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Ma soeur la lune

Ma soeur la lune

Titel: Ma soeur la lune Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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s'éclaircirait bientôt, et alors, elle se battrait. Elle ne permettrait jamais à Qakan de la marchander. Elle le tuerait avant.
    Qakan regarda sa sœur et ricana. Elle gisait au fond de l'ik, jambes relevées, mains sur les oreilles. Qakan plongea sa pagaie dans l'eau et fit avancer l'embarcation à coups forts et lisses, sans cesser son rire mauvais. Il était un homme, désormais, il venait de le prouver. Plein d'orgueil, il sentit sa partie d'homme gonfler de nouveau. Oui, il était un homme, autant qu'Amgigh, plus que Samig. Samig avait-il jamais pris une femme? Peut-être maintenant, parmi les Chasseurs de Baleines, avait-il été dans le lit d'une femme, qui pouvait dire? Mais les femmes Chasseurs de Baleines étaient laides, et ressemblaient plus à des hommes qu'à des femmes.
    Qakan tira sa pagaie et la brandit au-dessus de la tête de Kiin. L'eau dégoulina sur le visage de Kiin et le long de son cou. Elle frémit mais garda les mains collées aux oreilles. Qakan glissa la rame sous son bras et essaya de libérer son oreille, mais Kiin était forte, plus que Qakan ne l'aurait pensé. Qakan leva la pagaie. Il allait la battre encore. Il voulait l'effrayer. Mais il s'arrêta. Non, il avait besoin d'elle pour pagayer demain et pourquoi la meurtrir davantage? La blessure sur son front laisserait une cicatrice et elle en avait déjà dans le dos à la suite des raclées de son père. Qakan devait raisonner en commerçant. Kiin était plus précieuse sans cicatrice.
    Sans compter qu'elle avait déjà peur de lui. Elle avait bouché ses oreilles juste pour se protéger de sa voix.
    — Tu n'es rien, Kiin.
    Il répéta ces mots jusqu'à ce qu'ils rebondissent et reviennent des falaises, des épaisses rivières de glace qui couraient depuis les montagnes vers la mer du Nord.
    — Rien, rien, rien...
    21
    Amgigh attendait que Kiin le guette depuis l'ulaq, comme toute épouse espérant le retour de son mari est censée faire. C'était le soir, et il n'aurait pas à s'asseoir longtemps dans l'ulaq avant de pouvoir gagner sa couche et inviter Kiin à le suivre. Là, il lui demanderait de frotter ses épaules meurtries.
    Il sentait déjà ses doigts sur lui, la fatigue de ses muscles passer de son corps dans les petites mains vigoureuses de sa femme. Puis il l'attirerait à lui, la caresserait, serait prêt à la prendre...
    C'était bon d'être un homme. D'avoir une femme.
    Il poussa sa pagaie dans l'eau avec vigueur et songea aux Chasseurs de Baleines. Son père et lui avaient passé deux jours avec eux, échangeant contre de l'huile de baleine et des peaux de loutre pour Kiin, mais ces deux jours avaient été pénibles. Les jeunes femmes Chasseurs de Baleines étaient hardies, toujours à ses basques, à rire sottement, battre des cils, alors que le grand-père Nombreuses Baleines et sa femme, Épouse Dodue, l'avaient traité en gamin, pas en homme. Ils ne lui avaient même pas offert le réconfort d'une femme pour la nuit ; on avait donné à Samig et lui une seule couche à partager, comme s'ils étaient des enfants.
    Les falaises s'éloignèrent peu à peu du rivage, s'ouvrant en une large crique peu profonde qui était la plage des Premiers Hommes. Amgigh jeta un coup d'œil en arrière à son père. Il n'était qu'à une longueur d'ikyak derrière lui.
    Il y avait quelqu'un sur la plage, Longues Dents et deux femmes. Kiin ? Non, c'était la mère d'Amgigh. Nez Crochu était derrière elle. Où était Kiin ?
    Il balaya la plage du regard, puis les toits d'ulaq. Elle savait qu'il devait rentrer aujourd'hui ou demain. Serait-elle partie dans les collines ramasser des racines, dans les falaises appâter des oiseaux? N'était-elle pas meilleure épouse que cela?
    Rageur, Amgigh poussa son ikyak sur le bord, libéra la jupe et sauta sur la plage. Il s'empara de son bateau, puis sentit une main sur son épaule. C'était Oiseau Gris. L'homme avait noirci son visage de charbon, signe de deuil, et Amgigh sentit le soudain tremblement de son cœur qui bondit hors de sa poitrine pour aller se nicher haut dans sa gorge.
    — Kiin? demanda-t-il d'une voix étouffée, le cœur au bord des lèvres.
    Puis Kayugh fut près de lui, la main un moment sur l'autre épaule d'Amgigh.
    — Elle est morte? murmura Kayugh.
    Oiseau Gris hocha la tête.
    — Nous avons découvert son ik dans le varech. Il y avait un trou dans le fond.
    — Vous n'avez pas trouvé son corps? demanda Kayugh.
    — Non, répondit-il en levant les yeux

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