Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Madame Catherine

Madame Catherine

Titel: Madame Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
Vom Netzwerk:
puis son pas s’éloigna, et il dévala l’escalier.
    — J’avais cru, hasarda la nièce, que vous l’aviez bien aimé...
    — Justement, la coupa Simon. Je l’ai déjà bien trop aimé.
    Elle ouvrit la porte, reprit ses vêtements qu’elle remit tranquillement. Ils échangèrent encore quelques mots, se serrèrent fort l’un contre l’autre et Françoise redescendit.
    Quand elle dit à Godefroy qu’on ne souhaitait plus lui parler, son sang ne fit qu’un tour ; il remonta l’escalier quatre à quatre, fondit sur la chambre : elle était vide. Le moine barbu s’en était allé par l’échelle de derrière.

 
    Paris, palais de la Cité.
    — Circulez, bonnes gens, ne restez pas ici !
    Les archers de la garde avaient beau dire, beau faire, les greffiers, les clercs, la basoche – le petit peuple du Parlement – se pressaient dans la galerie que devait traverser le roi au sortir de la messe. La curiosité motivait la plupart d’entre eux ; d’autres étaient là dans l’espoir de remettre un placet, ou de se faire bénir des cardinaux de la suite ; quant au dernier, un homme encore jeune, noir d’habits et crépu, il attendait le roi, tout simplement, pour le tuer.
    Vincent Caboche n’était pas venu d’une seule traite à cette extrémité. Mais plus les mois passaient, et plus il peinait à supporter sa désolante existence. Ainsi avait-il, lui, l’enfant de la Réforme, espionné pour la sinistre Diane de Poitiers – autant dire l’ennemie jurée de Calvin. Il avait trahi la confiance des frères de Châtillon, et surtout celle de l’amiral. Il s’était fait l’assassin, par délation, d’un très brave gentilhomme, pour mieux tromper sa fille par la suite – et finalement l’abandonner. Certes, il n’était pour rien dans l’arrestation de ses propres frères, à Meaux ; mais il devinait bien que Françoise l’en soupçonnait et finirait par lui en demander justice.
    Autant dire qu’à force de louvoyer, il était devenu le plus lamentable des humains : à la fois cible de son camp et jouet du camp d’en face !
    Seulement, depuis quelque temps, une idée, comme un beau rayon, était venue illuminer sa nuit. C’est l’exécution de ses frères, et plus généralement, la mort promise à tous les hérétiques {55} , qui lui avaient ouvert les yeux.
    Son idée présentait au moins le mérite de la clarté : puisque l’ennemi de la Réforme, en dernier ressort, était le roi lui-même, il allait donner la mort à ce tyran sanguinaire, et obtenir d’un seul et même coup quatre résultats inespérés : venger les siens, desserrer l’étau, regagner l’estime de Françoise et trouver la mort à coup sûr ! Voilà pourquoi, en ce matin suffocant de septembre, il attendait la fin de la messe royale, dite pour une fois en la Sainte-Chapelle.
    — Circulez, monsieur, passez votre chemin ! lui intima, l’un des archers, fatigué de se répéter.
    — Je suis secrétaire de l’amiral de France, précisat-il d’un ton sans réplique.
    L’autre rectifia la position et n’insista plus.
    À dix heures, les portes du passage entre la chapelle haute et les galeries furent ouvertes à grand bruit, tandis que retentissaient les cloches et que les pages, les laquais, les porteurs s’activaient en tous sens – signe imparable du passage imminent d’un cortège royal. À son propre étonnement, Vincent comprit que les choses se présenteraient mieux encore que prévu. Ainsi les archers, impressionnés peut-être par son titre de « secrétaire de l’amiral de France », l’avaient-ils exclu d’un petit groupe de curieux, soigneusement repoussé de côté. Plus étonnant encore : l’un des gardes, courtoisement, le laissa passer de l’autre côté du cordon. Plus rien ne viendrait donc s’interposer entre sa victime et lui.
    C’est du moins ce qu’il avait cru. En vérité, plusieurs hallebardiers vinrent se poster, au dernier moment, de part et d’autre du passage... Le roi parut alors, suivi d’un petit nombre de dignitaires ; il s’entretenait gravement avec le cardinal de Guise, un des frères cadets du cardinal de Lorraine.
    Le voyant s’avancer tout près, Caboche n’hésita plus. Il tira son épée et se précipita sur le monarque en criant :
    — Ha, polletion {56} , il faut que je te tue !
    Le coup porta bien près. Seulement, Henri, chevalier aguerri, de surcroît champion de paume, ne manquait pas de réaction : il sut esquiver à temps en

Weitere Kostenlose Bücher