Marcel Tessier racontre notre histoire
fermes avaient été incendiées, surtout à Québec, dans le bas Saint-Laurent et dans la région de Sorel. Une bonne partie de l’élite française avait fui. Rapidement, des profiteurs venus d’Angleterre ou des colonies anglaises s’emparent de toutes sortes de façons des ressources commerciales.
30 JAMES MURRAY
L e premier à représenter le roi dans la colonie est Jeffrey Amherst. C’est le chef des armées anglaises de Louisbourg et de Ticonderoga. Il administre la colonie sous le régime militaire (de 1760 à 1763). Son successeur, le premier gouverneur de la colonie, James Murray, s’efforce de comprendre et d’administrer avec justice les nouveaux sujets britanniques.
Murray est un militaire, brigadier général et commandant de l’aile gauche dans l’armée de Wolfe à la bataille des plaines d’Abraham. Après la victoire anglaise, il est nommé gouverneur de la ville de Québec, sous l’autorité d’Amherst. Au départ de ce dernier, Murray est nommé gouverneur de la nouvelle colonie, le 10 août 1764. Il s’entoure de sept conseillers anglo-protestants et d’un huguenot. Son mandat est très délicat.
MURRAY S’INTERPOSE…
Murray, se rendant compte de la situation et des injustices flagrantes qu’une poignée de personnes font subir au peuple conquis, s’interpose. Il écrit au gouvernement de Londres, en 1764: «Peu, très peu suffira à contenter les nouveaux sujets, mais rien ne pourra satisfaire les fanatiques déréglés qui font le commerce, hormis l’expulsion des Canadiens, qui constituent la race la plus brave et la meilleure du globe peut-être, et qui, encouragés par quelques privilèges que les lois anglaises refusent aux catholiques romains en Angleterre, ne manqueraient pas de vaincre leur antipathie nationale à l’égard de leurs conquérants…»
Murray attaque de front «ces aventuriers de basse éducation ou vieux faillis en fuite, tous avides de faire fortune sans grand souci des moyens qui les y conduisent». Il refuse de se plier aux caprices de ces nouveaux spéculateurs. Rapidement, ces Montrealers , nouveaux arrivants qui se sont fixés à Montréal, se liguent contre lui. Ils l’accusent de prendre position en faveur du peuple conquis; de ne pas faire respecter la constitution; et surtout, de ne pas prôner la cause du protestantisme anglais.
… ET LE PAIE CHER
Ces fanatiques demandent le rappel du gouverneur. James Murray doit donc regagner l’Angleterre en 1766. Mais une fois là-bas, il va continuer de défendre la cause des Canadiens. Loyal, il adopte le même discours que dans ses lettres, et lance cette terrible condamnation: «La plupart des Anglais sont venus à la suite de l’armée, gens de peu d’éducation ou soldats licenciés… Tous ont leur fortune à faire et je crains que plusieurs ne soient guère scrupuleux quant aux moyens d’y parvenir.» Mais les mises en garde de Murray n’empêchent pas les assoiffés de la nouvelle colonie de faire leur œuvre. Londres finit par désavouer Murray. Il est remplacé par Guy Carleton.
James Murray peut être considéré comme un personnage honnête qui, voyant la situation dans la nouvelle colonie anglaise, n’hésita pas un instant à remettre les pendules à l’heure. «Je me fais gloire d’être accusé d’avoir accordé une ferme et chaleureuse protection aux sujets canadiens du roi et d’avoir fait tout ce que je pouvais pour gagner à mon royal maître les affections de ce peuple brave et vigoureux dont l’émigration, si jamais elle se produisait, serait une perte irréparable pour cet empire.»
Saviez-vous que…
La première célébration de la Saint-Patrick au Québec eut lieu à Québec le 17 mars 1765. En effet, les officiers et soldats d’origine irlandaise fixés à Québec après la Conquête ont honoré leur saint patron en ce jour. C’est aussi à Québec que le premier défilé s’ébranle, le 17 mars 1819. Enfin, le 17 mars 1834, les Irlandais fondaient la St. Patrick’s Society, à Montréal.
31 LES CANADIENS APRÈS 40 ANS DE RÉGIME ANGLAIS
E n 40 ans, il s’en est passé des choses dans l’ancienne colonie française! Après la Conquête et le traité de Paris de 1763, après avoir choisi de résister à l’appel américain, de rester sujets britanniques et de profiter de l’Acte de Québec de 1774, les Canadiens se voient imposer, en 1791, l’Acte constitutionnel. Cette loi divise la colonie en deux provinces, le Haut-Canada et le Bas-Canada,
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