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Madame Catherine

Madame Catherine

Titel: Madame Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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traite – en tout cas sans longue halte –, l’avait épuisé. Il aurait aimé flâner encore, mais le devoir l’appelait chez le connétable, son oncle, afin de préparer l’audience du soir. Il s’étira longuement et sonna pour qu’on l’aidât à se préparer.
    Depuis quelques semaines, Montmorency l’avait placé au centre des pourparlers de paix. Flanqué d’un diplomate averti, l’abbé de Basse-Fontaine, il avait ainsi mené, côté français, les tractations de l’abbaye de Vaucelles {35} , et obtenu des conditions inespérées : le roi Henri conservait non seulement les Trois-Évêchés de Metz, Toul et Verdun, mais il voyait s’accroître son royaume de territoires aussi cruciaux que la Flandre, le Hainaut et le Luxembourg !
    Un page lui apporta de quoi déjeuner.
    — Voilà qui n’est guère appétissant, grogna-t-il en jetant un oeil torve à l’assiette.
    Il allongea le bras, décrocha de sa cape une fibule {36} , et se servit de l’épingle pour percer un oeuf.
    Certes, la volonté d’en finir du vieil empereur, soucieux de réussir ses abdications {37} , avait préparé un tel succès ; mais on ne manquerait pas d’y voir aussi l’effet d’une habileté que les Montmorency, oncle et neveu, revendiqueraient haut et fort – au détriment des Guises...
    Sitôt conclue la paix, l’amiral de Coligny avait envoyé un émissaire à la Cour, tandis qu’il se rendait lui-même à Bruxelles auprès de Charles Quint. Le vénérable monarque l’avait reçu fort civilement – en dépit de ses penchants pour la Réforme – et l’avait chargé de compliments pour le vieux sanglier d’Écouen, depuis trente ans son complice. Une idée vint au comte.
    — Qu’on m’appelle vite un secrétaire ! ordonnat-il, avant de gober deux oeufs, coup sur coup.
    Vincent Caboche, plus ébouriffé que jamais, se présenta presque aussitôt.
    — Ah, vous êtes réveillé... Notez, je vous prie !
    Le jeune homme posa son écritoire sur ses genoux, et trempa sa plume dans un encrier minuscule.
    — Lors de l’entretien qu’il nous accorda, l’empereur Charles prononça les paroles suivantes : « Ce siècle aura connu, dit-il, trois grands capitaines, à savoir : moi-même, le duc d’Albe et le connétable de Montmorency. » L’ayant repris sur ce qu’il oubliait Votre Majesté...
    Coligny s’interrompit pour laisser un peu de temps à son scribe.
    — Je poursuis : L’ayant repris sur ce qu’il oubliait Votre Majesté, il me dit : « Vu son jeune âge et sa courte expérience, le roi Henri ne saurait encore avoir atteint ce grand nom et perfection. Mais il est déjà si brave et courageux et fils de France et ambitieux, qu’avec le temps, sans aucun doute, il y parviendra aisément. » La saillie m’a paru belle, et digne d’être rapportée ici... Relisez !
    Vincent s’éclaircit la voix.
    — Lors de l’entretien qu’il...
    Le comte l’interrompit.
    — Vous n’avez mis aucun titre ?
    — Non, monsieur.
    — Comment appelleriez-vous ça ?
    — Pourquoi pas «  Un mot plaisant de l’empereur Charles » ?
    Coligny sourit. Sur son long visage à la barbe effilée, le moindre amusement, la plus légère ironie se décelaient sans peine.
    — Parfait. Donc ?
    — Lors de l’entretien qu’il nous accorda...
    — Vous ai-je déjà dit, le coupa de nouveau l’amiral, qu’un bon secrétaire se devait de présenter toujours un visage avenant ?
    Caboche ne répondit pas. Mais au lieu de se détendre, il arbora des traits plus funèbres encore.
    — Enfin, mon vieux, qu’avez-vous donc ? L’on dirait toujours que vous venez d’enterrer père et mère !
    — C’est aussi, monsieur, que j’ai des raisons d’être triste...
    — En êtes-vous bien certain ? Après tout, je me suis laissé dire que vous aviez la foi...
    Le secrétaire leva les yeux.
    — ... Voire, que vous n’étiez pas étranger aux idées de M. Calvin !
    De triste, l’expression de Vincent se fit soudain craintive. Depuis cinq ans, il avait redouté d’être démasqué à la Cour. Mais il ne répondit pas davantage.
    — Notez, précisa Coligny, que cela ne me regarde pas. Simplement, je me dis que si vous aviez un jour besoin de mon soutien...
    — Monsieur me fait beaucoup d’honneur.
    — C’est en frère, que je vous parle, non en supérieur – cela dit, le chapitre est clos. Relisez !
    Le roi reçut le comte de Coligny pendant une heure entière, et – privilège

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