoir préparé à manger. Elle ferait bien, après avoir laissé les bébés de si bonne heure. Ils s'étaient mis à pleurer, le premier, puis l'autre, faisant un tel charivari qu'à deux collines de là il avait été tiré de ses rêves. Il n'était pas allé les voir. Il avait dépassé l'abri de Kiin puis avait avancé dans les collines, s'était soulagé, et était resté là jusqu'à ce que les pleurs aient cessé. Puis il avait ramassé quelques poignées de bruyère camarine, bonne pour démarrer un feu.
    Quand il revint à l'abri de Kiin, elle était dehors et préparait les oiseaux. Il lui jeta la bruyère.
    — J'ai faim. Fais un feu.
    Et il poursuivit son chemin vers son propre abri, pour se protéger du vent tandis qu'elle cuisinait. Elle était lente, toujours si lente, et s'il restait avec elle, lui ordonnant de s'activer, elle trouverait quelque chose à lui faire faire. Apporter de l'eau, tenir les bébés.
    Oui, les bébés étaient ses fils, mais quel homme prenait soin d'un nourrisson? Et puis, il était toujours inquiet et gêné quand il voyait l'épaisse chevelure sur celui qu'on appelait Takha. Ces cheveux ressemblaient trop à ceux de Samig. Mais, naturellement, l'enfant ne pouvait appartenir à Samig. Samig n'avait jamais eu Kiin dans son lit.
    Qakan repensa aux oreilles des bébés, à leur visage rond. C'étaient ses fils. Comment Kiin pou-vait-elle en douter? Il avait prouvé sa virilité, prouvé qu'il était un homme autant qu'Amgigh, même s'il n'avait jamais attrapé de phoque. Il avait deux fils. Si seulement son père le savait !
    Jamais, dans tous les récits qu'avait entendus Qakan enfant, il n'avait été question d'un homme ayant engendré deux fils en même temps. Et Qakan avait pris d'autres femmes, pas seulement Kiin, des femmes des villages Premiers Hommes. Puis il avait eu Cheveux Jaunes. Mais quel homme pouvait créer un fils en elle ? Elle ne venait jamais dans le lit d'un homme sans exiger un cadeau.
    Parfois, il fallait choisir. Qu'est-ce qui avait plus de prix, une épouse qui ne savait pas tenir son ulaq en ordre, qui ne cuisinait jamais, ne cousait jamais, ne venait jamais dans son lit — ou ses marchandises d'échange? Il n'était pas si bête.
    Il ne voulait pas la tuer, mais quel homme ne l'aurait tuée en voyant ce qu'elle avait fait?
    Qakan s'agenouilla près de ses paquets. Celui du milieu contenait un ventre de phoque de poisson séché. Il prit plusieurs poissons dans l'espoir que Kiin ne remarquerait rien. Elle l'avait toujours morigéné de trop manger. Qu'espérait-elle? Il était un homme, pas une de ces femmes minuscules et faibles qui n'avaient pas besoin de grand-chose. Il remit le sac en place et disposa la peau de phoque contenant les couteaux d'Amgigh sur le dessus. Soudain, il se figea.
    Il avait noué différemment chaque paquet contenant des marchandises différentes, un certain nombre de nœuds pour les couteaux, un autre pour les pierres à trancher, pour l'ivoire... Il avait fait trois nœuds pour le paquet de couteaux. Il n'y en avait plus que deux. Qakan ouvrit le sac et compta. Au lieu de cinq couteaux, il en restait quatre.
    Kiin en avait pris un. Pas un simple couteau en pierre verte, mais celui à la belle lame d'obsidienne que Qakan avait volé dans la cache d'armes d'Amgigh.
    Pourquoi s'étonner? Kiin avait toujours été rapace. Elle n'avait aucune raison de changer.
    Peut-être était-il temps de lui montrer à quoi servait un couteau. Il déballa le plus grand, une pierre verte d'Amgigh. La lame était parfaite, le tranchant si pointu que Qakan s'était coupé en l'enveloppant. Il est vrai que, s'il faisait des cicatrices à Kiin, il ne pourrait plus la vendre comme épouse, seulement comme esclave, mais même les esclaves rapportaient un bon prix, et il négocierait les bébés séparément, s'assurant que ses fils seraient confiés à d'excellents chasseurs, élevés à honorer leur père. Et chaque année, il leur rendrait visite, leur apporterait des cadeaux, ferait savoir aux autres que c'étaient ses fils.
    Qakan entendit un bruissement de pas dans le sable, derrière lui. Kiin. Qakan saisit le couteau et se leva. Oui, il

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