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Marcel Tessier racontre notre histoire

Marcel Tessier racontre notre histoire

Titel: Marcel Tessier racontre notre histoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marcel Tessier
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MARGUERITE D’YOUVILLE
    C ’est un privilège que d’avoir l’occasion de fouiller dans l’histoire et d’y découvrir des femmes et des hommes qui, grâce à leur œuvre et à leur dévouement, ont réussi à changer les choses autour d’eux pour le bien-être des leurs.
    Le tableau de ces figures historiques est étincelant dans l’histoire du Canada. Marguerite Bourgeoys, Marie de l’Incarnation et M gr de Laval y figurent, bien entendu, mais ces vénérables pionniers sont nés en sol français. Marguerite d’Youville est une enfant de la Nouvelle-France, la première Canadienne à recevoir le titre de Vénérable.
    C’est le 15 octobre 1701, à Sainte-Anne-de-Varennes, que naît Marie-Marguerite; son père est Christophe Dufrost de la Jemmerais et sa mère, Marie-Renée Gaultier de Varennes, fille de René Gaultier de Varennes, gouverneur de Trois-Rivières et la petite-fille de Pierre Boucher. Christophe Dufrost de la Jemmerais est un officier courageux qui est arrivé au pays en 1687 et dont la bravoure est mise à l’épreuve dans la guerre contre les Iroquois. Il meurt très jeune, laissant sa veuve entourée de six enfants, dont l’aînée, Marguerite, est âgée de sept ans. C’est Pierre Boucher qui devient le pourvoyeur de la famille pour lui éviter la misère.
    Marguerite est recueillie par les Ursulines de Québec, qui voient à son éducation. À l’été 1713, elle revient à la maison et s’emploie, par son travail et sa générosité, à assurer la subsistance de ses frères et sœurs. Le Montréalais François d’Youville, fils de Pierre You, sieur de La Découverte, la remarque et la demande en mariage. Elle a 21 ans.
    UN MARIAGE MALHEUREUX
    Rapidement, François d’Youville gaspille sa fortune personnelle, celle de sa mère et la dot de sa femme. Quatre de leurs six enfants meurent en bas âge. Usé par les abus, François meurt à 30 ans, laissant sa femme et ses deux fils dans la pauvreté. Mais Marguerite voit à rembourser les dettes de son époux et s’emploie à l’éducation de ses enfants. M. Normant, sulpicien et curé de Ville-Marie, remarque cette femme pieuse qui, malgré son travail acharné, trouve le temps de visiter les pauvres de l’Hôpital général. Le curé lui suggère d’en accueillir chez elle. Trois jeunes filles rencontrent Marguerite et décident de mettre leurs petites économies en commun. Elles louent une maison et s’y installent en 1738. C’est le début d’une grande œuvre. Rapidement, une opposition s’organise. Que font ces femmes au milieu d’hommes miteux? On leur lance des pierres en pleine rue, on les accuse de vendre de l’eau-de-vie et de s’enivrer. «Elles sont grises», s’écrie-t-on. C’est pour cette raison que Marguerite, fondatrice de la congrégation des sœurs de la Charité, dites «Sœurs grises», choisit pour ses sœurs une robe dont la couleur rappelle cette insulte. Les accusations viennent de partout, on attaque même leur honneur. De plus, le gouverneur Beauharnois et plusieurs prêtres unissent leurs voix à la meute. Mais à force de douceur et d’humilité, elles finissent par faire taire leurs ennemis. M. Normant continue d’appuyer Marguerite d’Youville. En 1745, le feu ravage la maison. Plusieurs témoins applaudissent: «Voyez-vous cette flamme violette? C’est l’effet de l’eau-de-vie destinée aux Sauvages qui brûle aujourd’hui.» Les sœurs louent une autre maison, mais le gouverneur la leur enlève. C’est à ce moment que Marguerite et ses amies signent l’acte de renoncement – humilité, oubli de soi et charité – qui devient la devise de la communauté.

    L’HÔPITAL GÉNÉRAL
    L’Hôpital général de Montréal a accueilli son premier malade au début de juin 1694. Il a été fondé par des laïcs qui se constituent en communauté sous le nom de frères hospitaliers de la Croix et de saint Joseph, plus souvent appelés frères Charon, du nom du principal fondateur. Mais, après 1701, aux prises avec des difficultés financières et de recrutement, les frères Charon abandonnent l’hôpital et Ville-Marie. Ils se tournent vers Marguerite d’Youville et lui offrent la direction provisoire de l’hôpital avec promesse de faire sanctionner cette nomination par le roi. Marguerite accepte, mais la réalité est que l’hôpital tombe en ruine. Depuis 10 ans, aucune réparation n’a été effectuée. Les sœurs se mettent donc à la tâche. Elles y consacrent toutes leurs

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