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Madame Catherine

Madame Catherine

Titel: Madame Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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aux espérances de la jeune dame.
    — C’est curieux, dit le roi, j’y songeais justement...
    Le sanglier retint son souffle ; allait-il réussir ?
    — J’y songeais, répéta Henri.

 
    Meaux.
    Dès qu’il avait su la nouvelle, Vincent avait pris congé de la Cour et s’était jeté sur la route de Meaux pour venir embrasser Françoise, la cajoler, la remercier de toute son âme. Ainsi, Dieu n’avait pas maudit leur union ; ainsi le Ciel leur accordait la grâce de fonder une famille ! Après tout, se disait-il, son crime n’était peut-être pas si grand : même sans cette confidence à la duchesse de Valentinois, Gautier de Coisay aurait fini par se faire prendre...
    D’aussi loin qu’il la vit, la maison à pans de bois, avec ses hourdis ocre, lui emplit le coeur de la plus douce, de la plus troublante émotion. C’était donc là, chez son frère, dans ce discret foyer meldois {41} , que devait voir le jour l’enfant que Françoise allait lui donner ! Vincent espérait un garçon, mais il se disait que, de toute manière, leur famille serait nombreuse.
    — Elle t’attend, lui dit Gilles Caboche, son grand frère, dès qu’il eut pénétré dans la cour.
    — Comment va-t-elle ?
    — Le mieux du monde, répondit l’autre en se chargeant du cheval. Elle est près de la grande cheminée.
    Vincent, que le voyage n’avait même pas fatigué, grimpa les marches quatre à quatre, jusqu’à la salle principale de la maison. L’escalier, tout de bois, avait grincé sinistrement. Nanon, debout à côté de sa maîtresse, lui enjoignit par signe de faire moins de bruit : Françoise s’était assoupie. Trop tard. Elle clignait déjà de l’oeil et, soudain transportée de joie, ouvrit grand ses bras à son époux.
    — Oh, mon aimé ! s’émut-elle.
    — Ma toute belle !
    Avec des précautions inédites, Vincent l’attira jusqu’à lui et l’embrassa longuement.
    — Comment te sens-tu ? demanda-t-il.
    — Comme une femme heureuse...
    — Heureuse, mais bien fatiguée, voyons-nous ? intervint Nanon.
    — Fatiguée ? s’inquiéta Vincent.
    — Pardi ! Elle ne peut rien avaler et ne dort presque pas !
    — Maintenant qu’il est là, la houspilla Françoise, tout va rentrer dans l’ordre.
    Un masque d’angoisse avait changé les traits du secrétaire.
    — Françoise, dis-moi la vérité ! Cette grossesse est-elle difficile ?
    — Elle est difficile, un peu... Mais qu’est-ce qui ne l’est pas ?
    — Peut-être devrions-nous convoquer une matrone...
    — Il en est venu deux ce matin, coupa de nouveau Nanon. Mais Madame ne fait pas ce qu’elles lui ont recommandé !
    — Et qu’ont-elles recommandé ?
    — Elles voudraient que je m’alite, concéda la jeune femme en haussant les épaules.
    — Si c’est leur souhait, obtempérons ! trancha Vincent.
    — Mais non, enfin...
    Sans demander l’avis de sa femme, il la souleva et, précédé par une Nanon radieuse et soulagée, la porta jusqu’au deuxième étage où il la mit au lit lui-même. Françoise riait de cette espèce d’enlèvement et de ces précautions excessives.
    — Vincent, allons...
    — Tiens-toi tranquille !
    — Embrasse-moi...
    Gilles, le grand frère, franchit alors le seuil de la chambre.
    — Il faut s’occuper de ma femme, lui lança Vincent sur un ton de reproche. Je ne veux plus qu’elle se lève du tout.
    — N’est-il pas un peu tôt ?
    Mais jusqu’au soir, le jeune époux se tint au chevet de son épouse pour l’empêcher de bouger ; il lui servit à souper lui-même, puis vint se coucher près d’elle pour la nuit, sans qu’elle ait pu se lever autrement que pour aller à sa chaise {42} .
    — Je ne vais tout de même pas rester recluse ainsi pendant six mois, jusqu’à mes couches ! protesta Françoise, mi-excédée, mi-amusée des soins extrêmes imposés par son mari.
    — Puisque les matrones te l’ont conseillé !
    La jeune femme haussa de nouveau les épaules. Elle tourna vers Vincent un regard coquin, puis glissa hardiment sa main sous la chemise du jeune homme. Mais elle le trouva de marbre.
    — Ce ne serait pas bien, dit-il. Pour l’enfant...
    — Nous avons tout le temps, assura-t-elle. Allons, Vincent...
    Elle se mit à le caresser avec fougue. D’un geste ferme, il saisit alors son poignet, l’écarta de lui, se retourna et lui souhaita bonne nuit.
    Il avait pris la grossesse pour échappatoire, mais, à la vérité, c’est

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