Marcel Tessier racontre notre histoire
et dans ces circonstances que notre héros va faire son apparition en politique, prendre la tête des députés canadiens-français et devenir le chef incontesté de toute une nation.
LES DÉBUTS DE LOUIS-JOSEPH
Louis-Joseph Papineau naît à Montréal le 7 octobre 1786. Il est le fils de Rosalie Cherrier et de Joseph Papineau, lui-même politicien, seigneur et arpenteur bien en vue dans la société de l’époque. De 1802 à 1804, Louis-Joseph étudie au Séminaire de Québec; il apprend déjà à vivre la vie de seigneur tout jeune, puisqu’il passe ses vacances dans la seigneurie de la Petite-Nation, à Montebello, que son père vient d’acheter. Sa famille est bien installée dans la petite bourgeoisie de Montréal; en effet, son cousin Denis-Benjamin Viger y possède une étude d’avocat, et Louis-Joseph y apprend la profession.
Nous sommes en 1809. C’est l’époque où le despote James Craig est gouverneur du Bas-Canada. Louis-Joseph est élu député de Kent (Chambly) et siège en même temps que son père, député de Montréal-Est. Il a 23 ans. En 1812, la guerre anglo-américaine éclate. Les Américains tentent d’envahir le Canada. Louis-Joseph s’enrôle et obtient le grade de capitaine. À la fin de la guerre, revenant dans l’arène politique, il succède à son père comme député de Montréal-Est et, à l’ouverture de la session le 21 janvier 1815, il est élu orateur (président de la Chambre) et devient par le fait même le chef du Parti canadien. Peu après, il achète de son père la seigneurie de la Petite-Nation, ce qui fait de lui un seigneur. L’année 1818 est importante dans la vie de notre héros, car il épouse Julie Bruneau, à Québec.
LOYALISTE ET LIBÉRAL DE DOCTRINE
Dans ce temps-là, Louis-Joseph est très attaché aux institutions britanniques. Il est loyal à l’Angleterre et dévore les ouvrages des encyclopédistes et philosophes anglais. Déjà le mécontentement s’exprime. Une poignée de fonctionnaires anglais exploitent le pays. Les députés canadiens-français se groupent autour de leur chef et les combats commencent. En 1822, les Anglais veulent unir le Haut et le Bas Canada pour en faire une seule colonie et assimiler les Canadiens français. Louis-Joseph et son compagnon John Neilson se rendent à Londres pour empêcher la réalisation de ce projet qui serait fatal pour l’avenir des Canadiens français. Le projet est retiré, mais l’idée sera récupérée après 1838. En 1825, à l’ouverture de la session, Papineau est réélu président de la Chambre, et le combat reprend contre le gouverneur Dalhousie, qui, à la suite de James Craig, s’engage dans une lutte à finir contre le Parti canadien. C’est là que Louis-Joseph Papineau devient un véritable chef d’État. Son éloquence extraordinaire, sa personnalité très forte et son sens de la politique en font un dieu chez ses compatriotes. Debout face à l’oppresseur, il devient le symbole de la lutte pour la survivance. D’élection en élection, les partisans de Papineau sont de plus en plus forts. Dalhousie, se rendant sûrement compte de la situation, engage le combat directement contre le chef et l’orateur. Par la voix du juge Sewell, il refuse de reconnaître Louis-Joseph comme orateur de la Chambre et dissout le Parlement. C’est la panique dans la population. Émeutes, discours, on délègue à Londres des représentants et on obtient la tête de Dalhousie, qui est remplacé par James Kempt. Sous son administration, le calme se rétablit, mais ce n’est que partie remise. En effet, son successeur, Lord Aylmer, attaque de front Papineau et les membres de son parti qui demandent que le Conseil législatif soit élu. Les députés dénoncent aussi vivement l’emprise d’une compagnie formée à Londres pour coloniser les Cantons-de-l’Est, favorisant ainsi l’assimilation. Les journalistes Duvernay et Tracey, qui critiquent haut et fort les actions du gouverneur, sont arrêtés. En mai 1832, à l’occasion d’une élection partielle dans Montréal, une émeute éclate et trois Canadiens français sont tués par des soldats anglais. La grogne s’intensifie. Au cours de l’été de la même année, une épidémie de choléra sévit, ce qui n’aide en rien à l’établissement d’un climat favorable.
En 1834, la Chambre d’assemblée du Bas-Canada adopte les 92 Résolutions, qui consolident les revendications du parti de Papineau, et les élections consacrent le
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