Marcel Tessier racontre notre histoire
Heureusement, et cela grâce à l’intervention de Pierre Boucher auprès de Colbert, les célèbres soldats de Carignan arrivent en 1665. Parmi eux se trouve un militaire déjà reconnu pour sa bravoure; il se nomme René Gaultier. Arrivé à Trois-Rivières après s’être battu sur les champs de bataille de l’Europe, il rencontre Marie Boucher, fille de Pierre Boucher, gouverneur de Trois-Rivières, et fonde une famille. Quand Pierre Boucher décide de quitter son poste, à 45 ans, pour s’installer sur sa nouvelle seigneurie de Boucherville, René Gaultier, devenu sieur de Varennes, remplace son beau-père comme gouverneur de Trois-Rivières. Dix enfants animent bientôt la maison du gouverneur, mais c’est le septième, Pierre, né le 17 novembre 1685, qui s’illustrera sous le nom de l’un de ses oncles demeurés en France: La Vérendrye.
Pierre a quatre ans lorsque son père meurt. La famille est pauvre. En 1730, le gouverneur de la Nouvelle-France demande une pension pour aider cette veuve dont le mari a tant fait pour la colonie.
Très jeune, Pierre est friand de tout ce que l’on raconte sur les coureurs de bois, les explorateurs et les missionnaires qui s’arrêtent aux Trois-Rivières. N’oublions pas qu’à cette époque, la guerre est partout, soit contre les Iroquois, soit contre les Anglais. Les récits des exploits de D’Iberville et de La Salle envahissent sa vie. À 18 ans, il part avec des miliciens canadiens vers Deerfield, à 350 milles de Trois-Rivières, pour guerroyer contre les Anglais. Il apprend à la dure. À son retour, ayant obtenu le titre de cadet dans la milice, il part pour l’Europe et s’engage pour trois ans dans le régiment de Bretagne. La France est en guerre contre l’Angleterre et l’Autriche. Son frère Louis, déjà engagé dans le conflit, meurt sur le champ de bataille. Pierre décide de le remplacer. C’est à la bataille de Malplaquet que Pierre de La Vérendrye s’illustre. Gravement blessé sur le champ de bataille, il reçoit la commission de lieutenant. Après avoir subi huit blessures, il ne s’arrête pas. Il est frappé de plein fouet lors d’une bataille, et laissé pour mort.
Après la guerre, ayant recouvré la santé, il espère de la France qu’elle reconnaîtra ses exploits. Mais celle-ci, ruinée par la guerre, ne peut lui offrir le grade de lieutenant. Elle va même jusqu’à lui retirer le maigre salaire de cadet. Il revient en Nouvelle-France, épouse Marie-Anne Du Sable et s’installe aux rapides de La Gabelle. Il cultive sa terre en même temps qu’il fait la traite des fourrures. Rapidement, la famille compte six enfants. Il étudie la langue et les coutumes amérindiennes. Il est aussi habile chasseur. Mais les revenus se font rares. Son ami Beauharnois, gouverneur général de la Nouvelle-France, le nomme commandant des forts au lac Nipigon. Pierre part donc loin de sa famille. Son plan, bien sûr, est de s’emparer des fourrures recueillies par les Amérindiens en étant plus généreux que ses rivaux, les Anglais de la baie d’Hudson. Rapidement, il propose à Beauharnois d’établir des postes plus à l’ouest.
Par ses contacts fréquents avec les trappeurs amérindiens, il apprend d’eux que là-bas, vers l’ouest, il y a: «Des hommes à cheval, des pâturages où paissent les bisons, des rivières coulant vers l’ouest et se déversant dans une immense nappe d’eau salée…» La mer de l’Ouest.
La route vers la Chine. L’or. La Vérendrye rêve. Il veut atteindre la mer de Chine. Il a 45 ans. Il rédige un mémoire. Il s’offre à conduire une expédition. Il demande au roi de mettre une centaine d’hommes à sa disposition, mais celui-ci n’a pas d’argent. Il donne tout de même à La Vérendrye la permission de poursuivre son rêve à ses risques et périls. Bien sûr, on lui concède le monopole de la traite des fourrures mais, loin de l’enrichir, ce sera une source de haine et de jalousie. Pierre intéresse quelques marchands de Montréal à son projet. Il part avec le père Mésaiger et trois de ses fils adolescents, Jean-Baptiste, Pierre et François. Son neveu, Christophe Dufrost de la Jemmeraye, les accompagne. Une cinquantaine d’hommes de Trois-Rivières sont recrutés et, le 8 juin 1731, ils partent à la conquête de l’Ouest en canots d’écorce. Il leur faut 70 jours de canotage et de portage pour atteindre la côte nord du lac Supérieur, soit un trajet de 1000 milles.
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