Marcel Tessier racontre notre histoire
époque, la voie de communication la plus achalandée et la plus habituelle reste le fleuve. Voiliers et goélettes transportent les marchandises nécessaires. Les familles habitant le long du fleuve et de ses affluents possèdent des canots, des bateaux plats ou des barques pointues. Plusieurs goélettes acceptent des passagers, mais il ne faut pas être trop pressé!
À l’automne 1809, les habitants voient arriver un nouveau mode de transport sur le fleuve. En effet, le premier bateau à vapeur construit par John Molson, l’ Accommodation, commence à circuler sur le fleuve, laissant échapper une épaisse fumée noire. Il mesure 85 pieds de long sur 16 de large et peut atteindre la vitesse de 5 milles à l’heure. Il part de Montréal à 14 h 30 le 1 er novembre 1809 et arrive à Québec à 8 h, le 4 novembre. Au retour, naviguant contre le courant, le bateau suffoque un peu plus. Pendant huit jours, il crache encore plus de fumée pour atteindre Montréal. Mais c’est un début. Pour 8$, il transporte un voyageur de Montréal à Québec ou l’inverse, nourriture et couchette fournies, et il peut prendre 20 passagers. En 1825, sept bateaux à vapeur seront en service sur le fleuve Saint-Laurent. Bientôt, les chemins de fer s’ajouteront. Le Quebec Mercury, un journal de l’époque, qui relate le premier voyage de l’ Accommodation, conclut: «L’immense avantage d’un bateau de ce genre, c’est que la durée du voyage peut être calculée avec une certaine précision, ce qui n’est absolument pas le cas pour un bateau à voiles.» Signalons enfin que les moteurs de l’ Accommodation avaient été construits aux forges du Saint-Maurice et qu’ils «développaient une force de six chevaux-vapeur».
33 LA NAISSANCE DES PARTIS POLITIQUES
A vec la Constitution de 1791, pour la première fois de notre histoire, nous pourrons élire une Chambre d’Assemblée. Mais il se passera plusieurs années avant que les parlementaires ne se regroupent à l’intérieur de partis politiques officiels.
LE PARTI TORY
Les luttes électorales et parlementaires vont réunir des élus selon les mêmes intérêts, les mêmes sympathies, les mêmes préoccupations. Les gens qui possèdent le vrai pouvoir, c’est-à-dire les membres des Conseils législatif et exécutif, les députés anglais, les fonctionnaires, les commerçants et marchands de Montréal, de Québec et de Sorel, vont rapidement comprendre que pour faire face à la majorité canadienne-française élue, il leur faudra absolument se regrouper pour défendre leurs intérêts.
Leur parti, auquel les Canadiens donnent le nom de «parti des bureaucrates», est le Parti tory. La majorité française n’étant pas familière avec la démocratie, elle met du temps à s’organiser. Au début, les Canadiens se laissent tondre. En effet, aux premières élections de 1792, ils élisent dans le Bas-Canada, c’est-à-dire au Québec, 15 députés anglais qui représentent le tiers de la députation totale. Montréal et Québec élisent trois députés anglais sur quatre, malgré une population majoritairement francophone!
LE PARTI CANADIEN
Le Parti tory, avec la force que lui donnent le pouvoir et l’argent, ne se gêne pas pour attaquer les députés francophones en les traitant de grossiers ignorants, de députés déloyaux. Il va sans dire que les Canadiens français se sentent vite bafoués au Parlement. Ils vont donc se créer un parti politique, pour se donner les moyens de se défendre et de faire front commun face au pouvoir. C’est ainsi que naîtra le Parti canadien.
Aux élections de 1808, le Parti tory est battu. Pour la première fois, les Canadiens, unis au sein d’un même parti, font élire à la Chambre 15 avocats, 14 agriculteurs et quelques seigneurs. Le clergé, pour sa part, restera à l’extérieur de la scène politique. Il sera cependant omniprésent en coulisses. Et lorsqu’un conflit se présentera, comme celui du soulèvement des Patriotes, il prendra position pour le Parti tory.
NOUVEAUX PARTIS
Après la défaite des Patriotes, le rapport Durham proposera une nouvelle constitution. Ce sera l’Acte d’Union, imposé en 1840, qui réunira le Haut et le Bas-Canada en une seule Chambre d’Assemblée. C’est à cette époque que naîtront de nouveaux partis politiques.
Dans le Bas-Canada , l’alliance entre deux chefs politiques, La Fontaine et Baldwin, permettra de leur donner la majorité au Parlement. Le nouveau parti
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