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Ma soeur la lune

Ma soeur la lune

Titel: Ma soeur la lune Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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Il hocha la tête.
    Mais Kiin ajouta :
    — Je n'accepterai pas que ma mère meure de faim.
    Oiseau Gris cligna les yeux et, un instant, les muscles de ses bras se tendirent. Il leva la main. Kiin ne broncha pas. Qu'il la batte. Elle montrerait ses bleus à Samig et lui dirait de baisser le prix qu'il avait offert pour elle. Peut-être alors deviendrait-elle plus vite une épouse, peut-être n'aurait-elle pas à attendre tout un été que de nouvelles peaux soient mises de côté.
    À ce moment, elle entendit l'appel venant de la plage, les cris aigus et excités des femmes. Son père l'oublia et bondit hors de l'ulaq.
    — Ils ont des phoques, lui lança-t-il d'en haut.
    Kiin s'étonna qu'il lui en dise autant.
    Elle attendit le temps nécessaire pour qu'il se rende à la plage, puis elle enfila son suk et sortit à son tour, s'arrêtant un moment pour compter les ikyan. Oui, tous les hommes étaient rentrés. Les ikyan de Samig et d'Amgigh remorquaient des phoques.
    Les chasseurs avaient pris quatre ours de mer. Longues Dents et Premier Flocon en avaient tué un ensemble; les têtes de harpon des deux hommes étaient encore fichées dans la chair de l'animal. Samig en avait un, de même que Kayugh et Amgigh. Qakan rentrait bredouille.
    Chagak, Nez Crochu et Baie Rouge commencèrent le dépeçage, mais Coquille Bleue et Kiin attendirent. Leur couteau de femme à la main, elles étaient prêtes mais ne pouvaient aider sans y être invitées. Faute de quoi leur geste apparaîtrait comme la revendication d'une prise pour leur ulaq. Bientôt, Chagak se tourna vers elles et leur désigna les ours de mer de ses fils.
    Kiin sourit et se laissa aller à accrocher le regard de Samig. À sa grande surprise, celui-ci baissa les yeux et grommela :
    — Tu devrais t'occuper de celui d'Amgigh.
    Elle se tourna alors vers ce dernier et lui sourit. Quelle importance, un ours marin ou un autre? Ils étaient frères et, cuisinant et cousant pour les deux, l'épouse de l'un était souvent considérée comme la seconde épouse de l'autre.
    Elle commença à couper, séparant la peau de la carcasse avant d'appeler les autres femmes pour l'aider à retourner l'animal afin de poursuivre sa tâche.
    Levant les yeux, elle s'aperçut qu'Amgigh était resté près d'elle.
    — Donne la chair et la graisse de la nageoire à ton père, dit-il avant de rejoindre les hommes qui inspectaient leur ikyak à la recherche de toute déchirure ou trou dans les coutures.
    La chair et la graisse de la nageoire — le meilleur morceau — à son père ? Kiin observa Amgigh traverser la plage et son estomac se tordit comme si elle avait mangé la plus amère des tiges de livèche. Pourquoi Samig lui avait-il dit de dépecer le phoque d'Amgigh ? Pourquoi Amgigh offrait-il de la viande à son père? Elle n'allait pas devenir l'épouse d'Amgigh. Non, sûrement pas. Samig était l'aîné. D'ailleurs, c'est Samig qui lui avait offert le collier.
    Elle referma ses mains sur son cou et entendit la voix tranquille de son esprit répéter les paroles de Samig : « Je te fais ce présent en mon nom et en celui de mon frère Amgigh. »
    9
    Ils arrivèrent trois jours plus tard. Les bras de Kayugh étaient surchargés de peaux de phoque, Amgigh suivait avec quatre nouvelles peaux d'ours marin roulées en dedans. Adossée au tronc central, Kiin pilait de la viande de phoque séchée en poudre qu'elle mélangerait à des baies séchées.
    Lorsqu'elle entendit la voix de Kayugh, elle se réfugia en hâte dans le coin sombre de l'ulaq près de la cache de nourriture et écarquilla les yeux devant le spectacle de Kayugh puis Amgigh jetant depuis le toit les fourrures aux pieds de son père, avant de descendre.
    Elle attendit, espérant que Samig était venu, lui aussi, mais il n'y avait que Kayugh et Amgigh. Et quand Oiseau Gris fit signe à Kayugh de s'asseoir, laissant Amgigh debout près du rondin à encoches, elle sut. Amgigh serait son époux.
    Ses poumons parurent soudain trop lourds pour sa poitrine et son cœur cessa de battre. Avec lenteur, elle s'assit sur ses talons. Avec lenteur, elle croisa ses bras sur ses genoux. Pas Samig. Pas Samig.
    Alors, son esprit parla dans sa poitrine, luttant contre le poids, aidant Kiin à reprendre son souffle.
    « Tu auras un mari. Un homme pour prendre soin de toi. Et tu vivras dans l'ulaq de Kayugh, avec Chagak. Avec Samig. Tu auras des vêtements chauds, tu mangeras à ta faim, et Amgigh te donnera des enfants, des fils pour

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