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Madame Thérèse ou Les Volontaires de 92 - Pourquoi Hunebourg ne fut pas rendu

Madame Thérèse ou Les Volontaires de 92 - Pourquoi Hunebourg ne fut pas rendu

Titel: Madame Thérèse ou Les Volontaires de 92 - Pourquoi Hunebourg ne fut pas rendu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Erckmann-Chatrian
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air grave et dit avec
expression :
    – Je vois que nous sommes de plus en plus
d’accord, et que vous finirez par vous convertir aux doctrines de
la paix.
    Ayant dit cela, il versa quelques gouttes dans
mon verre, et remplit le sien et celui de Mme Thérèse jusqu’au
bord, en s’écriant :
    – À votre santé, madame
Thérèse !
    – À la vôtre et à celle de Fritzel !
dit-elle.
    Et nous bûmes ce vieux vin couleur pelure
d’oignon, qui me parut très bon.
    Nous devenions tous gais, les joues de
Mme Thérèse prenaient une légère teinte rose, annonçant le
retour de la santé ; elle souriait et disait :
    – Ce vin me ranime.
    Puis elle se mit à parler de se rendre utile à
la maison.
    – Je me sens déjà forte, disait-elle, je
puis travailler, je puis raccommoder votre vieux linge ; vous
devez en avoir, monsieur Jacob ?
    – Oh ! sans doute, sans doute,
répondit l’oncle en souriant ; Lisbeth n’a plus ses yeux de
vingt ans, elle passe des heures à faire une reprise, vous me serez
très utile, très utile. Mais nous n’en sommes pas encore là, le
repos vous est encore nécessaire.
    – Mais, dit-elle alors en me regardant
avec douceur, si je ne puis encore travailler, vous me permettrez
au moins de vous remplacer quelquefois auprès de Fritzel ;
vous n’avez pas toujours le temps de lui donner vos bonnes leçons
de français, et si vous voulez ?…
    – Ah ! pour cela, c’est différent,
s’écria l’oncle, oui, voilà ce qui s’appelle une idée excellente, à
la bonne heure. Écoute, Fritzel, à l’avenir tu prendras les leçons
de Mme Thérèse ; tu tâcheras d’en profiter, car les
bonnes occasions de s’instruire sont rares, bien rares.
    J’étais devenu tout rouge, en songeant que
Mme Thérèse avait beaucoup de temps de reste ; elle,
devinant ma pensée, me dit d’un air bon :
    – Ne crains rien, Fritzel, va, je te
laisserai du temps pour courir. Nous lirons ensemble
M. Buffon, une heure le matin seulement et une heure le soir.
Rassure-toi, mon enfant, je ne t’ennuierai pas trop.
    Elle m’avait attiré doucement et m’embrassait,
lorsque la porte s’ouvrit et que le mauser et Koffel entrèrent
gravement en habit des dimanches ; ils venaient prendre le
café avec nous. Il était facile de voir que l’oncle, en allant les
inviter le matin, leur avait parlé du courage et de la grande
renommée de Mme Thérèse dans les armées de la République, car
ils n’étaient plus du tout les mêmes. Le mauser ne conservait plus
son bonnet de martre sur la tête, il ouvrait les yeux et regardait
tout attentif, et Koffel avait mis une chemise blanche, dont le
collet lui remontait jusque par-dessus les oreilles ; il se
tenait tout droit, les mains dans les poches de sa veste, et sa
femme avait dû lui mettre un bouton pour attacher la seconde
bretelle de sa culotte, car, au lieu de pencher sur la hanche, elle
était relevée également des deux côtés ; en outre, au lieu de
ses savates percées de trous, il avait mis ses souliers des jours
de fête. Enfin tous deux avaient la mine de graves personnages
arrivant pour quelque conférence extraordinaire, et tous deux
saluèrent en se courbant d’un air digne et dirent :
    – Salut bien à la compagnie,
salut !
    – Bon, vous voilà, dit l’oncle, venez
vous asseoir.
    Puis se tournant vers la cuisine, il
s’écria :
    – Lisbeth, tu peux apporter le café.
    Au même instant, regardant par hasard du côté
des fenêtres, il vit passer le vieux Adam Schmitt, et, se levant
aussitôt, il alla frapper à la vitre, en disant :
    – Voici un vieux soldat de Frédéric,
madame Thérèse ; vous serez heureuse de faire sa
connaissance ; c’est un brave homme.
    Le père Schmitt était venu voir pourquoi
M. le docteur l’appelait, et l’oncle Jacob, ayant ouvert le
châssis, lui dit :
    – Père Adam, faites-nous donc le plaisir
de venir prendre le café avec nous ; j’ai toujours de ce vieux
cognac, vous savez ?
    – Hé ! volontiers, monsieur le
docteur, répondit Schmitt, bien volontiers.
    Puis il parut sur le seuil, la main retournée
contre l’oreille, disant :
    – Pour vous rendre mes devoirs.
    Alors le mauser, Koffel et Schmitt, debout
autour de la table d’un air embarrassé, se mirent à parler entre
eux tous bas, regardant Mme Thérèse du coin de l’œil comme
s’ils avaient eu à se communiquer des choses graves ; tandis
que Lisbeth levait la nappe et déroulait la toile

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