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Madame de Montespan

Madame de Montespan

Titel: Madame de Montespan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel de Decker
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amoureux ! « Tandis qu’il ne songeait ainsi en affichant cette jolie personne qu’à donner le change au monde et à éblouir d’elle le public, le Roi s’éblouit lui-même », écrira Sainte-Beuve.
    Il s’en faudra de deux semaines pour que commence la première longue liaison officielle de Louis XIV.
    Juillet 1661 : un violent orage, des rafales de pluie. Le Roi-Soleil qui se découvre, qui pose son chapeau sur la tête de Louise (la cour qui s’étonne, Henriette qui fait grise mine !) et qui la reconduit au Palais, jusqu’à l’appartement des demoiselles d’honneur lequel, malheureusement, n’offre aucune intimité. On y entre comme dans un moulin !... Quelques soirs plus tard, le comte de Saint-Aignan, la cinquantaine, confident fidèle du jeune roi de vingt-deux ans, acceptera de prêter sa chambre... « la résistance fut courte et la victoire fut prompte ».
    Il ne se passera pas longtemps avant que Saint-Aignan ne soit nommé gouverneur de Touraine.
    Quatre enfants naîtront de ces amours. Les deux premiers, des garçons, disparaîtront en bas âge. Les deux derniers seront légitimés : une fille, Marie-Anne de Bourbon, venue au monde en 1666, nommée Mlle de Blois, qui deviendra princesse de Conti et mourra l’année de la découverte des ruines de Pompéi, c’est-à-dire en 1739 ; et un fils, né en 1667, titré duc de Vermandois, fait amiral à deux ans et enterré à seize ! On a beaucoup raconté d’histoires autour du premier accouchement de Louise de La Vallière. Il devait être gardé secret, on en a su tous les détails : un petit pavillon d’un étage, l’hôtel de Brion près du Palais-Royal, à l’endroit même où s’élève aujourd’hui la Comédie-Française ; un médecin accoucheur à la mode répondant au nom de Boucher ; les premières douleurs dans la matinée du mardi 18 décembre (1663) ; le Roi retenu à une partie de chasse ; Colbert lui-même qui veille à ce que tout se passe bien, qui a été chargé de trouver une bonne nourrice, à Saint-Leu, où l’enfant – un garçon – sera baptisé, prénommé Charles et déclaré « fils de M. de Lincour et de demoiselle de Beux ».
    Car le Roi aime mais le Roi ne veut pas de scandale. Il se montrera bien peu préoccupé de la douleur de la jeune femme à qui l’on arrachera un rejeton clandestin à peine entrevu. Il est vrai qu’à cette époque une dame de qualité se devait d’expédier sa progéniture en nourrice dans les plus brefs délais. Il eût été du dernier plébéien de s’extasier devant le poupon. Louis se montrera d’autant moins préoccupé des douleurs de la mère qu’il la priera même de paraître en public afin que cessent les ragots qui commencent à courir et laissent à entendre qu’un bâtard royal est sur le point de voir le jour. Mlle de La Vallière paraîtra donc à l’occasion de la messe de minuit célébrée en la chapelle des Quinze-Vingts. Elle était « pâle et fort changée ». Personne ne fut dupe.
    En cette même fin d’année 1663, Athénaïs accouchait elle aussi d’une fille {10}  : une petite Montespan qui, à l’instar de Charles, le premier enfant de Louise de La Vallière, n’atteindra pas l’âge adulte.
    Car l’amour régnait encore, en ce temps-là, dans l’appartement de la rue de Taranne, malgré les difficultés pécuniaires que l’on sait. Le marquis, gentilhomme qui savait être courtois, était très épris de son épouse. Il savait bien lui faire oublier ses colères de Gascon, aussi sonores que vite apaisées. Mme du Noyer dira de lui qu’il était « honnête et poli. Le meilleur seigneur qu’on puisse voir sur la terre ». Un défaut, cependant, si toutefois c’en est un : sa rancune était tenace. Mais elle ne visait pas encore sa femme puisque Athénaïs lui était, pour l’instant, demeurée fidèle.
    La fidélité : une qualité assez rare d’ailleurs, dans une société où, pour emprunter l’expression de Louville, « tant de femmes monument des moeurs à l’escarpolette » ; et Mme de Caylus ajoutera même : « A l’origine son caractère était naturellement éloigné de la galanterie et porté à la vertu. »
    À l’origine...
    Au lendemain de ses relevailles – plus paisibles que celles de La Vallière – Athénaïs, le 19 février, assiste à la prise de voile de sa soeur cadette, Marie-Madeleine, en l’abbaye de Notre-Dame-au-Bois. Anne d’Autriche, qui se ressentait déjà du mal

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