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Ma soeur la lune

Ma soeur la lune

Titel: Ma soeur la lune Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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chasser, des filles pour enfanter. Souviens-toi de l'été dernier, souviens-toi d'il y a quelques jours, tu pensais que jamais tu ne serais une épouse, que jamais tu n'appartiendrais à un autre homme que ton père. »
    Kiin observait Amgigh danser d'un pied sur l'autre et détourner la tête tandis que son père évoquait pour Oiseau Gris la force d'Amgigh, ses yeux perçants, son habileté au harpon et au couteau.
    « Quel garçon, quel homme grimpe plus aisément jusqu'aux niches des oiseaux dans les falaises ? murmura l'esprit de Kiin. Quel homme prend mieux soin de son ikyak? Et qui déploie le plus d'efforts pour lancer le javelot ou courir? Amgigh sera un bon époux. Un bon époux. »
    Oui, se dit Kiin. Il serait un bon époux. Et il était beau garçon. Il ressemblait beaucoup à Kayugh, avec ses longs bras et ses longues jambes, plus minces que celles de Samig, mais avec des yeux étin-celants et des dents blanches; et une peau claire et lisse.
    Oiseau Gris et Kayugh parlaient de la chasse, de la mer, du temps. Kiin les percevait mais n'écoutait pas; elle avait déjà entendu ce genre de politesses; chaque fois que des hommes se rencontraient pour discuter de choses plus importantes, cela commençait par la courtoisie. Soudain, pourtant, son père se leva et s'avança vers la pile de peaux de phoque. Elle le vit inspecter chaque peau et fut heureuse que Chagak ne soit pas là pour voir l'indifférence dédaigneuse avec laquelle il considérait son magnifique travail.
    Il ne pouvait savoir, songea Kiin, que les peaux de Chagak étaient les plus belles que Kiin eût jamais vues, plus soignées encore que celles de Coquille Bleue. Pourtant, celles de Coquille Bleue se négociaient à prix élevé chez les Chasseurs de Baleines.
    — J'ai demandé quinze peaux, marmonna Oiseau Gris. Je n'en compte que douze.
    — Nous avons celles-ci, fit Kayugh en désignant les quatre peaux roulées qui n'étaient que partiellement grattées.
    — Tu apportes du travail à ma femme?
    — Chagak va les terminer. Je voulais que tu voies qu'elles t'attendent. Nous te les remettrons dès qu'elles seront achevées.
    — Tu veux donc prendre ma fille pour douze peaux ?
    — Seize, repartit Kayugh d'une voix ferme.
    Amgigh serrait et desserrait les poings. La voulait-il tant que le désir le rendait nerveux ? Ou était-il insulté par les paroles d'Oiseau Gris ?
    — Seize, objecta Oiseau Gris, mais seulement douze maintenant. Quatre promises.
    — Trois promises, et une peau supplémentaire pour en avoir attendu trois.
    Oiseau Gris émit un bruit grossier avec ses lèvres.
    — Promises? dit-il.
    — M'as-tu déjà vu rompre une promesse?
    Oiseau Gris ne répondit pas mais leva les yeux sur
    Amgigh.
    — Chasse-t-il?
    — Oui.
    — Sera-t-il capable de nourrir ma fille et de rapporter des phoques pour l'huile et les peaux ?
    — Oui.
    — Vois ma fille, dit Oiseau Gris en s'approchant de Kiin qu'il hissa sur ses pieds. Elle n'est pas trop maigre.
    Il lui pinça les jambes, les bras et soupesa un de ses seins. Ses doigts étaient glacés.
    — Tu la garderas dodue?
    — Oui, affirma Kayugh.
    — Oui, répondit Amgigh.
    Kiin rougit car elle savait qu'Amgigh n'était pas censé parler. Lorsqu'on négociait une première épouse, le père marchandait; le garçon observait.
    Oiseau Gris tira le nouveau suk de Kiin d'une pile de fourrures où elle l'avait soigneusement étendu.
    — Tu vois comme elle fait du beau travail, pérora Oiseau Gris.
    Kiin sentit le sang lui monter aux joues et lui brûler les yeux. Coquille Bleue n'avait sans doute pas avoué à Oiseau Gris l'origine du nouveau suk de sa fille. Kiin devrait absolument raconter cette scène à sa mère. Si Coquille Bleue disait à Oiseau Gris que Chagak avait confectionné le suk, Oiseau Gris comprendrait qu'il s'était ridiculisé au cours de la négociation, et battrait Coquille Bleue jusqu'à ce qu'elle n'en puisse plus.
    Amgigh respira profondément et Kiin, qui observait dans l'ombre, saisit le regard de Kayugh. Elle hocha la tête. Ne lui dis pas, supplia-t-elle en silence. Je t'en supplie, tais-toi. Pense à ce qu'il ferait à ma mère. Il serait tellement humilié qu'il pourrait refuser l'offre de Kayugh et permettre à Qakan de la troquer dans un autre village.
    Kayugh leva la main en direction d'Amgigh et fixa son fils jusqu'à ce qu'il incline la tête.
    — Kiin a de nombreux talents, déclara Kayugh. C'est pourquoi je la veux pour mon

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