Marcel Tessier racontre notre histoire
ainsi formé est le Parti réformiste. Ses membres sont des modérés, des petits bourgeois qui se battent pour un gouvernement responsable. Ils partagent le pouvoir avec les tories (marchands et colons anglais) et les rouges, héritiers des Patriotes et anticléricaux qui dénoncent l’Union. Les tories et les modérés vont finir par s’unir pour former les bleus, avec Augustin-Norbert Morin et George-Étienne Cartier à leur tête.
Dans le Haut-Canada, les réformistes de Baldwin représentent la petite bourgeoisie. Les tories défendent les intérêts des administrateurs et des marchands. Et les clear-grits, des fermiers radicaux, s’opposent aux intérêts des villes, exigent des écoles non confessionnelles, veulent l’élection du gouverneur, sont anti-Canadiens et proposent le Rep by Pop ( representation by population ). Naturellement, ils n’avaient pas fait cette demande lorsqu’ils étaient minoritaires… Comme dans le Bas-Canada, les réformistes et les tories d’Ontario vont former ensemble le Liberal Conservative Party sous la gouverne de John A. Macdonald. Les mêmes intérêts réuniront les bleus et les Liberal Conservative, et tout ce beau monde formera la grande famille conservatrice. Les rouges deviendront pour leur part le Parti libéral.
34 LA RÉVOLUTION AMÉRICAINE
E n 1774, l’Angleterre possède 13 colonies au sud de l’Amérique du Nord britannique. Ces colonies sont devenues de plus en plus autonomes. Elles élisent des députés et font du commerce indépendamment de leur mère patrie. Mais l’Angleterre sort de la guerre de Sept Ans tellement endettée, qu’elle désire mettre à contribution ses colonies d’Amérique pour l’aider à payer ses dettes. Alors elle resserre l’étau sur le commerce de ses colonies afin d’éviter la concurrence, et surtout, elle leur impose des taxes.
AGITATION DANS LES COLONIES
ANGLO-AMÉRICAINES
Les coloniaux réagissent violemment: « No taxation without representation! » La résistance s’organise. On boycotte les produits venant d’Angleterre, des émeutes éclatent, on assiste à un massacre à Boston… Les colonies menacent l’Angleterre de se séparer et de devenir souveraines.
En 1774, entre le 5 septembre et le 26 octobre, elles se réunissent en congrès pour la première fois, à Philadelphie. À cette occasion, elles invitent clairement les Canadiens français à se joindre à elles dans cette marche vers la libération, par l’intermédiaire de représentants élus. Les Canadiens restent muets.
Les colonies américaines continuent de protester auprès de Londres qui, disent-elles, les saigne à blanc en leur imposant des taxes injustifiées. Peine perdue. On convoque donc un deuxième congrès, toujours à Philadelphie. Cette fois, on décide de prendre les grands moyens: les colonies se dotent d’une armée, sous la direction de George Washington. On lance encore une fois un appel aux Canadiens. C’est le silence.
POURQUOI CE MUTISME?
Les Canadiens sont encore sous le coup de la Conquête. Ils se sont battus durant sept ans dans une guerre qui les a ruinés et meurtris. Le conquérant anglais les a ligotés dans une constitution sévère, et le peuple ronge son frein depuis 1763.
Mais en 1774, conscient que le mouvement révolutionnaire qui bouillonne au sud pourrait bien attirer le petit peuple du nord dont il a absolument besoin s’il ne veut pas que toute l’Amérique du Nord lui échappe, le gouvernement de Londres va lui faire un cadeau extraordinaire: une nouvelle constitution. C’est l’Acte de Québec.
S’il ne donne pas un régime démocratique au peuple canadien (le gouverneur Carleton reste en place), le maître britannique va tout de même s’arranger pour plaire à ceux qui le dirigent…
D’abord, il agrandit le territoire, ajoutant la région des Grands Lacs, la rive nord de l’Ohio, Anticosti et le Labrador, ce qui permettra à la minorité anglophone du Québec de conserver économiquement sa domination sur les Canadiens français. Ensuite, il rétablit les lois civiles françaises, ce qui plaît aux seigneurs qui reprennent ainsi leurs privilèges. La religion retrouve aussi ses droits: le serment du Test est aboli, la dîme est permise et le rôle de l’évêque reconnu. Enfin, même s’il n’y a pas de Chambre d’Assemblée, les Canadiens ont accès au Conseil législatif.
Après avoir reçu ces jolis cadeaux, il devient bien difficile pour les Canadiens de répondre aux
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