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Madame Catherine

Madame Catherine

Titel: Madame Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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et la terreur du supplice lui tenait lieu de principe politique.
    — Le moment est venu de frapper un grand coup, martela-t-il. La Bête relève la tête, il convient de lui trancher le col.
    Le roi ne bronchait pas ; il glissa sur ce chapitre pour revenir à celui, plus souriant, des fêtes en préparation pour les mariages.
    — Je souhaite que des hérauts s’en aillent crier partout, à son de trompe, que les tenants du tournoi combattront en champ clos contre tout chevalier venant. N’est-ce pas le moment de jauger un peu notre jeunesse de France ?
    Les dignitaires demeurèrent cois. Cette passion du roi pour les rites chevaleresques leur semblait d’un autre âge – et singulièrement déplacée, au regard des difficultés financières et des troubles religieux du moment.
    Henri sentit leur réprobation muette ; alors il quitta ses carreaux de verre battus par la pluie, et vint se rasseoir à la table du Conseil. Les autres en profitèrent pour l’imiter. Le roi soupira lourdement.
    — Mon cousin, dit-il en se tournant vers Charles de Lorraine, vous semblez plein d’idées pour combattre l’hérésie... À moins que ce ne soient ces messieurs du Parlement que vous ne vouliez abattre !
    Le cardinal caressa les deux pointes de sa barbe frisottée. Il avait inspiré la déclaration royale du 14 mars, confiant à l’Inquisition, en fait de police religieuse, des pouvoirs réservés, jusque-là, aux cours de justice. Le Parlement de Paris l’avait pris en mauvaise part ; et cela faisait des semaines qu’il en débattait lors de ses fameuses mercuriales {58} . Au-delà d’un conflit de compétence, il s’agissait, pour les magistrats parisiens, de fixer des limites à la rage des Guises contre la Réforme. Un nombre croissant de conseillers, las d’envoyer au bûcher de braves gens peu suspects d’hérésie, profitait en effet de ces réunions pour prêcher la modération, et suppliait qu’on se montrât tout à la fois moins sévère et plus sage envers les « religionnaires ».
    — Sire, attaqua le cardinal, j’ai pris sur moi de convoquer le Premier président du Parlement, le très avisé Gilles Le Maistre. Il patiente en ce moment dans l’antichambre. Agréerait-il à Votre Majesté que nous l’entendions ?
    Henri se contenta d’opiner du chef. Sur un signe du cardinal, l’huissier ouvrit grand la porte au premier président, qui s’avança dans la pièce en pratiquant les révérences d’usage. Diane le pria de prendre place sur un des sièges demeurés libres.
    — Monsieur, joua le cardinal en feignant d’improviser une question répétée de longue date, pourriez-vous renseigner Sa Majesté sur la teneur de ces réunions qui, depuis plusieurs semaines maintenant, agitent les magistrats de vos cours ?
    — Monseigneur...
    — C’est au roi que vous devez parler.
    — Pardon... Sire, depuis la fin du mois d’avril, nos mercuriales sont entièrement occupées par la question de la répression de l’hérésie. Et la vérité m’oblige à confesser à Votre Majesté que plus le temps passe, et plus la voie de la modération m’y paraît gagner du terrain.
    — La voie de la modération...
    — Oui, sire. En vérité, plusieurs de nos magistrats se révèlent ouvertement acquis à la cause hérétique, et malgré tous mes efforts et ceux de quelques autres, ils utilisent le Parlement comme une tribune pour propager leur science infecte.
    Le roi frappa violemment du poing sur la table. Le cardinal et la duchesse échangèrent un regard entendu.
    — Voyez, sire, jusqu’où s’est portée la sédition !
    Car depuis longtemps les Guises, soucieux de gagner Henri II à leurs vues, avaient eu l’habileté d’associer, dans son esprit, Réforme et désordre, évangélisme et désobéissance.
    — Et que pouvons-nous faire ?
    La question du roi s’adressait au Premier président qui, prudemment, interrogea le cardinal du regard. Charles de Lorraine se pencha vers son maître et adopta, pour le convaincre, son ton le plus mielleux.
    — Rien n’interdit à Votre Majesté de se présenter, sans prévenir, aux portes du Parlement, et de vouloir assister Elle-même à l’une de ces « mercuriales »... Si les propos qu’Elle y entend heurtent la religion ou l’État, alors il faudra prendre les mesures qui s’imposent...
    — Quand cela ne servirait qu’à rassurer les Espagnols, appuya Diane, vous devez suivre le conseil du cardinal.
    Le roi ne quittait

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