Marcel Tessier racontre notre histoire
durant près d’un an. En 1765, le brigadier Bouquet force les Indiens à signer la paix, après la défaite de Edge Hill et grâce aux remontrances françaises.
DES CONSÉQUENCES MULTIPLES
Finalement, ce soulèvement n’aura avantagé personne. Et il aura coûté très cher en vies humaines. Environ 800 soldats auront été tués, plusieurs marchands massacrés, des propriétés ravagées. Plusieurs colons anglais quitteront la région, ce qui fera un tort énorme au développement. Des familles françaises fuiront vers le sud, franchiront le Missouri et iront jeter les fondements de la future ville de Saint-Louis.
Défait, Pontiac erre de tribu en tribu, toujours bien accueilli par les Français et par ses compatriotes, toujours considéré comme un héros. Il se retire finalement chez les Illinois. En 1769, il est assassiné par un membre de cette tribu, soudoyé par un marchand anglais. Les Britanniques tireront leçon de cette insurrection. Désormais, ils se montreront plus humains envers les autochtones. Attitude profitable: apprivoisés, les Indiens ne se feront pas prier pour servir fidèlement les nouveaux maîtres dans les guerres de 1775 et de 1812.
29 PREMIÈRE CONSTITUTION
N ous entendons encore aujourd’hui des politiciens clamer à tout vent, dans le but inavoué de nous faire oublier certaines malhonnêtetés politiques, que le peuple en a assez d’entendre parler de constitution, et qu’il préférerait que ses dirigeants l’entretiennent de choses pratiques! Énoncer des affirmations semblables, c’est dire que le simple citoyen est trop bête pour comprendre ses droits et ses devoirs, ou en décider. Car la constitution d’un pays représente la base de la démocratie. Elle représente l’ensemble des valeurs qui régissent la vie d’une société, qui fondent son développement. C’est son présent et son avenir.
Après la conquête de la Nouvelle-France par les Britanniques, deux documents importants vont devenir la base de notre première constitution. Ils changeront complètement la vie quotidienne de nos ancêtres.
LE TRAITÉ DE PARIS
Trois ans après la capitulation, le 10 février 1763, la France et l’Angleterre signent le traité de Paris, qui met fin à leur guerre de Sept Ans. Ce qui reste de l’Acadie, le Canada, la rive gauche du Mississippi… bref toute l’Amérique française, sauf les îles Saint-Pierre et Miquelon, passe à l’Angleterre.
Quant aux Canadiens (à cette époque, l’appellation «Canadiens» désigne les habitants de la Nouvelle-France), ils ont 18 mois pour décider de quitter le pays ou d’y demeurer.
LA PROCLAMATION ROYALE
La Proclamation royale, qui entre en vigueur le 10 août 1764, détermine les frontières: la Province of Quebec est limitée à la vallée du Saint-Laurent et on crée un territoire amérindien – ce sera tout le bassin des Grands Lacs.
On assiste à la création d’un premier gouvernement civil. Le gouverneur, nommé par le roi, est responsable de la colonie. Il peut faire des lois, imposer son veto, établir des cours de justice, lever des troupes, etc. Le conseil, nommé par le gouverneur, est composé de 12 membres, tous des Anglais. Si le gouvernement le juge opportun, il pourra établir une Assemblée élue.
Le système juridique est changé. Dorénavant, les lois civiles et criminelles anglaises remplacent les lois civiles et criminelles françaises.
La Proclamation royale impose aussi le serment du Test, par lequel un Canadien doit renier sa religion s’il désire devenir fonctionnaire. La religion catholique peut se pratiquer, mais il est devenu impossible de faire venir des prêtres de l’extérieur. M gr de Pontbriand étant décédé en 1760, il n’y a plus d’évêque pour consacrer de nouveaux prêtres. Le conquérant interdit la dîme, ce qui a pour but d’asphyxier les paroisses.
Cette première constitution vise à angliciser les Canadiens, à les exclure de tout emploi public et à limiter la pratique de leur religion. Bien sûr, on favorise et on stimule l’immigration anglaise. L’Angleterre souhaite l’assimilation du peuple canadien.
TOUTE LA VIE CHANGE…
Cette première constitution, qui établit officiellement le Régime anglais, attache les mains du peuple. En effet, la Conquête de 1760 avait fait très mal. Bien des Canadiens avaient perdu leur maison, leurs meubles et leurs outils au cours des bombardements de Québec. L’armée avait réquisitionné leur bétail, leurs
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