Marcel Tessier racontre notre histoire
confie à Chaussegros de Léry le soin d’ériger autour de la ville une muraille fortifiée en pierre. Victor Morin nous en fait la description:
Cette muraille de 18 pieds de hauteur sur une épaisseur de 4 pieds à la base et de 3 au sommet longeait le fleuve jusqu’à l’actuelle rue McGill, tournait à angle droit jusqu’au bas de la rue Saint-Jacques, courait le long de la ruelle des Fortifications qui en a pris le nom et retournait vers le fleuve aux environs de la rue Berri jusqu’au point de départ. Il y avait 11 portes de sortie vers le fleuve et 3 sur la campagne avec bastions suivant l’art de Vauban. Cette enceinte a protégé la ville pendant plus d’un siècle mais étant devenue inutile à la suite de l’évolution des méthodes de guerre, elle a été démolie en 1822.
Victor Morin, auteur de La légende dorée de Montréal, déplore le fait que l’on n’ait rien conservé de ces fortifications mais fait cependant remarquer que dès 1801, cette muraille tombait en ruine. De cette histoire, seuls les commissaires chargés de sa démolition sont restés visibles. En effet, on leur a dédié la rue qui longe le fleuve, la rue Des Commissaires, qui s’appelle aujourd’hui rue Bellerive.
MAIS QUI EST CE CLAUDE DE RAMEZAY?
Né en 1659 à Lagesse, en Aube, ce Français arrive au Canada en 1686, accompagnant comme lieutenant de la compagnie de Troyes les troupes du marquis Denonville. Il est vite mis à contribution. Il participe d’abord à une expédition chez les Tsonnontouans. En 1690, l’armée anglaise de Phipps remonte le Saint-Laurent. Elle se dirige vers Québec. Frontenac, le gouverneur, est à Montréal lorsqu’il apprend la nouvelle. Il revient rapidement à Québec.
En route, un courrier lui annonce la gravité de la menace. Il demande donc au capitaine de Ramezay, qui l’accompagne, d’aller avertir Callières, le gouverneur de Montréal, qu’il a besoin de sa garnison. Après cette mission, Ramezay rejoint Frontenac et se distingue pendant le siège de Québec. Nommé gouverneur des Trois-Rivières, il en organise la défense avec beaucoup d’habileté et de dévouement. Aussi Frontenac lui accorde-t-il toute sa confiance. Lors de l’expédition de 1696 contre les cantons iroquois, il devient commandant de la milice canadienne. C’est en 1699 qu’il est nommé au commandement en chef des troupes de la Nouvelle-France. Le 15 mai 1704, il est nommé gouverneur de Montréal. C’est sans doute à cette époque que sa carrière militaire est entrée dans l’histoire. En 1709, en effet, les colonies anglaises d’Amérique veulent en finir avec le Canada. Le général anglais Nicholson fonce vers Montréal avec son armée, tandis que la flotte de Walker se dirige vers Québec. C’est Ramezay qui fait face à l’invasion de Nicholson. Après avoir confié l’avant-garde à De Montigny, il marche à la tête de ses 600 hommes, face à l’ennemi. L’armée de Nicholson est beaucoup plus nombreuse. Un miracle se produit. Une épidémie éclate chez les Iroquois, alliés des Anglais, et contamine l’armée. Le général anglais doit se retirer. En plus de la seigneurie de Monnoir, que lui avait octroyée Vaudreuil en 1708, il obtient la seigneurie de Ramezay en 1710.
LES DÉBOIRES DE LA FAMILLE DE RAMEZAY
Après sa mort à Québec en 1724, on constate que Ramezay était au bord de la faillite. Comment cela se peut-il, alors que ce gouverneur, propriétaire de seigneuries, qui habitait un château, exploitait à son profit d’immenses territoires. Il faut se rappeler que sa femme, Charlotte Denys de la Ronde, lui avait donné 16 enfants. Mais il est vrai aussi que le gouverneur menait une vie fastueuse. L’histoire retient cependant l’esprit de charité notoire de cette famille, qui se manifestait souvent lors des jours difficiles que les habitants de Montréal devaient vivre, comme lors de l’épidémie de 1721 et de l’incendie qui détruit l’Hôtel-Dieu et les deux tiers de la ville la même année. Par ailleurs, la femme de Ramezay décide de mettre sur pied une entreprise de briqueterie et de tuilerie. Malheureusement, elle meurt en 1742, après avoir perdu ce que son mari lui avait laissé. Plus tard, c’est l’une de leurs filles, célibataire, qui redorera le blason des Ramezay. Effectivement, Louise de Ramezay deviendra l’une des plus brillantes femmes d’affaires de la Nouvelle-France et réussira à relever les finances de la famille.
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