Marcel Tessier racontre notre histoire
redonne l’Acadie à la France. Mais elle tombe de nouveau aux mains des Anglais en 1654. Le traité de Bréda, en 1667, fait de nouveau de l’Acadie une colonie française. Puis les Anglais, en la personne du colonel Nicholson, reviennent à la charge en 1710 et reprennent l’Acadie.
En 1713, cependant, c’est terminé pour la France. En effet, le traité d’Utrecht cède définitivement le territoire de l’Acadie à l’Angleterre. La France ne conserve que l’île Royale (aujourd’hui île du Cap-Breton), sur laquelle on érige la célèbre forteresse de Louisbourg, réputée imprenable… mais qui ne résistera pas longtemps à la guerre de Sept Ans. Elle est en effet rasée par le conquérant en 1758…
UN PEUPLE DÉPORTÉ
Les Acadiens avaient accepté de ne pas prendre part au conflit entre les Français et les Anglais. Cela ne les protégera pas pour autant. En effet, à partir de 1749, les Anglais essaient de les convertir au protestantisme. Mais ils ne se laissent pas convaincre. Le conquérant, redoutant alors ces descendants de Français, veut les obliger à prêter serment d’allégeance au roi d’Angleterre. On connaît la suite.
Devant le refus des Acadiens, on ordonne leur déportation en 1755. Entre 13 000 et 18 000 personnes – hommes et femmes séparés, familles divisées – sont embarquées sur des bateaux et déportées sur les côtes de la Nouvelle-Angleterre et jusqu’en Louisiane. Cette déportation dure sept ans. Jamais, dans notre histoire, ces actes despotiques ne seront oubliés…
Des Acadiens se cachent dans les bois ou se sauvent vers la Gaspésie, les îles de la Madeleine ou ailleurs au Québec. Certains ne réussissent pas à semer les maîtres et sont faits prisonniers à Halifax ou encore condamnés aux travaux forcés. En 1664, sous condition qu’ils prêtent le serment d’allégeance, le gouvernement anglais consent à leur remettre quelques terres dans des bourgs éloignés. Après la Conquête, les Acadiens de Nouvelle-Écosse ne peuvent même pas avoir leurs écoles. Heureusement, des religieux s’occupent de l’éducation des enfants. Il leur faudra attendre 1864 pour que soit adoptée une loi, le Free School Act, qui établit l’école publique. Mais c’est une école neutre et anglophone. De 1864 à 1902, les Acadiens de la Nouvelle-Écosse essaient dans l’illégalité de propager par l’éducation leur culture française. En 1902, une commission d’enquête réclame des concessions. Les Acadiens pourront, à partir de ce moment, recevoir l’enseignement de certaines matières en français jusqu’en neuvième année. L’Université de Sainte-Anne est la seule institution d’enseignement supérieur de langue française en Nouvelle-Écosse.
25 L’INTENDANT BIGOT
D ans l’histoire de tous les peuples, on retrace des hommes et des femmes qui se sont servis de leur pouvoir ou de leur titre pour servir leurs intérêts au détriment de leur nation. Chez nous, François Bigot, le dernier intendant de la Nouvelle-France, profita avec ses amis des malheurs qui affligeaient la colonie à cette époque pour se servir à pleines mains dans ses ressources ténues. Né à Bordeaux vers 1699, Bigot était apparenté à plusieurs fonctionnaires supérieurs, dont le maréchal d’Estrées, qui fut le premier président du Conseil de la Marine, et le comte de Marville. En 1731, le ministre Maurepas le nomme commissaire de la marine à Rochefort, à la demande du comte de Marville. En 1739, Bigot arrive en Nouvelle-France à titre de commissaire ordonnateur à Louisbourg, ce qui fait de lui le subdélégué de l’intendant de la Nouvelle-France à l’île Royale. Il s’implique rapidement dans le commerce. Profitant de nombreuses relations avec les Antilles, il exploite les mines de houille et favorise la mise sur pied de la construction navale. Connaissant l’importance de la main-d’œuvre dans ces colonies lointaines, il attire les colons en grand nombre à l’île Saint-Jean. À cette époque, les fonctionnaires mal rétribués profitaient de leur situation pour accroître leur fortune personnelle. La colonie était si loin de la mère patrie que celle-ci ne pouvait exercer de contrôle sur ces situations. Bigot avait déjà mauvaise réputation. On rapporte même que ces concussions favorisèrent la révolte des soldats de Louisbourg en 1745; ce qui contribua à sa chute. Mais Bigot continua à toucher ses appointements et reçut encore des
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