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Madame Catherine

Madame Catherine

Titel: Madame Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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de contracter mariage sans l’assentiment écrit de leurs parents. François ayant dépassé les vingt-six ans, on avait étendu jusqu’à trente la définition de l’enfance ! Et pour que la promesse fût réputée nulle, on conféra – chose rarissime – à cette norme un caractère rétroactif ! N’était-ce pas le plus beau cas de « loi opportune » ?
    Les noces avaient eu lieu en mai 1557, à la fois grandioses et sinistres. Par une ironie dont les vieux courtisans goûtaient probablement le sel, la greffe Montmorency sur l’arbre des Capétiens s’était faite par une branche fautive, et sans la moindre onction d’amour – en tout cas du côté du marié... L’union n’avait même pas été consommée, et l’irruption de la guerre dans cette histoire sordide avait dispensé le jeune héritier de toute intimité conjugale. C’est à peine si, depuis le mariage, il avait passé une journée en tout avec sa jeune épouse !
    Et pourtant, si quelqu’un avait osé, en ces temps de défaite, demander à François de Montmorency quel regard il portait sur le rôle de son père dans toute cette affaire, il aurait eu la surprise d’entendre l’héritier approuver les choix paternels, et leur savoir un gré sincère. Car tel était son sens du devoir et son intime conscience des intérêts de la lignée.
    Qui conseilla Diane de France, et la convainquit de venir, sans y avoir été conviée, à la rencontre de son mari ? Était-ce un courrier de son beau-père, une allusion de sa belle-mère ou bien un ordre de sa marraine, la très habile Diane de Poitiers ? À moins que la fille naturelle du roi n’eût pris seule une telle résolution...
    Toujours est-il que, par un soir flamboyant de ce curieux été, Diane fit – en coche, comme la reine {52} – une arrivée remarquée à l’hôtel de Montmorency. François, stupéfait, ne put s’empêcher de trouver pleine d’audace une entrée à ce point tapageuse, condamnant à la publicité un éventuel camouflet comme un possible triomphe... Il décida de lui donner sa chance, et sans se déplacer lui-même, fit savoir à la jeune épousée qu’elle recevrait, le soir même, la visite de son nouveau mari...
    Quand il pénétra, à pas comptés, dans la chambre de sa femme, François remarqua d’abord que les lumignons habituels avaient cédé la place à des bougies de cire au parfum miellé. De grands bouquets de lys, disposés çà et là, charmaient l’oeil autant que le nez ; sur le lit, les étoffes – pentes, cantonnière et courtines – habituellement de tapisserie, étaient ce soir-là de drap blanc. Les rideaux, entre les colonnes, étaient fermés, certes, mais comme illuminés de l’intérieur.
    — Diane, mon amie ?
    L’époux – qui n’avait peut-être encore jamais appelé sa femme par son nom – se sentit bien gauche, bien démuni au moment d’aborder ce lit. Il aurait donné la moitié de sa vie pour que son occupante fût, non pas la fille bâtarde d’Henri II, mais sa belle, sa bien-aimée Jeanne !
    — Diane ?
    La jeune femme ne répondant pas, le jeune homme approcha. Il était déjà en chemise, la tête et les pieds nus, et se faisait un peu l’effet d’un condamné qu’on mène à l’échafaud.
    — Mon amie ?
    Quand il écarta le rideau, François resta bouche bée. Diane était presque allongée, en dépit de la coutume, la tête seulement relevée par deux coussins, les bras délicatement posés le long du corps, la jambe droite un peu repliée. Or, ignorant toute convention, toute bienséance même, elle était entièrement nue. «  Eva prima Pandora  », se dit François en songeant à la sublime tentatrice de M. Cousin {53} .
    C’était un nouveau risque, et de taille, pour Diane ; car son mari, offusqué de tant d’impudeur, aurait pu prendre la fuite. Se croyait-elle donc si belle, qu’elle vînt s’offrir ainsi, tout lascivement, comme une fille {54} ? Il sentit la colère le gagner.
    Pourtant il ne partit pas. Même, il grimpa au bord du lit, et jouit du spectacle en esquissant un sourire en coin... D’une main encore hésitante, il accepta de caresser ce corps mis en valeur par la pause. Le galbe des cuisses de la jeune femme, l’ove de son petit ventre, l’arrondi charnu de ses seins, jusqu’aux volutes d’un cou très délicat, faisaient une harmonie de courbes vives, fondue dans la douceur d’ivoire de la peau fine, si fine. Les paumes de François, et ses longs doigts, ne

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