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Madame Catherine

Madame Catherine

Titel: Madame Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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non !
    Mais il avait repris sa route, affectant de ne plus s’occuper d’elle. Alors, la rage au ventre, elle se remit en selle et le suivit à distance.
    Quand elle pénétra dans cette ville où son père était mort – cette ville qui l’avait tué, en vérité, ou du moins laissé tuer – des émotions violentes submergèrent la jeune femme. Elle revit avec horreur ce marché couvert, dont elle avait vu les poutres chargées de badauds sanguinaires ; et puis cette place où se dressait toujours un immonde échafaud avec sa potence, bien que dépourvu, en temps normal, de corde et de bûcher. C’était la fin du marché, et la foule encore assez dense en rappelait forcément un autre...
    — Godefroy, je t’en supplie !
    Elle tomba du cheval dans ses bras, et il la rassura comme on cajolerait une petite fille égratignée.
    Tandis qu’il s’occupait des montures, Françoise, trempée jusqu’aux os, entra dans la taverne où Gautier, jadis, s’était laissé piéger. Simon s’y trouvait attablé dans un coin, seul au sein de la cohue, devant une miche de bon pain, un morceau de jambon et un pichet de vin. Sa barbe était immense, et son habit de convers, un peu crasseux...
    — Mon Dieu, fit-il en se signant, ça alors ! Ne me dites pas que c’est ma Françoise !
    — Mon oncle !
    La jeune femme embrassa le bonhomme avec effusion. Il eut un mouvement de recul en la découvrant si mouillée, et insista pour qu’elle montât dans une chambre, le temps que l’on sécherait ses vêtements. Elle se laissa faire sans trop protester, répondit aux questions anodines de son oncle, jusqu’à celles qui ne pouvaient manquer de survenir.
    — Tu es toute seule ? Et ton mari ? Comment va-t-il ?
    Alors, plus facilement qu’elle ne l’aurait cru, Françoise se mit à tout raconter à son oncle : sa grossesse et la fausse couche, les aveux de Vincent et sa fuite, son propre départ pour Paris et jusqu’à sa rencontre avec la duchesse d’Étampes... Elle ne dit pas un mot de La Forest. Simon écouta tout avec attention, mais sans s’impliquer dans le récit ; à sa grande surprise, Françoise le découvrit presque insensible aux événements horribles dont elle lui faisait part. La seule chose, finalement, qui parut le toucher, fut la relation que sa nièce lui fit des propos de l’ancienne favorite royale.
    Dès qu’elle eut achevé, il lui prit les mains.
    — Vois-tu, mon petit, dit-il, tout cela est terrible, et pourtant rien de ce que tu m’as dit ne me surprend vraiment. C’est l’écume des choses – une écume sale et pénible, sans doute –, mais de l’écume. Rien d’autre...
    — Je veux me venger de Vincent, dit-elle. Il vient de dénoncer, cette fois, ses propres frères ! Des gens remarquables !
    — Allons, Françoise, allons... Est-ce la fille de mon frère que j’entends ainsi crier vengeance ? Est-ce la jeune personne si vive, si gaie, que j’ai connue jadis et tant aimée ?
    — La vie m’a trop meurtrie, mon oncle.
    — Abandonne cette vie d’écume et plonge, crois-moi, dans une vie plus profonde.
    Avant que ne s’installe entre eux un dialogue de sourds, elle s’enveloppa dans une couverture de renard, et avertit son oncle qu’un ami les attendait en bas.
    — Un ami ? Quel ami ?
    — Je suis venue avec La Forest, révéla Françoise, prudente.
    — La Forest ? Celui par qui sont venus tous nos malheurs ?
    — Il n’y était pour rien...
    — Avant l’irruption de ce personnage à Coisay, tout allait pour le mieux, mon enfant. C’est lui qui a dévoyé ton père, lui qui nous a fait remarquer, lui qui n’a rien fait quand nous en aurions eu tant besoin.
    Françoise baissa les yeux. Au fond, elle savait que son oncle avait raison ; seulement, elle aimait Godefroy et ne pouvait s’en défendre... Elle commençait à se demander comment sortir dignement de ce mauvais pas quand on frappa à la porte de la chambre. La voix de La Forest retentit.
    — Françoise ? Tu es là ? Tes vêtements sont secs.
    L’oncle et la nièce échangèrent un regard.
    — Je ne veux pas le revoir ! déclara Simon à voix basse.
    — Mais...
    — Dis-lui de redescendre ; je ne veux surtout pas le revoir.
    — Mon oncle...
    — Non !
    Françoise soupira.
    — Godefroy, dit-elle un peu haut. Pose les vêtements dans le couloir, et attends-moi en bas, s’il te plaît. Je te rejoins dans un moment.
    On le sentit qui hésitait derrière la porte,

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