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Ma soeur la lune

Ma soeur la lune

Titel: Ma soeur la lune Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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que Premier Flocon et Nez Crochu tendaient aussi l'oreille.
    Un petit frémissement parcourut le corps de Samig. Le voyage a-t-il fatigué leurs esprits au point qu'ils écoutent même Oiseau Gris ? Mais après tout, qui d'autre que lui s'est rendu en cet endroit? Qui d'autre pouvons-nous écouter? Kayugh avait habité près de cet orient lointain, mais c'était il y a bien des années, et le peuple de Kayugh avait vécu sur la mer du Sud et ceci était la mer du Nord, chacune avait des poissons différents, des animaux différents, même des couleurs différentes, la mer du Sud, bleue, la mer du Nord, verte.
    Lentement, Samig balaya le cercle du regard. Sa sœur, Baie Rouge, le ventre gros d'un deuxième enfant, berçait son fils Petit Galet. Mésange dormait sur les genoux de Chagak qui observait Oiseau Gris, mais dont le regard passait sans cesse de Samig à Amgigh. Amgigh était assis à côté de Petit Couteau et, s'il s'adressait occasionnellement au garçon, il n'avait pas un regard pour Samig. D'ailleurs, il lui avait à peine adressé la parole depuis le début du voyage. Pour l'instant, ses yeux fixaient Oiseau Gris.
    Il éprouve le même espoir que moi, se dit Samig. Peut-être, cette fois, Oiseau Gris sait-il de quoi il parle. Peut-être existe-t-il non loin d'ici un lieu où nous pouvons construire un nouveau village. Près d'une plage face à la mer du Nord, car il semblait que la plupart des vagues de cette mer qui s'élevaient à cause des secousses d'Aka, à cause des autres montagnes dont les esprits s'étaient joints aux esprits d'Aka dans leur colère contre tous les hommes, ces vagues étaient plus petites que celles en provenance de la mer du Sud. Que lui avait donc dit son père? Qu'ils avaient trouvé l'île de Tugix alors que Samig était encore bébé parce que les vagues de la mer du Sud les avaient contraints à quitter leurs propres plages.
    Samig ramena ses pensées aux paroles d'Oiseau Gris. Ayant noté l'attention de tous, ce dernier avait redressé le dos, sa bouche était tendue d'orgueil et le mince fil de barbe de son menton dansait à chaque mot.
    — Les Chasseurs de Morses disent que, près de la plage dont je parle, la mer du Nord se transforme en glace à chaque hiver. Si nous choisissons d'y demeurer, nos femmes devront nous préparer des vêtements chauds.
    — Si tu prends suffisamment de phoques, intervint Nez Crochu, nous ferons assez de vêtements.
    Oiseau Gris poursuivit comme si de rien n'était :
    — Alors il faut nous arrêter sans tarder. Il reste encore une bonne partie de l'été, le temps de chasser, pêcher, construire des ulas avant l'hiver.
    Oui, songea Samig, c'est juste. Même si les femmes ont lancé leurs lignes pendant le voyage, même si elles ont attrapé de la morue qu'elles ont ouverte et suspendue aux flancs de leurs bateaux, elles ne pouvaient préparer la nourriture qu'au jour le jour. En outre, le poisson était insuffisant. Qui passait un hiver entier sans huile, sans graisse épaisse de phoque ou de baleine?
    De surcroît, leurs habits aussi s'usaient. Samig avait besoin d'un nouveau chigadax, en dépit des reprises quotidiennes de Trois Poissons.
    — Parmi le Peuple des Caribous, certains fabriquent leur chigadax avec du boyau d'ours, leur avait expliqué Oiseau Gris.
    Samig n'étant pas sûr qu'un tel vêtement soit acceptable pour les animaux marins, il avait continué d'encourager Trois Poissons à ravauder, remarquant qu'il n'était pas le seul à souffrir. L'eau froide et salée leur brûlait les joues et les mains. Même Mésange avait des crevasses au visage, pourtant, elle était souvent blottie à l'intérieur du suk de Chagak.
    Sans chigadax imperméable, les femmes souffraient davantage encore. L'humidité constante faisait pourrir leurs habits. Or Trois Poissons ne possédait qu'un suk. Les autres femmes en avaient deux qu'elles portaient l'un sur l'autre, le premier couvrant les trous du second.
    Pris dans ses propres pensées, Samig ne s'aperçut pas qu'Oiseau Gris avait fini de parler ni que tous les regards étaient tournés vers lui, guettant sa réaction. Finalement, Amgigh, la bouche tordue en un méchant rictus, lança :
    — Frère, tu n'as rien à dire sur la proposition de Waxtal ?
    Ramené brusquement au cercle de son peuple, Samig sourit à Amgigh d'un sourire ouvert, sans colère, sans gêne. Quel homme ne trouvait jamais ses pensées plus fortes que les mots des autres?
    — Mon père, déclara Samig, tu es

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