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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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l’Arabe t’a trouvé un emploi.
    — Il savait bien que je n’étais pas dans la
chambre avec Biliktu. Il était même le seul à le savoir. Personne d’autre ne
pouvait désormais suspecter mon existence. Il m’expliqua qu’il pourrait avoir
besoin d’une créature invisible, mais il prit son temps pour mettre son plan à
exécution. Il me versa des gages, et je logeai dans une chambre retirée, dans
la ville basse. J’y suis restée assise, à ne rien faire qu’à regarder les murs.
    Elle soupira douloureusement. Semblant soudain sortir
de sa torpeur, elle demanda :
    — Combien de temps cela a-t-il duré ?
    — Longtemps, répondis-je. Cela a duré longtemps.
    — Et puis un jour il m’a envoyée chercher. Il m’a
dit que tu étais de retour, que nous devions te préparer une belle surprise de
bienvenue. Il a écrit deux mots, m’a ordonné de bien me dissimuler sous des
voiles, je devais être plus qu’invisible, et je les ai acheminés. Le premier a
été remis à ton esclave pour toi. Tu l’as vu, et tu sais qu’il n’était pas
signé. L’autre l’était, mais pas de son sceau. Celui-là, j’ai dû le transmettre
quelque temps après au capitaine des gardes du palais. Il s’agissait d’un
mandat d’arrestation au nom de la femme Mar-Janah, exigeant son transfert chez
le Caresseur.
    — Amoredèi ! m’exclamai-je,
rempli d’horreur. Mais... mais... les gardes du palais ne peuvent arrêter, ni
le Caresseur punir quelqu’un comme cela, sur un caprice ! De quoi
l’accusait-on ? Que disait le papier ? Et comment ce ladre de wali a-t-il pu le signer, s’il ne l’a pas fait de son propre nom ?
    Tout le temps que Buyantu m’avait relaté ces faits, elle
y avait mis le fiel du serpent venimeux qui prend plaisir à faire du mal. Mais
dès que j’en vins à l’interroger sur des détails, toute tension sembla
l’abandonner, et sa voix se fit atone.
    — Quand le khan quitte sa cour, le ministre Ahmad
devient vice-régent. Il a dès lors accès à tous les yin administratifs.
J’imagine qu’il peut utiliser celui de son choix pour signer n’importe quel
document. Il a pris celui de l’Armurier de la Garde du palais, Dame Chao Ku-an,
précédente propriétaire de l’esclave Mar-Janah. L’ordre d’arrestation dénonçait
l’esclave comme se faisant passer pour une femme libre alors qu’elle était en
fuite. Il ne viendrait à l’idée d’aucun garde de discuter un ordre écrit
émanant de sa hiérarchie, et le Caresseur ne pose jamais de question au sujet
de ses victimes.
    Je bredouillais toujours, consterné :
    — Mais enfin... même Dame Chao, qui n’est certes
pas un parangon de vertu, ne laisserait sans doute pas porter une fausse
accusation en son nom.
    D’un ton las, Buyantu répondit :
    — Dame Chao est morte peu après.
    — Oh, c’est vrai. J’avais oublié.
    — Elle n’a probablement jamais su qu’on avait
détourné son sceau. En tout cas, elle n’a rien fait pour arrêter le cours des
événements. Et il y a bien peu de chances qu’elle le fasse, désormais.
    — Certes ! Cas de figure idéal, pour
l’Arabe. Dis-moi, Buyantu, t’a-t-il jamais confié pourquoi il prenait tant de
peine et impliquait autant de monde – quitte au besoin à les éliminer – dans le
seul but de me nuire ?
    — Il ne m’a déclaré qu’une chose :
« l’enfer, c’est ce qui fait le plus mal », si toutefois cela peut
t’évoquer quelque chose. Il l’a répété ce soir encore lorsqu’il m’a renvoyée te
suivre jusqu’ici pour te murmurer la même menace.
    Je marmonnai entre mes dents :
    — Je pense que le temps est venu d’aller semer un
peu de cet enfer autour de moi...
    Soudain, une pensée me revint, et je m’exclamai :
    — Le temps ! Combien en reste-t-il ?
Buyantu... vite, dis-moi, quelle punition le Caresseur est-il censé infliger à
Mar-Janah pour ses prétendus crimes ?
    Toujours aussi indifférente, elle répondit :
    — Une esclave qui s’est fait passer pour une
femme libre ? Je ne sais pas exactement, mais...
    — Si ce n’est pas trop sévère, il nous reste
peut-être un petit espoir, haletai-je.
    — ... Mais le ministre Ahmad a affirmé qu’un tel
crime équivalait à une trahison vis-à-vis de l’État.
    — Mon Dieu ! grognai-je. Le châtiment pour
trahison est la Mort des Mille ! Quand a-t-elle été arrêtée ?
    — Laissez-moi réfléchir... C’était peu après le
départ de l’esclave muni du

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