Marcel Tessier racontre notre histoire
s’intéresse à la colonie d’outre-Atlantique.
LE MODE D’ADMINISTRATION
En Nouvelle-France, c’est Versailles qui mène la barque. Le gouvernement est donc centralisé à outrance. Ce qui se traduit par lenteur et stagnation. En Nouvelle-Angleterre, c’est différent. La métropole connaît déjà le parlementarisme, de sorte que ses colonies d’Amérique possèdent leur propre assemblée délibérante et pourvoient elles-mêmes à leurs besoins.
LES GUERRES CONTINUELLES DE LA FRANCE EN EUROPE
Même quand les guerres apportent la victoire, elles usent rapidement un pays, car elles mobilisent entièrement l’attention du gouvernement. De plus, elles coûtent extrêmement cher. Par suite des guerres de Louis XIV, les finances de la France sont dans un état déplorable. Sous Louis XV, les problèmes causés par le manque d’argent sont omniprésents et le roi lui-même, personnage insouciant, ne pratique aucune politique économique sérieuse.
LA SITUATION INTERNE
Dans la colonie, trois faits importants expliquent la défaite.
La personnalité de l’intendant Bigot
Voilà un personnage malfaisant, profiteur et voleur. Ce fonctionnaire cherche dans le pouvoir l’occasion de faire fortune et de s’amuser. Moyens illicites, fraudes, vols, profits illégaux sur les fournitures et le matériel de l’armée et sur la traite des fourrures; François Bigot se permet tout et n’importe quoi. Il accapare les denrées et les revend à l’État avec 150% de profit. Sous l’intendance de cette crapule, un climat de corruption règne dans toute la colonie.
La rivalité entre les chefs
Il s’agit de celle qui sévit entre le chef du gouvernement, Vaudreuil, et celui des armées, Montcalm. Elle est sans doute explicable, mais n’en sera pas moins nuisible. L’armée française est composée de soldats qui ont fait leurs preuves sur les champs de bataille d’Europe; à leurs yeux, les miliciens canadiens, qui ne connaissent guère la discipline militaire, ne valent pas grand-chose. Vaudreuil prend leur défense, ce qui travaille le grand Montcalm. Résultat: impossible pour les autorités de s’entendre sur les plans de batailles.
La famine
L’hiver 1756-1757 a réduit à néant les récoltes et c’est dans le plus grand dénuement que s’engage le combat. La famine a ruiné les forces, au sens propre comme au sens figuré.
Cette guerre marquera la fin de la colonie française d’Amérique. Les Canadiens français commenceront alors leur résistance pour conserver leur identité…
Le Régime
anglais
27 UN RAPPEL HISTORIQUE
R appelons-nous ici certains faits de notre histoire. À partir de 1608, une poignée de Français défrichent à la sueur de leur front cette terre immense qui, avant la Conquête, occupait la partie la plus importante de l’Amérique du Nord.
L’habitant canadien est loin d’inspirer la pitié comme le paysan européen. Il est propriétaire de sa terre, pour laquelle il n’a à payer au seigneur que de légères redevances. Il sait lire, écrire et compter, car à l’exception des endroits très isolés, il y a des écoles un peu partout sur le territoire. D’après les documents d’époque, 80% des adultes possèdent au moins assez de rudiments d’instruction pour pouvoir signer leur nom, ce qui n’est pas le cas en France à la même époque.
Tous de langue française à l’époque, nos ancêtres forment théoriquement une nation nouvelle, à la fois semblable et différente de la nation mère dont ils sont originaires.
Les Samuel de Champlain, Paul de Maisonneuve, Jeanne Mance, Marguerite Bourgeoys, Jean Talon comme les Frontenac, Marquette, LaSalle ou D’Iberville ont fondé et fait grandir en Amérique du Nord une société coloniale étonnamment vivante, mais surtout, quoi qu’en disent ceux qui prêchent encore le contraire, ces Français du Canada ont donné naissance à un peuple, le nôtre.
L’ANGLICISATION
Puis vient 1760… C’est le début de la descente vers l’assimilation. La Conquête et la Proclamation royale de 1763 amputent à notre pays une partie de son territoire: le Labrador, l’île d’Anticosti, les îles de la Madeleine, l’île Saint-Jean et celle du Cap-Breton, la région sud des Grands Lacs. Le reste de l’est du pays est nommé Province of Quebec .
L’ordre d’angliciser est donné: serment du Test, lois civiles et criminelles anglaises, etc. Le conquérant se prononce ouvertement pour l’assimilation. Les 65
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