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Madame Catherine

Madame Catherine

Titel: Madame Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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reculant d’un bond. Deux gardes, avec leur hallebarde, parèrent le coup par ailleurs, et désarmèrent l’assassin ; de sorte que le roi ne fut pas touché du tout.
    Vincent, mortifié au-delà des mots par cet échec ultime, tenta plus ou moins de se fondre dans les badauds, mais les archers s’assurèrent sans peine de sa personne. Un capitaine défourailla, prêt à l’abattre sur-le-champ.
    — Surtout pas, malheureux ! défendit le roi. Que l’on s’assure bien de cet homme, et qu’on veille à ce que rien ne lui arrive !
    Henri, bouleversé par cette lèse-majesté, entendait qu’on interrogeât le forcené. Au besoin, il n’hésiterait pas à le faire lui-même.
    À son dîner {57} , le roi ne toucha presque à rien, ce qui était fort rare. Il paraissait plus que préoccupé, et ses traits, en quelques heures, s’étaient creusés sur son visage oblong, déjà si triste d’ordinaire.
    Au sortir de table, il était passé, comme de coutume, chez la duchesse de Valentinois, mais même sa chère et vieille amie n’avait su le dérider.
    — Voilà bien de la bile pour un fou, se moquait-elle.
    — Cet homme n’est peut-être pas aussi fou qu’on le prétend, ruminait le roi. Et s’il s’avère qu’il agissait sur ordre, alors il nous faut tout apprendre sur les commanditaires.
    À la vérité, ceux qui connaissaient la Cour dans ses rouages les plus intimes savaient que, depuis deux ou trois ans déjà, l’étoile de Diane avait pâli. Certes, Henri continuait d’honorer les différents logis de sa vieille maîtresse – elle aurait bientôt soixante ans ; bien sûr, il demeurait très poli envers elle, et bien assidu ; mais il y avait longtemps qu’on ne les voyait plus minauder ensemble. Et certains, mieux renseignés peut-être, ou plus observateurs que d’autres, avaient compris que pour la bagatelle, le roi s’adressait de plus en plus volontiers à sa femme – quand il ne volait pas, à la dérobée, vers de secrètes amours d’un soir...
    Diane de Poitiers souffrait de cette lente déréliction, mais elle était trop intelligente pour vouloir s’opposer au temps qui passe et, refusant de lutter contre l’inéluctable, consacrait plutôt ses talents à s’y adapter.
    — Je voudrais au moins, dit le roi, connaître les premières conclusions...
    — Faites quérir Bertrandi ! proposa Diane.
    Mais à défaut du garde des Sceaux, c’est un conseiller de la chancellerie qui finit par se présenter.
    — Eh bien, demanda le roi. A-t-il parlé ?
    — Non, sire. Cet outrage est l’acte d’un fou.
    — Ce n’est pas mon sentiment, coupa Henri, fâché. Qu’a-t-il dit, au juste ?
    — Rien d’intelligible, ou qui vaille seulement d’être rapporté à Votre Majesté.
    — « Rien d’intelligible » ? Seriez-vous donc tous incapables de l’interroger ?
    — Sire, nous avons...
    — Il suffit ! trancha le roi.
    Le monarque avait tapé du poing sur une table, et se montrait d’une impatience et d’une irritation tout à fait inhabituelles.
    — Monsieur, puisque, apparemment, personne, dites-vous, n’a rien pu tirer de ce prétendu fou, je vous ordonne de me l’amener.
    — De l’amener... À Votre Majesté ?
    — Je parle français, monsieur. Si vous ne comprenez pas ce Caboche, au moins faites-moi la grâce d’entendre mes ordres !
    — C’est-à-dire...
    — Allons, faites, monsieur. Cela ne saurait souffrir aucun délai.
    Le conseiller amorça une révérence et, la mine fort soucieuse, paraissait sur le point de sortir quand, le regard vague et la voix tremblante, il redemanda la parole.
    — Qu’est-ce encore ?
    Jamais on n’avait vu Henri aussi près de céder à la colère.
    — Il se trouve, sire, qu’accéder à vos demandes risque d’être... assez difficile...
    Diane de Poitiers se leva, d’un air entendu ; elle avait déjà compris... Le roi, lui, ne vit rien venir.
    — Et pourquoi cela, je vous prie ?
    — Eh bien... Les magistrats du Parlement, soucieux d’apporter à ce crime ignoble la réponse ferme et prompte qu’il leur a paru exiger, ont déjà condamné l’assassin.
    — Je fais grâce, jusqu’à plus ample informé.
    — Mais, sire...
    — Qu’on m’amène cet homme ! Qu’on me l’amène, est-ce assez clair ?
    Le roi perdant son sang-froid, la duchesse crut bon d’intervenir.
    — Sire, si je comprends ce que ce pauvre homme essaie de vous dire, la sentence de mort a déjà été

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