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Madame Catherine

Madame Catherine

Titel: Madame Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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suffirent bientôt plus à nourrir le contact, tantôt frottement, tantôt frôlement, avec ces attraits offerts.
    Mais pour qui se prenait-elle ?
    Dénouant nerveusement son col et ses manches, il retira sa chemise sans trop de grâce, et avide de promener son corps ému sur celui, tout palpitant, de la belle, il vint la téter comme un enfant, lui lécher le nombril à la manière d’un chat, couvrir sa toison divine de mille petits baisers, affolés et légers comme des papillons.
    Alors, comme animée par l’effet d’un philtre, elle se mit à onduler, à se cambrer, à frémir et haleter de toute la vigueur de ses vingt ans.
    Pour qui se prenait-elle donc ?
    Mais pour la jeunesse, enfin, pour la vie et pour la santé même ! François se dit qu’il ne l’aimait pas, ne l’aimerait jamais. Seulement, le moyen de résister à cette sorte de fougue ! Diane se donnait entière, sensuellement, depuis la plante des pieds jusqu’aux boucles des cheveux.
    Il lui concéda en retour le plus langoureux des grands baisers, tandis qu’il faisait d’elle sa femme, enfin, et fusionnait chair en chair dans un débordement des sens à les mener, ensemble, tout près d’une forme de mort... Elle partagea son extase, la prolongea, s’offrit à son tour une friande visite du corps de son mari.
    S’il avait seulement pu bouger un peu...
    — François ? demanda-t-elle.
    Il s’était assoupi, un bon sourire au coin des lèvres.
    — Mon ami ?
    Tout à ses rêves, il ne répondit pas. Alors la fille du roi put à son tour arborer un sourire étincelant – de ceux qu’inspire la victoire, quand elle est sans réserve.

 
    Ourscamp et Noyon.
    Il y avait, chez Françoise de Coisay, plusieurs blessures à vif qui la rendaient vulnérable à certains mots, à certains lieux. Ainsi, prononcer le nom de Noyon suffisait à la plonger dans les affres ; quant à s’en approcher, c’était l’exposer à coup sûr aux pires réminiscences.
    La dernière fois qu’elle avait pris la route d’Ourscamp, c’était en compagnie de Vincent, afin d’accompagner Simon jusqu’aux abords de son nouveau séjour... Cette fois elle avait cheminé sous la protection de Godefroy, et n’avait d’autre ambition que de tirer son oncle de son monastère, pour l’enrôler dans une véritable entreprise de vengeance.
    Quelques jours plus tôt, l’on avait appris qu’à Meaux, les frères Gilles et Jean Caboche venaient d’être arrêtés et convaincus « d’injures atroces, libelles diffamatoires, menaces, blasphèmes, exactions » – autant dire qu’on les avait dénoncés en tant que Réformés. Le délateur pouvait-il être Vincent ? Rien ne permettait de l’affirmer, mais rien n’aurait pu convaincre Françoise que ce n’était pas lui. Depuis qu’elle connaissait le mal qu’il avait fait à son père, l’envoyant sciemment au bûcher pour éliminer un obstacle à ses vues, elle le savait capable des plus ignobles forfaits.
    — Ce monstre est un danger pour nous tous, avait-elle déclaré. Nous devons à présent le supprimer.
    À la place de Godefroy, tout compagnon doué de raison aurait détrompé Françoise, et lui aurait montré sans peine combien ses projets criminels s’opposaient au fondement même de la pensée chrétienne. Seulement le soldat errant privilégiait une conception active et combative de la lutte religieuse, et l’obsession de la jeune femme ne faisait que recouper ses propres conceptions. Aussi n’avait-il rien fait pour la dissuader de punir Caboche.
    Parvenus à la bifurcation d’Ourscamp, ils mirent un moment pied à terre. Les femmes n’étant pas admises à l’abbaye, La Renaudie continua seul, laissant sa compagne au pied d’un très vieux chêne ; c’était d’autant moins prudent qu’au loin, se percevaient les roulements du tonnerre.
    Quand Godefroy revint, l’orage s’était rapproché ; des éclairs striaient l’horizon, et la pluie s’était mise à tomber dru.
    — Ton oncle n’était pas dans l’aile des convers, annonça le Périgourdin. On me dit qu’il a mené des chevaux au marché de Noyon.
    — Ça, je ne puis ! se raidit Françoise. Pas question de remettre les pieds dans cette ville maudite ! Attendons-le ici !
    — Je regrette, mais j’ai bien l’intention de me sécher, et de me nourrir, rétorqua Godefroy, avec cet accent rocailleux qui lui revenait dès qu’il était nerveux.
    — La Forest ! hurla soudain Françoise. La Forest,

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