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Ma soeur la lune

Ma soeur la lune

Titel: Ma soeur la lune Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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entreprit d'étudier les coutures de l'habit.
    — Je lui ai dit que c'est toi qui l'avais fait, expliqua Qakan en souriant du coin de la bouche.
    — Mais c'est Cha-Chagak..., protesta Kiin avant de s'interrompre, ayant honte de son frère. Tu-tu es plein de mensonges, Qakan, s'indigna-t-elle en luttant pour contrôler le tremblement de sa voix.
    Elle savait que les yeux des hommes étaient sur elle, jaugeant son corps, mais elle s'y était attendue. Quel homme prendrait une femme pour épouse s'il ne l'avait vue qu'enveloppée dans un suk ? Peut-être que dessous elle était marquée par quelque esprit prouvant qu'elle était maudite. Kiin savait que les hommes verraient sa malédiction comme une bénédiction. Or, comme elle ne connaissait pas leur langue, elle serait incapable d'expliquer.
    L'homme aux labrets pointa soudain Kiin du doigt et parla. Il tendit le suk de Kiin et le lança à Qakan.
    — Il pense que tu as froid et que tu dois remettre ton suk, dit Qakan.
    Qakan se posta de nouveau derrière Kiin et, cette fois, lui saisit les bras et les tint écartés. Il fit une remarque qui provoqua le rire de certains. Kiin essaya de lui faire lâcher prise mais il lui coinça les bras dans le dos et les maintint d'une main tandis que, de l'autre, il lui serrait les seins.
    Ils étaient douloureux à cause de sa grossesse et elle frémit à ce contact.
    — Laisse-moi, siffla-t-elle.
    Mais Qakan s'esclaffa :
    — Je leur ai dit que tu ferais une bonne mère.
    Puis il lui tapota le ventre et dit quelque chose ; les
    hommes retinrent leur souffle ; certains s'avancèrent et se penchèrent pour voir le ventre de Kiin.
    Les hommes sourirent, parlèrent d'une voix plus forte, plus haute. Kiin donna soudain un coup de coude dans le ventre de Qakan. Il lâcha prise, Kiin pivota sur elle-même et lui reprit son suk.
    — Tu-tu leur as dit que j'attendais ton-ton enfant ? Tu-tu leur as dit que tu es à la fois son père et son oncle?
    Les Hommes Morses riaient. Mais Kiin vit la colère dans les yeux de Qakan.
    — Pour-pourquoi es-tu fâché? s'enquit-elle. Tu tireras encore plus de moi, maintenant. J'ai montré ma force.
    Elle s'assit sur ses talons et passa son suk au-dessus de sa tête.
    — Imbécile! lança-t-il.
    Et il plongea en avant, saisissant Kiin par les cheveux. Mais, soudain, un des hommes qui les avaient conduits au village fut à côté de Qakan et l'attrapait par les cheveux. C'était le père. Il s'exprima d'un ton bas et sévère. Qakan laissa Kiin tranquille. Il posa une question à Qakan qui, tout en se frottant la tête, ordonna à sa sœur :
    — Va avec lui. Il va t'emmener chez les femmes.
    L'homme montra le chemin et Kiin suivit.
    Le schiste de la plage laissa place au gravier, le gravier à l'herbe. Un chemin contournait la colline jusqu'à une vallée et, même dans l'obscurité, Kiin vit dix, douze monticules, comme de longs ulas, à ceci près que les toits n'étaient pas en gazon mais en peaux grattées formant un sommet pointu. Des lumières brillaient à l'intérieur, si bien que chaque monticule ressemblait à un petit feu brûlant dans la vallée. Ils étaient disposés autour d'un ulaq très long, faiblement éclairé, et Kiin se demanda si ce n'était pas la demeure du chaman ou d'un chef puissant de ce peuple.
    L'homme désigna du doigt un ulaq tout proche et dit quelques mots, puis il la saisit par la main et l'entraîna. Une peur soudaine l'envahit; si seulement elle comprenait !
    Et s'il l'emmenait pour être sa femme ? Comment pourrait-elle se donner à un homme alors que Qakan l'avait maudite et que sa malédiction s'étendait à tout homme qui la prendrait ?
    Tandis qu'ils approchaient, Kiin repéra, sur un des côtés, une ouverture triangulaire masquée par un rideau d'herbe tressée. L'homme ouvrit le rabat et fut accueilli par une voix de femme. Puis, une seconde voix.
    Il tira Kiin à l'intérieur. Deux vieillardes étaient assises en tailleur, face à face, une natte d'herbe drapée sur leurs genoux. Chacune cousait un motif à une extrémité de la couverture. Leurs aiguilles étaient munies de longs fils de nerf coloré. Les deux femmes avaient les cheveux blancs des personnes très âgées ; des lignes leur partaient du coin de l'œil et de la bouche. Elles portaient le même type de parka à capuche que les hommes, sauf que ceux-ci étaient ornés de bandes de fourrure aux poignets et que le devant était coloré de perles de coquillages brillants assemblées

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