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Madame Thérèse ou Les Volontaires de 92 - Pourquoi Hunebourg ne fut pas rendu

Madame Thérèse ou Les Volontaires de 92 - Pourquoi Hunebourg ne fut pas rendu

Titel: Madame Thérèse ou Les Volontaires de 92 - Pourquoi Hunebourg ne fut pas rendu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Erckmann-Chatrian
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et vous ouvre les idées. Allons,
lève-toi… Arrive !
    Moi, voyant qu’il voulait me laver, je sautai
de mon lit, et d’un seul bond je pris mes habits et je descendis
quatre à quatre. Les éclats de rire de l’oncle remplissaient toute
la maison.
    – Ah ! tu ferais un fameux
Républicain, toi ! s’écriait-il ; le petit Jean aurait
besoin de te battre joliment la charge pour te donner du
courage.
    Mais une fois dans la cuisine, je me moquais
bien de ses railleries ! Je m’habillai auprès d’un bon feu, je
me lavai avec de l’eau tiède que me versa Lisbeth ; cela me
parut bien meilleur que d’avoir tant de courage, et je commençais à
contempler la soupière d’un œil attendri, lorsque l’oncle descendit
à son tour ; il me pinça l’oreille et dit à Lisbeth :
    – Eh bien ! eh bien ! comment
va Mme Thérèse, ce matin ? La nuit s’est bien passée,
j’espère ?
    – Entrez, répondit la vieille servante
d’un accent de bonne humeur, entrez, monsieur le docteur, quelqu’un
veut vous parler.
    L’oncle entra, je le suivis, et d’abord nous
fûmes très étonnés de ne voir personne dans la salle, et les
rideaux de l’alcôve tirés. Mais notre étonnement fut encore bien
plus grand lorsque, nous étant retournés, nous vîmes Mme Thérèse
dans son habit de cantinière, – la petite veste à boutons de
cuivre fermée jusqu’au menton, et la grosse écharpe rouge autour du
cou, – assise derrière le fourneau ; elle était comme
nous l’avions vue la première fois, seulement un peu plus pâle, et
son chapeau sur la table, de sorte que ses beaux cheveux noirs,
partagés au milieu du front, lui retombaient sur les épaules et
qu’on aurait dit un jeune homme. Elle souriait à notre étonnement,
et tenait la main posée sur la tête de Scipio assis auprès
d’elle.
    – Seigneur Dieu ! fit l’oncle.
Comment, c’est vous, madame Thérèse… ! Vous êtes
levée !
    Puis il ajouta d’un air
d’inquiétude :
    – Quelle imprudence !
    Mais elle, continuant de sourire, lui tendit
la main d’un air de reconnaissance, en le regardant de ses grands
yeux noirs avec expression, et lui répondit :
    – Ne craignez rien, monsieur le docteur,
je suis bien, très bien ; vos bonnes nouvelles d’hier m’ont
rendu la santé. Voyez vous-même ?…
    Il lui prit la main en silence et compta le
pouls d’un air rêveur ; puis son front s’éclaircit, et d’un
ton joyeux il s’écria :
    – Plus de fièvre ! Ah !
maintenant, maintenant tout va bien ! Mais il faut encore de
la prudence, encore de la prudence.
    Et se reculant, il se mit à rire comme un
enfant, regardant sa malade qui lui souriait aussi :
    – Telle je vous ai vue la première fois,
dit-il lentement, telle je vous revois, madame Thérèse. Ah !
nous avons eu du bonheur, bien du bonheur !
    – C’est vous qui m’avez sauvé la vie, monsieur
Jacob, dit-elle, les yeux pleins de larmes.
    Mais hochant la tête et levant la
main :
    – Non, fit-il, non, c’est celui qui
conserve tout et qui anime tout, c’est celui-là seul qui vous a
sauvée ; car il ne veut pas que les grandes et belles natures
périssent toutes ; il veut qu’il en reste pour donner
l’exemple aux autres. Allons, allons, qu’il en soit
remercié !
    Puis changeant de voix et de figure, il
s’écria :
    – Réjouissons-nous !…
réjouissons-nous !… Voilà ce que j’appelle un beau
jour !
    En même temps il courut à la cuisine, et comme
il ne revenait pas tout de suite, Mme Thérèse me fit signe
d’approcher ; elle me prit la tête entre ses mains et
m’embrassa, écartant mes cheveux.
    – Tu es un bon enfant, Fritzel, me
dit-elle ; tu ressembles à petit Jean.
    J’étais tout fier de ressembler à petit
Jean.
    Alors l’oncle rentra, clignant des yeux d’un
air de satisfaction intérieure.
    – Aujourd’hui, dit-il, je ne bouge pas de
chez nous ; il faut aussi de temps en temps que l’homme se
repose. Je vais seulement faire un petit tour au village, pour
avoir la conscience nette, et puis je rentre passer toute la
journée en famille, comme au bon temps où la grand-mère Lehnel
vivait encore. On a beau dire, ce sont les femmes qui font
l’intérieur d’une maison !
    Tout en parlant de la sorte, il se coiffait de
son gros bonnet et se jetait la houppelande sur l’épaule. Puis il
sortit en nous souriant.
    Mme Thérèse était devenue toute
rêveuse ; elle se leva, poussa le fauteuil près

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