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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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Je connais la hauteur de tes
principes. Tu avais ton espion personnel, toi aussi. Cet esclave, là-bas... Tu
l’as payé en jouant les maquereaux pour son compte ! Tu l’as acheté
grâce à cette femelle, cette esclave Mar-Janah.
    — Ne t’occupe pas de cela. Continue.
    Elle fit une pause pour rassembler ses esprits.
    — Je suis allée voir le ministre Ahmad, car
j’avais beaucoup à lui apprendre. Je t’avais entendu, le matin même, parler
avec l’esclave du ministre Pao, le Yi qui se fait passer pour un Han. C’était
ce matin-là que tu avais promis à l’esclave qu’il pourrait épouser sa
Mar-Janah. J’ai révélé que tu étais en ce moment même en train de dénoncer le
ministre Pao à Kubilaï. Ahmad a chargé un serviteur d’un message hâtivement
griffonné pour le ministre menacé.
    — Ah-ah, murmurai-je. Et Pao a pu s’enfuir à
temps.
    — Ensuite, Ahmad a envoyé un autre majordome
t’intercepter aussitôt que tu sortirais de chez le khakhan. Il m’a demandé
d’attendre, pendant ce temps, et c’est ce que j’ai fait. Quand tu es arrivé, je
me cachais dans ses appartements privés.
    — Et tu n’étais pas seule, l’interrompis-je.
Quelqu’un d’autre se trouvait avec toi, ce jour-là. Une femme. Qui ?
    — Une femme ? répéta en écho Buyantu comme
tombant des nues.
    Après quoi elle me lança un regard inquisiteur, depuis
l’étroite fente de ses yeux.
    — L’hommasse, tu sais très bien de qui je veux
parler. Je l’ai vue, elle a failli entrer dans la pièce alors que je
m’entretenais avec Ahmad.
    — Ah... oui... ! oui, l’hommasse, je vois.
C’est une femme, en effet, d’une carrure peu commune. Nous ne nous sommes pas
parlé. J’ai juste pensé qu’il devait s’agir de la dernière fantaisie en date du
ministre Ahmad. Peut-être es-tu au courant de ses excentricités ? Si la
personne avait un nom de femme, je ne le lui ai pas demandé. Nous nous sommes
simplement assises l’une près de l’autre, nous sommes dévisagées à la dérobée,
jusqu’à ce que tu sois parti. Pourquoi, tu aimerais bien découvrir qui elle
est ?
    — Pas forcément. Il n’est pas certain que tout
le monde à Khanbalik ait trempé dans ces plans tortueux. Allez ;
continue, Buyantu.
    — Dès que tu es sorti de chez lui, le ministre
Ahmad est revenu vers moi et m’a emmenée jusqu’à la fenêtre. Il t’a montré en
train de gravir la colline en direction du Pavillon de l’Écho et m’a demandé de
courir après toi sans me faire repérer. C’est lui qui m’a sommée de te murmurer
les mots que tu as entendus. J’ai pris plaisir à te proférer ces menaces, même
si je ne comprenais rien à ce que je disais. Parce que je te détestais. Je
te haïssais !
    Elle trembla en hurlant ces mots, féroce. Puis se mura
dans un silence farouche. Gagné par un sentiment de compassion,
j’ajoutai :
    — Et quelques minutes plus tard, tu as eu encore
plus de raisons de me haïr.
    Elle acquiesça pitoyablement, et sa gorge se serra
tandis qu’elle forçait sa voix à poursuivre :
    — J’étais en train de revenir vers ta chambre,
quand elle a été soufflée devant mes yeux, dans ce bruit terrible suivi de
flammes et de fumées. Biliktu est morte là, à cet instant. Et moi aussi, bien
que mon corps fut resté vivant. Elle avait été ma sœur, ma jumelle, et nous
nous étions toujours aimées. J’aurais ressenti une rage suffisante à ton égard
si tu m’avais seulement privée de ma sœur jumelle. Mais c’est toi qui as
fait de nous davantage que des sœurs. Tu nous as fait devenir amantes. Et
ensuite, tu as détruit ma bien-aimée. Toi !
    Le dernier mot fusa dans un jet d’écume sur ses lèvres
tremblantes. Prudemment, je gardai le silence, et il lui fallut de nouveau un long
moment avant de reprendre.
    — Je t’aurais tué avec délectation, désormais...
Mais trop de choses étaient arrivées en même temps, à trop de gens. Et puis
soudain, tu es parti. Je suis restée livrée à moi-même, aussi seule qu’on peux
l’être. L’unique personne que j’avais aimée sur cette terre était morte, et
tous croyaient que je l’avais suivie dans l’au-delà. Je n’avais plus d’emploi,
personne à qui répondre et nul foyer où quelqu’un m’attende. Je me suis sentie
intimement, profondément morte... jusqu’à la dernière fibre de mon âme. Et je
le suis encore.
    Elle retomba dans le silence, aussi continuai-je
doucement :
    — Pourtant,

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